Sep - 9 - 2014

Pour les travailleurs des élections bourgeoises ne sont pas le meilleur terrain pour développer nos luttes. Cependant, au-delà des adversités, la gauche doit mener ce combat et dénoncer devant tous les travailleurs les pièges de cette démocratie pour les riches et présenter un programme de transformation sociale. Les  élections de  cette année, les premières après la rébellion de juin, sont un moment important pour que la  gauche expose son projet de société et profite d’une meilleure visibilité politique pour mettre ses candidats au service des luttes

La mort d’Eduardo Campos repose la dispute par la présidence

La mort le 13 août, d’Eduardo Campos, candidat à la présidence du PSB et son remplacement par celle qui fut sa partenaire de formule, Marina Silva a ajouté un élément inattendu dans la campagne présidentielle.

Les derniers sondages indiquent que Marina Silva est deuxième dans les intentions de vote et que, dans un second tour elle pourrait vaincre Dilma Rousseff. Marina Silva a toujours eu une plus large des portée électorale que Campos, elle avait été proposé comme candidat pour la vice-présidence, parce que son parti, (Rede Sustentabilidade) n’a pas obtenu la légalité pour se présenter aux élections. Le calcul a été qu’elle puisse transférer « ses votes» vers Campos, mais ce n’est pas arrivé, les intentions de vote de Campos n’atteignaient pas les deux chiffres et rien n’indiquait que cela pourrait changer.

Campos, contrairement à ce que la presse dit après sa mort, était loin de signifier une  véritable alternative à la polarisation électorale entre le PT et le PSDB que s’est installée depuis des décennies. Le PSB, qui est arrivé à construire une image du parti démocratique en raison de son histoire de  résistance contre la dictature militaire, a toujours été un parti des classes dirigeantes qui s’est préoccupé de défendre les intérêts des oligarchies régionales, comme expression politique est très loin d’être un canal d’expression des aspirations des masses ouvrières. La soi-disant « troisième option » contre la polarisation entre le PT et le PSDB n’a pas réussi à convaincre les électeurs dans les grandes villes qui cherchent des changements. Le mécontentement avec la situation politique et sociale n’a pas pu trouver un canal d’expression dans un représentant classique des oligarchies. Celui-ci n’a pas pu compenser  son origine politique et ses relations avec les oligarchies rurales du nord-est, les alliances politiques avec le plus corrompu de la politique, et son indéniable néolibéralisme. Mais avec Marina à la tête de la formule la situation a changé. Elle ocupe actuellement la deuxième place dans les sondages avec le 21% des votes, et la projection vers le deuxième lui donne le 47% contre Dilma qui reste derrière avec le 43%.

Sa figure est loin de représenter une véritable « troisième voie » au PT et au PSDB, comme les médias veulent faire croire. Et contrairement à ce qui pense une partie importante de la population ouvrière et de la jeunesse, si Marine est élue il y n’aura aucun changement dans la structure politique nationale. Cette candidate, lorsqu’elle a rompu avec le PT dans le second mandat de Lula, elle l’a fait pour des questions spécifiques, sa rupture n’était pas par la gauche. Pendant sa gestion du portefeuille de l’environnement a été approuvé le projet qui permet l’utilisation privée des forêts, ce qui a conduit à l’expulsion des peuples indigènes, à leur privatisation, en les plaçant directement dans au service du profit capitaliste. Le même point de vue a été défendu avec la politique sur les cultures transgéniques, qui a également été adoptée pendant la gestion de Marina au ministère de l’environnement.

En outre, Marina est loin d’avoir des positions «progressistes» sur d’autres questions. En économie, elle défend la célèbre « trinome macroéconomique», basée sur le strict contrôle de l’inflation, le régime de change flottant et l’excédent primaire. Autrement dit, les règles économiques qui ont servi à maintenir les taux de profits des capitalistes  élevées tandis que la majorité des travailleurs sont soumis aux plus atroces conditions de vie et d’exploitation.

Fait aussi partie de son « mystique » apparaître face à la jeunesse comme une figure qui apporterait de l’air frais à la politique nationale, comme plus représentative des opprimés, et éthique face aux « affaires publiques ». Rien de plus trompeur, il n’y a aucune trace dans ses propositions sur le fait de réaliser des changements structurels dans la façon de faire de la politique. Il est loin  des intentions de Marina de rompre avec la représentation politique pourrie actuelle, et aucun changement n’est proposé pour que les masses  participent de manière directe aux décisions  politiques.

Sur les questions de genre et la diversité sexuelle elle garde le même conservatisme. La candidate évangélique s’oppose au mariage pour tous, car « son » mariage est une union « faite par Dieu entre un homme et une femme ». C’est pourquoi elle a défendu le député Marcos Feliciano, quand il a été attaqué pour avoir défendu le « traitement pour les homosexuels »[1], elle a dit dans ce débat que le mouvement LGBT avait été « trop dur » contre le pasteur-député.

Elle ne défend pas non plus le droit des femmes à avoir une attention médicale, juridique et gratuite s’ils optent pour l’interruption volontaire de grossesse. C’est-à-dire, que comme les autres candidats patronales  elle propose de conserver intacte la loi actuelle contre l’avortement, responsable de la mort de milliers de femmes chaque année au Brésil.

Comme on peut le voir par son histoire et son programme d’alliances politiques, Marina ne répresente pas une alternative pour les travailleurs et les jeunes. Il s’agit d’une candidate que, malgré avoir origines populaires, a perdu il y a des années son origine social et politique. La décision de maintenir le statu quo actuel est claire lorsque un principe central du discours de la campagne est qu’il faut « rassembler le Brésil » pour résoudre les problèmes. Comme nous le savons toute alternative conservatrice a comme partie intégrante de son idéologie la défense de l’union nationale, (en ignorant les intérêts antagoniques entre classes), comme solution à la crise, c’est-à-dire une opération classique qui cherche amener les jeunes et les travailleurs à des projets opposés à leurs intérêts.

Le PSTU et PSOL sont responsables de la dispersion de la gauche

Avec l’érosion du gouvernement et des alternatives bourgeoises un large champ de dispute politique au sein de la gauche révolutionnaire s’est ouvert. Mais la gauche, en n’ayant pas formé une liste  commune au niveau national a de grandes difficultés pour parler avec les travailleurs qui, après trois décennies de démocratie bourgeoise au Brésil sont à la recherche d’alternatives. Par un mélange d’opportunisme et de sectarisme, nous perdons du terrain face à la « troisième voie »bourgeoise. Pour cette raison, nous pensons que c’était une erreur de ne pas constituer une liste nationale avec l’ensemble de la  gauche, à un moment d’un plus grand espace politique, qui pourrait non seulement  apporter de résultats électoraux, mais aussi des progrès structurels et de l’insertion politique parmi des secteurs plus grands de la classe ouvrière. On a perdu ainsi la capacité d’avancer dans la discussion de constituer un parti révolutionnaire qui dépasse la diaspora du marxisme. Même avec le poids qui ont les courants opportunistes au sein du P-SOL, comme l’APS, si le PSTU aurait fait un appel à toutes les organisations et les militants à s’engager dans un processus de formation d’un front de gauche avec un programme socialiste et indépendant du gouvernement et de la bourgeoisie, en faisant une campagne ciblée sur les luttes sociales, nous aurions pu gagner ces secteurs et former un front commun entre le PSOL et le PSTU.

Le front de gauche ne s’est pas concrétisé et cet échec est dû à la position opportuniste du PSTU  qui a privilégié son auto construction avec la candidature de Zé Maria, ne donnant  pas une bataille pour la formation d’un front de gauche. D’autre part, les courants de gauche du PSOL n’ont pas non plus défendu un processus d’unification parce qu’ils s’adaptent à la structure bureaucratique d’un petit parti parlementaire. Ainsi, la gauche n’a pas réussi à créer une articulation politique qui l’unifiasse dans cette élection -la première après la rébellion de mai 2013-, permettant la création d’une alternative révolutionnaire qui dialogue avec les secteurs de la classe ouvrière et la jeunesse qui est en train de rompre avec le PT. Autrement dit, on a raté l’occasion d’ouvrir débat sur une alternative révolutionnaire socialiste avec le plus grand nombre possible de travailleurs et de jeunes radicalisés, à cette époque de crise de la représentativité des institutions politiques bourgeoises, d’une plus grande politisation et radicalisation des luttes.

Nous appelons de façon critique à voter pour Zé Maria, et pour les autres candidats de classe  et indépendants.

Malheureusement, nous n’avons pas une alternative nationale unifiée de la  gauche socialiste, mais en dépit de cela, il est nécessaire d’avoir un positionnement électoral.

Le programme électoral du PSTU est une liste de slogans qui n’ont pas une hiérarchie politique claire. Dans le cas de la situation politique actuelle, nous avons une nécessité impérieuse : la défense des travailleurs qui sont en grève, comme à l’Université de Sao Paulo, par exemple. En revanche, le programme ne touche même pas l’encore initial, mais transcendant processus de radicalisation de la lutte des travailleurs à partir  des phénomènes comme la grève des  « garis » de Rio de Janeiro et d’autres expressions de débordement des appareils syndicaux bureaucratiques. Le PSTU  n’a pas eu aucune sensibilité par rapport à ces processus, il semble croire que l’appareil de Conlutas tout seul  peut  garantir que  les nouvelles expressions de lutte qui se déroulent en dehors de la bureaucratie gouvernementale lui rejoignent de façon naturelle, c’est-à-dire sans changer sa pratique politique.

Le PSTU  est une organisation de travailleurs. Cependant, il entraîne une série de problèmes politiques que nous devons discuter, mais nous pensons qu’appeler au vote nul et contre une organisation et  candidature ouvrière, malgré le fait que celle-ci soit centriste, est une erreur à ce moment, et qu’il apporterait de l’eau au moulin de la position conservatrice  antipartis qui est incorporé dans certains secteurs de la jeunesse. Il signifie effectivement nourrir une conception antipolitique qui se déguise comme une opposition radicale. Donc nous considérons  incorrectes les positions des courants, tels que le LER-QI et le MNN, qui ne se sont pas clairement positionnés ou qui appellent au vote nul, respectivement, ce qui signifie capituler à la dépolitisation de ces secteurs qui commencent à entrer dans la scène politique. A partir de cet ensemble de considérations, dans ces élections nous appelons au vote critique à la candidature de Zé Maria et des listes nationales qui défendent une programme de rupture avec le capital, l’ indépendance politique et économique et qui sont prêtes à être côte à côte avec les travailleurs et la jeunesse dans les luttes en cours.

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[1] En 2013, le Parlement brésilien a failli approuver un projet de loi autorisant les « traitements psychologiques » pour « guérir » l’homosexualité ; le projet a été retiré face aux protestations qu’il a suscité.

Par Courant Praxis, Brésil, http://http://praxisbr.blogspot.com.br/, 27/08/2014

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