Ago - 14 - 2014

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Sous prétexte de répondre à l’assassinat de trois jeunes étudiants d’écoles religieuses ultra-orthodoxes en Cisjordanie, qui a eu lieu fin juin, le gouvernement israélien a lancé encore une de ses opérations de génocide dans la bande de Gaza.

En plus de maintenir un régime permanent d’occupation, dans lequel les palestiniens n’ont aucun droit et peuvent être abusés, emprisonnés, torturés et assassinés selon la volonté des colons sionistes, Israël a créé, dans la bande de Gaza, le plus grand camp de concentration dans l’histoire. Avec la collaboration des gouvernements succesifs de l’Egypte – maintenant le nouveau dictateur, le général al Sisi- —, qui garde la porte arrière de ce camp de concentration, Israël a emprisonné à Gaza 1.800.000 palestiniens.

Cette population fait partie des descendants de la « Nakba » (en arabe, « catastrophe ») l’un des plus grands « nettoyages ethniques » de l’histoire, celui que les sionistes  ont perpétué à la création de l’Etat d’Israël en 1948. Par le biais de massacres calculés pour semer la terreur parmi les Palestiniens, les colons sionistes – soutenus et armés par l’impérialisme occidental et également par l’Union soviétique sous Staline – ont obligé les palestiniens à fuir dans des directions différentes. Ceux qui se sont dirigés vers le sud le long de la côte de la Méditerranée, ont été « piégés » dans la dite « bande de Gaza ».

Gaza est donc un des produits du « nettoyage ethnique » des Palestiniens par des colons sionistes, depuis son arrivé sous le protectorat de l’Empire britannique et qui a fait un saut qualitatif avec la proclamation de l’état d’Israël en 1948 et la guerre de 1967.

Mapa de la "limpieza étnica" del pueblo palestino. En gris oscuro, el territorio palestino. En blanco, los territorios ocupados por los colonizadores sionistas.

Mapa de la «limpieza étnica» del pueblo palestino. En gris oscuro, el territorio palestino. En blanco, los territorios ocupados por los colonizadores sionistas.

Carte du « nettoyage ethnique » du peuple palestinien. En gris foncé,  le territoire palestinien. En blanc, les territoires occupés par les colons sionistes.

Dès lors, les Palestiniens qui n’étaient pas massacrés ou expulsés de leurs terres, ont été enfermés dans différents ghettos ou bantoustans entourés de murs. Gaza n’est que le pire d’entre eux. Les autres sont situés sur la rive occidentale, sous occupation directe des troupes d’Israël. (Voir la carte) En Cisjordanie, il y a une « Autorité Palestinienne » qui est en grande partie une marionnette de Washington, qui est à son tour le grand protecteur d’Israël.

La logique d’une colonisation

Israël amène jusqu’au bout la logique des enclaves coloniales: le déplacement ou l‘extermination de la population autochtone. Ce qui détermine, également, le régime imposé par Israël, entre temps, aux Palestiniens dans les territoires qu’il domine: un système de « apartheid » raciste similaire à celui que les blancs appliquaient aux noirs en Afrique du Sud.

Comme ce fut le cas avec les noirs Sud-Africains, les Palestiniens « légalement » peuvent être déplacés de leurs terres, leurs maisons peuvent être démolies pour construire des colonies sionistes, ils peuvent être emprisonnés sans aucun procès (il y a des milliers en prison), torturés et tués impunément.

Mais l’Israël est qualitativement pire que l’Afrique du Sud blanche au siècle dernier. En Afrique du Sud, la proportion de la population et la nécessité économique d’exploiter les noirs, empêchaient  le déplacement ou l’extermination totale de la population autochtone. En revanche, en Palestine, c’est un objectif qui a toujours été implicite et qui est proclamé ouvertement par un vaste secteur des colonisateurs, représentés dans le gouvernement d’Israël par son ministre des affaires étrangères, Avigdor Lieberman. Déjà en 2009, Lieberman est devenu mondialement célèbre pour avoir proposé la « solution finale » du problème palestinien: raser avec des bombes nucléaires la bande de Gaza et  expulser vers le Jordan la population des ghettos palestiniens de Cisjordanie.

Mais cette longue histoire d’horreur a été également l’histoire de la lutte du peuple palestinien. Une lutte inégale mais héroïque et qui n’a jamais cessé. Une lutte qui a l’immense sympathie des peuples frères du Moyen-Orient et de larges secteurs dans le reste du monde.

Le raciste état d’Israël a pu, cependant, se maintenir pour des raisons diverses. Tout d’abord, parce que cette enclave colonial est en même temps le fer de lance de l’impérialisme états-unien (et à travers lui de ses partenaires européens de l’OTAN) au stratégique Moyen-Orient. Mais, en plus, ont été décisives aussi les capitulations perfides des bourgeoisies arabes et de leurs gouvernements (y compris certains qui ont posé de « nationalistes » et « progressistes »)

Tandis que d’une part les États-Unis soutiennent inconditionnellement Israël comme s’il s’agissait de leur propre territoire (en fait, on lui appelle « l’état nº51 » ), de l’autre, Washington a toujours cultivé des relations étroites avec les autocrates, les petits rois et les dictateurs qui lui garantissaient « l’ordre » dans la région, dont le première clause est le caractère sacro-saint  d’Israël et de la colonisation sioniste, y compris sa licence pour tuer tous les Palestiniens et les arabes qu’ils veulent.

La misérable hypocrisie de la  « communauté internationale » fait semblant de ne pas voir cela. Et sa voix s’élève seulement quand le peuple menacé d’extermination – dans ce cas, le peuple palestinien – fait quelque chose pour se défendre, comme maintenant avec le lancement de quelques missiles  de fabrication artisanale qui frottent á peine la peau d’Israël, qui est la principale puissance militaire dans la région et qui possède en plus des armes nucléaires.

Pour ces raisons, un des aspects les plus répugnants, autant des gouvernements et des « organisations internationales » que de la presse mondiale est de présenter cela comme un conflit entre des parties égales, lorsqu’il y a déjà des centaines de palestiniens morts et même pas un seul israélien blessé.

Le prétexte d’un nouveau massacre de palestiniens

Tel que on l’a souligné, le prétexte pour ce nouveau massacre à Gaza a été le meurtre non élucidé de trois jeunes étudiants d’écoles religieuses ultra-ortodoxes… en Cisjordanie, loin de la bande de Gaza, mais très utile comme justification.

Cependant, le début de l’opération a eu des problèmes. Un groupe de colons sionistes a décidé d’agir de leur propre chef. Ils ont enlevé à Jérusalem un jeune palestinien, Mohammed Abu Khadeir et lui ont brûlé vif.

Des incidents comme ceux-là ne sont pas une nouveauté, surtout dans les colonies de Cisjordanie. Dans ses marges subsistent des populations de palestiniens expulsés par la force de leurs terres et de leurs maisons, pour leur donner aux colons. Par conséquent, un régime de terreur est une nécessité fondamentale pour faire en sorte que les palestiniens ne réagissent pas contre leurs oppresseurs. Et cela s’exerce principalement contre les enfants et les jeunes par divers moyens, qui vont de l’emprisonnement au pur et simple assassinat. L’UNICEF même – une de ces organisations de la « communauté internationale », qui ne penseraient jamais à maltraiter le sacro-sainte état d’Israël – reconnaît que celui-ci emprisonne illégalement plus de 700 enfants par an et a tué 1 500 durant la dernière décennie… et cela sans compter  les milliers de mort de tous âges qui sont la conséquence de leurs bombardements périodiques des ghettos palestiniens, comme la bande de Gaza.

L’assassinat, de part d’un colon ou d’un soldat, d’un jeune ou d’un enfant palestinien sans aucun prétexte, est un incident ordinaire. Et, bien sûr, jamais la « justice » israélienne ne condamne quelqu’un pour ce « petit excès ». Dans le cas dont on a parlé, ce qui est insolite est que le gouvernement israélien a arrêté certains des assassins qui ont brûlé Khadeir… et un tribunal israélien menace cette fois de les juger sérieusement…

Quelle est la base ce comportement rare du gouvernement et des tribunaux d’Israël? La justification pour l’attaque sur Gaza, qui était en préparation, était de venger la mort des trois jeunes sionistes en Cisjordanie. Mais l’intervention malvenue de ces fascistes qui ont brûlé vif Mohammed Abu Khadeir lui restait « légitimité ». En outre, il a mis en lumière devant le monde entier le contexte d’oppression barbare contre les Palestiniens, où est survenu le meurtre des trois jeunes sionistes.

En outre, le martyre de Mohammed Abu Khadeir était devenu un scandale dans la presse mondiale, parce qu’un cousin de nationalité américaine était présent et il a ensuite été brutalement battu par la police.

Tout cela a fait exploser de grandes mobilisations de protestation en Cisjordanie, avec des milliers et des milliers de jeunes palestiniens à l’avant-garde, qui ont affronté héroïquement la répression.

Pour y faire face, le gouvernement d’Israël a été obligé de faire quelque chose d’inhabituel: punir le groupe sioniste qui a agi pour se propre compte, brûlant vif Mohammed Abu Khadeir.

Le recul des révoltes arabes et de l’accord entre les fractions palestiniennes

Mais ces « détails » ne doivent pas nous confondre quant aux intentions et  aux circonstances plus de fond.

Le plus important, c’est que le contexte socio-politique de la région est celui des reculs et des défaites des révoltes arabes. Le contexte est inégal, mais marqué par ces reculs.

Ainsi, en Egypte, une nouvelle dictature militaire, celle du général al – Sisi, qui essaie se consolider avec des « élections frauduleuses ». La légitime rébellion populaire démocratique, commencée en Syrie s’est noyée en sang dans une guerre entre la dictature de la famille Assad et des diverses fractions sectaires, chacune pire que l’autre. En Irak, ni la barbarie islamiste du ISIS ni le régime sectaire  chiite de Maliki ne donneront lieu à des issues progressives.

Dans ce contexte, qui est généralement défavorable pour les masses ouvrières et populaires et pour les forces politiques indépendants, la situation en Égypte est particulièrement bénéfique pour les sionistes. Al-Sisi se présente de manière démagogique comme le « nouveau Nasser ». Mais Nasser faisait face à Israël, tandis qu’Al – Sisi est un autre gardien de prison des palestiniens de Gaza, comme l’ancien dictateur Mubarak.

Un autre facteur qui a encouragé la nouvelle opération militaire d’Israël a été le récent accord entre les deux factions palestiniennes, la « Autorité Palestinienns » de la Cisjordanie et le Hamas, qui gouverne la bande de Gaza.

Cette « unité » palestinienne arrivait, en outre, à un moment diplomatiquement difficile pour Israël. Pour l’énième fois, la pantomime « des négociations de paix » entre le gouvernement israélien et la complaisante « Autorité Nationale Palestinienne » pour mettre en œuvre la « solution à deux Etats » n’ont arrivé à rien rien et ont été interrompues. Le problème est qu’Israël refuse de mettre fin à sa politique d’expulsion militaire de la population palestinienne, pour construire de nouvelles colonies de peuplement sionistes sur leurs terres.

Comment peut-on parler d’un « accord de paix » et de la création de « deux Etats », si l’un d’entre eux -Israël –  s’arroge le droit d’expulser l’autre population « manu militari » pour installer leurs colons? En plus de cela, le seule « Etat palestinien » acceptable pour Israël, serait un simple bantoustan, qui n’aurait pas de frontières avec d’autres pays. Autrement dit, un autre grand camp de concentration encerclée par l’armée sioniste. ¡Elle ne pourrait disposer même de réserves propres d’eau potable!

Pour ces raisons et pour d’autres, les « négociations de paix », qui avec de courtes interruptions sont menées depuis trois décennies, sont une farce misérable… Ce qui existe réellement n’est pas un « processus de paix », mais un processus de « nettoyage ethnique »,  de génocide étalé sur le temps. Progressivement, les palestiniens sont expulsés et remplacés par des colons sionistes.

Dans ce contexte, l’accord d’unité palestinienne entre la Cisjordanie et le Gaza a été quelque chose qui pourrait devenir très problématique pour Israël, tant nationale qu’internationalement. La division politique et territoriale des palestiniens était un atout précieux pour les sionistes.

Maintenant, la guerre contre Gaza « bombarde » également l’accord entre le Hamas et « l’autorité palestinienne » de Cisjordanie. Puisque le « gouvernement » de la Cisjordanie sous la présidence de Mahmoud Abbas – d’un asservissement extrême à Washington et aux Etats du Golfe -difficilement accompagnerait le Hamas lors d’un affrontement militaire avec Israël.

Le rejet de l’accord (par le haut) entre le Hamas et Abbas, exprime dans l’Israël une crainte des conséquences que celui-ci aurait par en bas. Les manifestations importantes et combatives protestations en Cisjordanie pour le jeune Abu Khadeir, brûlé vif par les sionistes, a fait craindre en Israël, peut-être avec raison, d’être à la veille d’une nouvelle “intifada” ; autrement dit, d’un autre soulèvement général du peuple palestinien. Se mettre sur le pied de guerre est aussi une action préventive d’une explosion en Cisjordanie.

Les derniers développements ont éclairé également certaines divisions et crises politiques dans le gouvernement sioniste. Mais les clivages ne sont pas le fruit que certains secteurs veulent changer la politique de « nettoyage ethnique » qui constitue la base  sur laquelle Israël a été érigé. La discussion est de savoir comment l’appliquer, si continuer « petit à petit » ou faire un saut dans le sens de l’extermination et le déplacement des palestiniens.

En plus, la guerre contre les palestiniens est également un moyen politique pour forcer à serrer les rangs dans le champ israélien. La société israélienne n’est pas homogène. Il y a une polarisation sociale croissante entre riches et pauvres et d’autres fissures d’importance – par exemple, entre les colons des zones occupées et la population du territoire initial d’Israël, et entre des secteurs laïcs et le fanatisme religieux de plus en plus renforcé, etc.-. La solution « classique » de ces contradictions dangereuses – qui se sont exprimés dans les manifestations de masse de 2011, qui ont explosé sous l’influence du Printemps Arabe – est évidemment d’exacerber le racisme anti-arabe, et tant mieux si cela s’accompagne d’une bonne guerre. Le racisme + la guerre, voilà le remède Nazi-fasciste aux problèmes sociaux, qui fonctionne très bien en Israël!

Mobilisation mondiale pour empêcher un autre génocide à Gaza

Comme nous l’avons déjà signalé, les plans de génocide d’Israël passent plus facilement comme résultat des moments difficiles que le « Printemps Arabe » traverse. Toutefois, cela ne veut pas dire qu’on ne peut pas lutter contre les plans sionistes.

Dans ces circonstances, il serait crucial d’entourer le peuple palestinien de la plus grande solidarité internationale. L’image d’Israël a été érodée de plus en plus sur la scène internationale, surtout en Europe et aussi dans les pays d’Amérique latine. Même aux États-Unis, qui a été son grand protecteur, Israël n’a plus un soutien unanime a ses crimes comme c’était le cas il y a quelques années.

Une forte mobilisation internationale est désormais possible et nécessaire pour empêcher que le peuple palestinien subisse un autre  bain de sang.

C’est pourquoi nous appelons à la plus grande unité d’action avec les slogans de: Arrêt des bombardements! Dehors les troupes d’Israël de Gaza! Nous exigeons aussi aux gouvernements dans tous les pays, la rupture des relations avec l’Etat génocidaire d’Israël.

Dans le même temps, nous défendons un programme socialiste révolutionnaire pour une solution de fond en Palestine. En janvier 2009, face à une attaque similaire à Gaza, nous disions:

« Nous ne sommes pas du tout face à deux parties égales. D’un côté nous avons le peuple palestinien qui lutte depuis 60 ans contre l’occupation, l’oppression et l’exploitation et d’autre part, l’état d’Israël, avec l’appui direct des Etats-Unis, et indirecte de la majeure partie du reste des pays impérialistes.

C’est pour cette raison que nous devons faire comprendre de quel côté doivent être les travailleurs dans cette lutte historique: du côté des opprimés contre les attaques militaires ou de n’importe quel ordre des oppresseurs. La vérité est que l’impérialisme exige au peuple palestinien une soumission absolue et l’acceptation et la colonisation directe de leur territoire, ainsi que l’existence de  l’État théocratique et raciste d’Israël.

À notre avis, il ne peut pas y avoir entre les socialistes révolutionnaires aucun doute sur le fait que, tant que le état raciste d’Israël continue d’exister, il n’y a aucune possibilité de « solution pacifique »: ceci pour la simple raison qu’Israël se base – depuis son origine – dans le déplacement, la colonisation et le massacre de la population palestinienne indigène.

Par conséquent, ce massacre fait ressurgir la polémique entre les courants qui se revendiquent marxistes, sur ce que devrait être le programme stratégique et les méthodes de lutte en Palestine.

D’un côté, nous avons la proposition de « coexistence de deux États en Palestine ». Comme nous l’avons déjà souligné, du fait du caractère d’état raciste et d’oppression nationale de l’état d’Israël, il a été démontré depuis des décennies que c’est complétement inviable.

En revanche, en même temps que nous nous positionnons pour la défaite de l’Etat d’Israël dans le conflit actuel, et pour la victoire des forces palestiniennes, nous soulignons qu’il a été démontré que la destruction de l’Etat d’Israël et la construction d’un État palestinien unique laïque, démocratique et socialiste dépend de la mobilisation et de lutte politique et militaire autonome des grandes masses de travailleurs dans les territoires occupés et dans les pays arabes. Une expression de cela fut l’expérience de forcer l’ouverture de la frontière avec l’Egypte depuis Gaza, qui a été accomplie grâce à l’intervention des masses de la bande elles-mêmes.

Cette perspective nous distingue non seulement du Fatah, mais aussi du  Hamas, qui en outre dans les deux cas, ne défendent pas une perspective socialiste pour les peuples exploités et opprimés de la région.

Il n’y a qu’une seule solution alternative de fond: la destruction de l’Etat d’Israël et la construction d’un État palestinien socialiste et d’une Fédération socialiste des pays du Moyen Orient.

* Non au génocide contre le peuple palestinien!

* Dehors les troupes sionistes  de Gaza!

* Pour la destruction de l’Etat raciste d’Israël!

* Pour un État palestinien démocratique, laïque, non raciste et socialiste!

Déclaration du Courant International Socialisme ou Barbarie, 15/07/2014

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