Oct - 1 - 2014

“Des déviations comme le sustituisme des camarades, le cretinisme purement légal, l’idée selon laquelle seulement à travers des actions légales et politiques on pourrait gagner la lutte, sont une unilatéralité qui peut nous faire perdre les luttes sans les mener jusqu’au bout, sans exploiter toutes les possibilités de la lutte”

Il y a une semaine la Liste Verte du SMATA a destitué dans une assemblée truquée les délégués combatifs de Lear. Après presque trois mois de lutte où l’on a mené l’une des luttes les plus dures de l’actualité avec la lutte de Gestamp, aussi dans le syndicat mécanique[1]. Ce n’est pas seulement la destitution des délégués: 200 familles sont aujourd’hui dans la rue, dont les 50 compagnes qui restaient encore au camp devant l’usine[2] en luttant par leur réintégration. Une étape de la lutte s’est fermée et une autre s’ouvre: la campagne pour la réintégration des camarades et pour l’annulation de l’assemblée truquée par le syndicat.

Mais, au même temps, une autre tâche s’impose, si important que la précédente: faire, de manière implacable, le bilan de cette lutte et ses enseignements pour qu’ils servent à la formation stratégique de la nouvelle génération ouvrière et de gauche. Nous ne cacherons pas que nous mettons en question globalement  la conduction du conflit de part du PTS, le parti hégémonique à parmi les délégués. Notre parti a fait un contrepoint permanent pendant tout le conflit, en insistant qu’il est impossible de gagner seulement de l’extérieur,  que c’était du pur factionnalisme de ne pas prendre en compte les enseignements de Gestamp. Lamentablement, nous avons eu raison. Ensuite, alors, nos premiers éléments de bilan de cette lutte historique.

On n’est pas allé jusqu’au bout  

Au début de toute l’évaluation il est nécessaire de souligner l’erreur de caractérisation avec lequel le PTS a dirigé le conflit, et qu’il a transmise à l’ensemble de travailleurs. Jamais il n’a compris que le conflit n’était pas seulement économique, mais aussi politique, qu’on n’était pas en face de simples « chômage technique », que la patronal, la Vert, et le gouvernement voulaient se débarrasser de l’activisme et des délégués. Cette incompréhension est le résultat – entre d’autres raisons- de la lecture unilatérale qu’ils ont fait des enseignements de Gestamp qui avait exprimé ces mêmes traits quelques semaines avant. De là que le PTS ait préparé les travailleurs avec la fausse idée que la loi était  « de notre côté », ou que  « le chômage technique il n’y a pas besoin de lutter »; en définitive, qu’il n’ait pas préparé les travailleurs pour la vraie guerre qui s’approchait.

Un élément central ici était lié, nous insistons, avec une vision détournée, interniste et, même, fractionnelle concernant le conflit de Gestamp.  Ils n’ont jamais compris que ces deux conflits faisaient partie d’un même processus, d’une même politique du gouvernement, du patronat et du syndicat, pour profiter de la récession pour passer à l’offensive avec une stratégie pour expulser l’activisme et l’interne.

Le PTS a soutenu que dans Gestamp « on s’est trompé sur tout »; ils ont utilisé l’expérience historique de l’occupation du pont roulant comme un décalogue de ce qu’il « ne fallait pas faire ». Et, en outre, il a insisté sur la définition totalement erronée de que  «  les luttes se gagnent de l’extérieur ». C’était non seulement erronée de bout en bout, mais il ne pouvait qu’être au service des  « des éduquer » les camarades, les travailleurs, à une classe ouvrière qui instinctivement a tendance à penser le contraire : que les combats se gagnent, avant tout, de l’intérieur, et que toutes les autres tâches importants, comme la campagne à l’extérieur, sont  centrales mais auxiliaires par rapport à la tâche centrale qui est que les travailleurs creusent leur tranchée, avec les mesures qu’il soit, à l’intérieur de l’usine.

Même la patronale a des choses à nous apprendre à cet égard. Si l’entreprise pensât que c’est sans importance que les travailleurs soient forts à l’intérieur, si elle méprisait la valeur qui a le contrôle du lieu de travail, le monopole de leur propriété privée,  pourquoi craint-elle plus que toute l’occupation de l’usine, pourquoi a-t-elle décrétée à plusieurs reprises le lock-out, pour faire sortir les travailleurs à l’extérieur de l’usine ? Cette question n’a aucune réponse dans l’univers particulier du PTS, où la logique de mini appareil autoproclamatoire prévaut avant tout, même au-dessus des lois de la lutte des classes.

Parce que c’est le b.a.-ba de la lutte ouvrière que les travailleurs, dans ce genre de conflits durs et isolés, doivent essayer de devenir forts, tout d’abord, au sein de l’usine. Et quand ce n’est pas possible, ça doit être parce que c’est le résultat de la lutte, un fait de la réalité, mais pas notre politique. Qui peut croire une chose pareille ? Combien de pédanterie est nécessaire pour l’affirmation que « on gagnera cette lutte de l’extérieur » ? Quelle direction auto-proclamatrice peut convaincre la base de son parti que cela pouvait en être ainsi ?

Dans une note précédente nous que dans les conflits se combinent trois domaines: le domaine légal, le domaine politique général et celui des actions de lutte. Mais nous insistions que même si ces trois plans étaient extrêmement importants et admettaient toutes sortes d’inégalités et de combinaisons, en fonction de la situation générale, il est clair que quand il s’agit de combats qui se durcissent de plus en plus, où l’offensive est importante, la première mesure et la plus importante est que les travailleurs doivent être fortes au sein de l’usine, en arrivant même, s’il n’y a pas d’alternative, comme un dernier recours, à l’occupation. C’est ce qui ont fait les compagnons de Gestamp, qui ont mené la lutte jusqu’au bout et qui en sont fiers de cela. Est notre parti est aussi fier, parce qu’il considère qu’il a aidé à poser un jalon dans l’éducation stratégique de notre classe avec l’action héroïque du pont roulant !

Le premier et principal problème de la lutte de Lear est que on n’est pas allé jusqu’au bout : les compagnons ne se sont jamais posé la question d’entrer dans l’usine. Voici un autre exemple de comment le patronat et la bureaucratie syndicale ont une peur mortelle de cela. Ils ont cherché tous les subterfuges pour exclure les délégués de l’usine. Bien sûr, ce n’était pas légal. Mais l’illégalité ne leur posait pas de problèmes ; ils ont grâce à cela gagné du temps et ont laissé la base de l’usine à la merci de la bureaucratie, qui au moyen d’un travail subtil et systématique a orienté la base vers ses positions conservatrices

L’interne aurait pu  rentrer dans l’usine alors qu’il était encore possible. Mais,  le PTS n’a jamais bataillé pour cette perspective. Et il ne pouvait pas le faire puisque le centre de sa politique était que « il ne fallait pas faire comme à Gestamp »; il s’est consacré à convaincre l’activisme de la banlieue Nord, pas dans les enseignements que ce combat historique avait laissé, mais dans l’idée que ce qui était correcte c’était de faire « tout le contraire » de ce qui avait été fait à Gestamp…

Le PTS a travaillé pour désarmer stratégiquement l’activisme par rapport à cette lutte historique ; il a désarmé les compagnons de Lear. Et maintenant nous avons à regretter les résultats de cette politique, au-delà du fait qu’évidemment, la responsabilité de l’issue de la lutte n’est pas dans erreurs du PTS, mais dans la bureaucratie perfide qui a travaillé jour et nuit pour la briser.

« Avec la loi dans la  main »

Autre mauvais enseignement du  PTS, presque congénitale, qui en ce cas a eu  un coût sidéral, est son invétéré légalisme. Plusieurs fois cette organisation semble vivre sur une autre planète, dans le monde « fétiche » du droit du travail, qui, comme tout droit est un dédoublement  ou une reproduction idéale, déformée, du  monde réel.

Le PTS semble croire profondément en ce qui  dit le Ministère du Travail  et dans le droit du travail. .En  Lear aussi s’est manifesté cette conception erronée. L’expérience dans  Gestamp a été  que le gouvernement et le patronat  se sont rétractés de la procédure de conciliation obligatoire quelques jours seulement après l’avoir signée.

Bien sûr que notre parti a  eu beaucoup de doutes sur la  conciliation signé lorsque les camardes  sont descendus du pont roulant. Mais il n’y   avait aucune autre solution : ils ne pouvaient pas tenir ni  une heure de plus là-haut. Il a été correct de le signer et le  PTS au principe  a douté  seulement parce que c’était  notre parti qui dirigeait  le conflit.

En outre, nous avons souligné  déjà mille fois que ce serait idiot d’ignorer  le droit du travail et combien il est ancré dans les relations ouvrier-patronat. . Un courant qui cherchasse à diriger  un conflit ou  à être à la tête  d’une section syndicale et qui se comporte de manière  puérile  à cet égard commettrait  le  plus criminel  des erreurs gauchistes ; il serait un courant petit-bourgeois et n’aurait pas le droit de diriger des travailleurs.

Mais quelque chose de très différent, c’est ce qui se passe avec le PTS, qui passe habituellement de l’autre côté. Il n’éduque pas dans la méfiance en la loi, ce qui n’empêche pas d’utiliser la légalité selon nos intérêts lorsque cela est possible. Il serait criminel de ne pas faire ainsi, ce serait de ne  pas profiter de chaque possibilité  pour gagner. Mais le  PTS   prêche presque la confiance dans la  loi.

Le PTS a fait partie du « spectacle du Ministère de travail » sans aucune position critique. Cela s’est terminé par une défaite «avec la loi dans la  main» pour ainsi dire. Pas comme dans Gestamp, où les autorités  ont dû contourner leur  propre  loi, en contribuant ainsi à créer un sentiment de méfiance envers une institution comme  la conciliation obligatoire.

De manière symptomatique, le Ministère du Travail a fait entrer les délégués dans Lear lorsqu’ils avaient déjà perdu la base. Une manœuvre pour que la bureaucratie syndicale les humilie  dans l’assemblée  truquée, forcée.

Mais ainsi le Ministère a pu  dire que « il a fait tout ce qu’ils devaient légalement que faire » ; c’est pourquoi, en quelque sorte, ils furent vaincus avec  la loi dans la  main, ce qui est terrible, parce que ce qui reste intact est la légalité, alors qu’il faudrait au contraire progresser dans son nécessaire remise en question.

Ce légalisme fait partie  d’un problème plus général sur lequel nous reviendrons : l’approche strictement revendicative des conflits par le PTS, son aveuglement lorsqu’il s’agit de comprendre que ceux-ci sont, ou devraient être aussi, des écoles de la lutte des classes dans le sens politique, dans lesquelles l’avant-garde ouvrière  progresse dans la compréhension des relations réelles. Il a une incompréhension absolue de la phrase de Rosa Luxemburg selon laquelle le  plus important des luttes qui n’est pas seulement leur bilan  économique, mais ce qui reste  en matière  de conscience et d’organisation. Quelque chose qui, sans être déséquilibrés  (c’est-à-dire,  sans sous-estimer l’importance du résultat économique des luttes, ce qui serait évidemment criminel), c’est l’un des traits qui préoccupe énormément à  notre parti lorsqu’il s’agit des luttes.

Le légalisme du PTS  a été encore un des facteurs de la défaite dans la lutte de  Lear. Parce que l’autonomie relative du droit par rapport aux  relations réelles, bien qu’elle peut  ouvrir des possibilités pour  la lutte, elle peut également fonctionner comme « duplication illusoire » des relations réelles, en créant des faux espoirs, séparées des rapports des forces  matériels  qui sont, en fin de compte, ceux qui décident des choses.

Le Ministère a fait  entrer aux  les lorsque les faits étaient accomplis, lorsque la bureaucratie syndicale   avait pris le contrôle de la base, lorsque la base était  terrifiée après quinze jours de lock-out et la menace du patronat  de « partir à l’étranger ». Donc,  la manœuvre légale a été effectuée sur cette base matérielle. Ainsi, après de l’annonce de « triomphe » après « triomphe », le patronat, la bureaucratie et le gouvernement ont  imposé, « légalement », une très dure défaite.

L’occupation comme un dernier recours

Un troisième problème dans la forme dans laquelle le PTS a mené le combat a été de perdre, de façon irrémédiable, la base de l’usine. C’est particulièrement grave, parce qu’au début de la lutte Lear était une « zone libérée »: une expérience qui avait mûri pendant des années, avec des délégués indépendants et antibureaucratiques, où la base de l’usine était dirigée très majoritairement par ces délégués. C’est-à-dire des conditions très différentes à celles de Gestamp, où les conditions au début de la lutte étaient beaucoup plus difficiles.

Quelle a été la dynamique de la lutte ? La bureaucratie syndicale et le patronat ont travaillé pour « voler » aux délégués la base de l’usine. L’élément objectif pour cela a été la faible conscience des compagnons, l’idée que « il faut garder nos postes », que les gens licenciés « ont dû faire quelque chose », qu’ils sont « tous des gauchistes » et que « les gauchistes mettent en danger ton poste »

Mais le problème c’est que le PTS, qui nous avait critiqué férocement en Gestamp parce qu’on se prenait la tête à voir comment récupérer la base, ne semblait avoir aucune stratégie à cet égard. Ici, il y a un problème lié à une lecture unilatéral de la stratégie des blocages de l’extérieur.

Il est vrai qu’ils se sont révélés efficaces, dans une certaine mesure, au moment de la lutte. L’entreprise, si elle a des urgences économiques, pourrait être encline à céder aux blocages. Mais les blocages indéfinis lorsqu’il y a des travailleurs qui produisent à l’intérieur, quand ils ne font pas partie d’une stratégie d’essayer de rentrer dans l’usine, peuvent facilement se transformer en son contraire. Vous finissez par perdre à la base qui travaille toujours, qui ne se sent pas partie de cette action de lutte, mais exclue  de celle-ci.

C’est là qui apparaît la question de l’occupation de l’usine. Le PTS a une véritable « théorisation » contre les occupations. Cela s’appuie sur un élément de vérité : pour les nouvelles générations, non radicalisées encore et avec autant de poids du légalisme, l’occupation est encore presque la limite de leurs méthodes habituelles de lutte. Il est également vrai que, en général, les révolutionnaires n’inventent rien, mais que les nouvelles méthodes et organismes sont le produit de la lutte elle-même des travailleurs, du processus que nous pourrions appeler (par rapport à nous), « objectif ». Il est bien connu que les soviets étaient la création de travailleurs russes, pas une invention de Lénine et Trotski, qui n’ont fait que généraliser ses enseignements.

Cependant, Trotski a également insisté sur le fait que les révolutionnaires devons défendre ce dont les travailleurs ont besoin, ce qui la réalité impose, ce qui devient un féroce besoin pour ne pas être vaincus. Et lorsque les conditions sont extrêmes, quand il n’y a aucune autre possible, quand il faut aller jusqu’au bout, occupation devient une tâche essentielle. Et il ne s’agit pas de jouer au « gauchisme », d’être le courant le plus « combatif » ou quelque chose comme ça, mais de répondre aux besoins que la lutte des classes impose, la tâche stratégique de faire des progrès dans la récupération des méthodes historiques de lutte des travailleurs. Cela fait partie d’une lutte qui sera de plus en plus dure au fur et à mesure que la gauche avance au sein du prolétariat, comme le craint la bourgeoisie actuellement.

 Mais le PTS ne semble pas comprendre cela. L’interne de Kraft lui est tombé dans les bras et de là il a tiré la conclusion que « il ne faut jamais occuper » ; quelque chose de ridicule pour un courant révolutionnaire. Il s’agit d’un débat que nous avons eu depuis 2009, ce n’est pas quelque chose d’aujourd’hui. Il est vrai que l’occupation de Kraft était minoritaire. Que nous devions travailler pour la massifier. Qui faire appel à cette ressource de manière extemporanée peut servir aux courants opportunistes (comme le cas du PCR dans la Ford dans les années 1980) pour cacher leur politique. Mais c’est une toute autre chose absurde et extrêmement opportuniste d’avoir presque la théorie selon laquelle les occupations d’usine ne devraient jamais être menées.

La conscience des travailleurs, ce n’est pas important

C’est là qui rentrent en scène les problèmes de l’économisme du PTS, peut-être son plus grave déficit : ne jamais donner les batailles dans la base. On nous demandera : pourquoi vous parlez de syndicalisme  si on a fait une énorme campagne politique à l’extérieur ? En effet, et cela a été très bien, la campagne a eu un impact et a installé le conflit à l’échelle nationale. Nous félicitons les compagnons du PTS dans ce plan.

Mais cela a été fait de  manière sustituiste par rapport à la base et l’activisme, extérieurement, grâce au mini-appareil du parti, jamais à partir d’une lutte politique pour faire que ce soient les travailleurs eux-mêmes qui soient à la tête de ceci. Le PTS rêve qu’il dirige des « travailleurs révolutionnaires » qui font de « gros manœuvres » comme celle de la Panaméricaine dans la grève générale du 10 Avril, mais il perd de vue un élément central : la maturation politique des travailleurs.

 Car ce que le PTS croit  se produira « objectivement » est lu par la base d’une autre manière. Voici un malentendu fondamental : il n’y a pas encore un véritable processus de radicalisation. Il y a une diffuse sympathie pour la gauche, il y a un profond sentiment antibureaucratique, des grandes secteurs veulent se battre. Mais la réalité est que la conscience moyenne de notre classe reste économiste ; la nature vindicative de ses aspirations est le contenu réel de sa conscience politique. C’est pourquoi tant de groupes de la gauche ont fini dans des échecs, en pensant voir quelque chose qui n’existe encore ou qui est juste en train de mûrir et qui est une question très compliquée : le progrès dans la conscience politique de notre classe.

Mais voilà le rôle des révolutionnaires. C’est quelque chose qui est en train de mûrir, mais que les révolutionnaires doivent aider à développer. Mais si nous approchons les luttes de manière purement économiste, si nous cédons à tous les préjugés de la base, si nous ne donnons aucune bataille, si nous capitulons devant l’économisme et le légalisme, si nous remplaçons les travailleurs en ce qui concerne la lutte au lieu de les mettre devant, comme protagonistes des actions, si nous voulons construire nos organisations en dehors de l’expérience réelle de notre propre classe, on finit dans le typique économisme auquel  vient s’ajouter le mini appareil du parti de l’extérieur.

C’est aussi un enseignement dramatique de Lear. Parce que dans le cas de Gestamp, personne ne pouvait douter que les protagonistes de la lutte étaient les travailleurs eux-mêmes (les 9 travailleurs dont a parlé Cristina!). Mais dans Lear, la chose n’est pas aussi claire. Oui, c’est une lutte contre les licenciements. Mais ses protagonistes étaient souvent diffus et ont perdu aussi ce rôle de protagonistes parce qu’ils étaient du côté extérieur de l’usine, derrière le grillage. Et parce que dans la plupart des actions, les principaux protagonistes étaient des militants des PTS, pas les travailleurs de Lear.

Si nous évoquons les limites du syndicalisme, dans le cas de la Lear (pas dans celui de Gestamp!) s’ajoute un autre problème très grave : la gifle politique qui a signifié la destitution des délégués. Bien sûr, c’était une assemblée faussée ; s’il y avait un secteur en faveur de la bureaucratie, un autre secteur a voté par peur. Mais cela n’a pu arriver que par l’extrême auquel on est arrivé dans la perte de la base de l’usine, par la mauvaise stratégie avec lequel le conflit a été dirigé. Cela fait aussi partie du bilan.

Cela nous renvoie encore une fois au problème de la conscience. La bureaucratie domine non seulement parce qu’elle a « main de fer » ; elle le fait aussi grâce à la faible conscience politique des compagnons. La conscience ouvrière revendicative est une conscience contradictoire. Les éléments politiques sont dominés par la nécessité, qui, en dernière analyse, est celle qui décide des choses, sauf dans les cas de politisation.

Les travailleurs ont passé de la haine la bureaucratie (leur vraie conscience qu’ils sont des traîtres, qu’ils défendent le patronat) et leur « fausse conscience » que de toute façon «il faut travailler », que « les gauchistes foutent trop le bordel », que « quand vous êtes avec des gauchistes il y a toujours des problèmes », etc. Cela exige également une approche politique de la part de la gauche, qui a tendance à briller par son absence. Un cas extrême est celui du PTS, qui maintenant essaie de faire comme si rien n’est arrivé, mais la destitution, faussée et tout, a été un coup politique contre la gauche dans son ensemble.

Une stratégie erronée

En bref, le PTS a mené dans Lear une stratégie erronée : un mélange de légalisme, économisme, factionnalisme anti Gestamp, une politique de ne pas donner les batailles à la base et de fuir comme la peste l’action qu’il fallait réaliser : l’occupation de l’usine. Il est temps, donc, de tirer les enseignements de cette lutte, en même temps qu’on poursuit la campagne pour la réintégration des compagnons et la fin des provocations contre les ex-délégués.

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[1] La Liste Verte est celle de la bureaucratie du SMATA, syndicat des « mécaniques », qui regroupe autant les travailleurs des grandes usines automobiles que ceux des usines de sous-traitances qui y sont liées.

[2] Au long de la lutte, les camarades licenciés ont monté un campement devant la porte de l’usine pour demander leur réintégration.

 

Lire aussi

 Controverse avec le PTS à propos de Lear – Enseignements d’une lutte qui ne finit pas

 

Par Roberto Saenz, Journal Socialisme ou Barbarie N°302, 29/08/2014

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