Ene - 23 - 2015

Depuis le 6 janvier, l’usine de Volkswagen de San Bernardo  de Campo (San Pablo) est paralysé en réponse au licenciement de 800 travailleurs

Au début de décembre de l’année dernière les travailleurs ont rejeté la proposition de l’entreprise, en accord avec la direction du Syndicat de la métallurgie du ABC (Gran San Pablo), afin d’éviter les licenciements. Cette proposition absurde prévoyait de geler les salaires pendant deux ans (2015-2016) et un plan de licenciements volontaires qui affecterait à 2.100 travailleurs.

Comme la direction du syndicat, en raison de sa stratégie collaborationniste avec le patronat, n’a pas commencé immédiatement une campagne de dénonciations contre les licenciements imminents, le patronat est revenue à la charge avec 800 licenciements. Les travailleurs, qui étaient en vacances, ont été notifiés par télégramme  qu’à partir  le 5 janvier, ils devaient passer par ressources humaines pour demander les indemnités de licencieùent. Les ouvriers n’ont pas respecté les directives du patronat et en assemblée ont décidé la grève, dans laquelle les travailleurs licenciés et le reste rentreraient et resteraient en grève depuis le 6 janvier.

Cette offensive du patronat ne se limite pas à la VW de San Bernardo do Campo. Le patronat dans tout le pays, sous prétexte de la réduction de la vente des voitures (environ  un 7 %) est en train de licencier en masse. La Mercedes Benz de San Bernardo a licencié 244 opérateurs qui étaient sous contrats précaires.

L’année dernière, même avec la baisse de l’impôt sur les produits industriels (IPIs), qui a généré des bénéfices énormes pour les entreprises, on estime que l’industrie automobile a licencié 12.400 travailleurs. Cela montre que les licenciements massifs sont une réalité dans l’industrie, une réalité qui touche toutes les catégories et les états. Ce n’est pas un phénomène isolé dans les assembleurs de voitures, il touche aussi d’autres secteurs comme l’industrie de la construction navale de Bahia et Rio Grande do Sul.

Les travailleurs ne peuvent pas payer la crise à nouveau

Les usines automobiles ont été historiquement favorisées par l’État brésilien. Il y a d’innombrables avantages que ces transnationales ont reçu sous forme de bénéfices  fiscaux, d’impôts, de crédit, d’infrastructure et d’autres. Malgré son coût plus élevé et le fait qu’il est moins efficace, le transport routier a été, depuis les années 1950, la principale voie de circulation des marchandises au Brésil.

Mais l’histoire des avantages pour ce secteur ne passe pas seulement par là, pendant les gouvernements  du PT, seulement dans les dix dernières années, on estime que l’exonération fiscale qui a favorisé ce secteur a représenté des profits supplémentaire de 27 milliards de dollars, et les envois de fonds dans cette même période excèdent les  10 billions de dollars. Il est important de rappeler que l’exonération fiscale réalisée depuis la crise de 2008 (équivalente à l’investissement nécessaire pour doubler le réseau de métro de San Pablo) a été effectuée au nom de la préservation des emplois.

Les licenciements et la grève  des travailleurs de la VW imposent à l’ensemble de la classe ouvrière une double réflexion. Nous devons être très clairs sur le fait que les travailleurs ne peuvent compter que sur leurs propres forces, car la politique du gouvernement de Lula/Dilma face au conflit entre travailleurs et employeurs  toujours finira par soutenir le patronat. L’exemple le plus récent du fait que face à toute crise, le gouvernement se met du côté des patronales sont les coupes budgétaires dans les allocations pour les chômeurs et dans les retraites.

Aucune confiance dans la politique conciliante de la bureaucratie

La bureaucratie s’est mis à la tête de la grève mais n’a pas fait aucun changement dans sa politique de conciliation avec le patronat, c’est pour ça que nous ne pouvons pas confier dans le fait qu’elle mènera cette grève jusqu’au bout. La confluence historique de la bureaucratie du syndicat de la métallurgie avec le patronat et le soutien inconditionnel au gouvernement a conduit à une succession de défaites.

Le « syndicalisme citoyen », les Chambres Sectorielles et la cogestion ont désarmé les métallurgistes dans les dernières décennies. Comme conséquence, on a la réduction brutale du nombre de travailleurs dans les entreprises, l’externalisation généralisée, la baisse des salaires et la précarité… et maintenant les licenciements en masse.

La bureaucratie et le gouvernement insisteront sur la stratégie de la conciliation avec le patronat. Ils veulent imiter le modèle allemand qui consiste en une réduction des heures de travail et que les salaires des travailleurs soient payés à hauteur de 60 % par le Fond de Protection au travailleur (FAT) ou par le Fond de garantie du Temps de Service (FGTS) et à hauteur 40 % par l’entreprise. Cette politique est un moyen de faire baisser le coût des salaires pour les entreprises qui ont déjà une marge de profit énorme, comptant avec l’argent du gouvernement pour payer les salaires.

Nous croyons qu’il ne faut pas donner un centime de plus aux constructeurs automobiles. Si le gouvernement est  vraiment engagé avec les travailleurs, il doit imposer la réintégration de tous les travailleurs de VW, Mercedes Benz et d’autres plantes. Celles  qui ne respectent pas ceci ou qui continuent les licenciements  doivent  être nationalisées et placées sous contrôle ouvrier. Mais nous savons que nous vaincrons seulement au patronat  par le biais de la lutte la plus forte, parce que contre l’offensive patronale il n’y a d’autre alternative que de s’appuyer à fond  dans la résistance et la solidarité de classe des travailleurs.

Conlutas doit être à l’avant-garde d’une campagne nationale de solidarité

De par l’importance économique et politique qui a le secteur métallurgique c’est nécessaire de l’entourer de solidarité pour gagner ce combat. Pour chaque métallo de chaque plante qui perd son emploi, beaucoup d’autres emplois  sont éliminés, car c’est un secteur qui est à la base de tout un complexe industriel qui comprend toute une série de segments. En plus de cela, la défaite de cette grève, qui s’effectue dans le secteur qui a la plus haute tradition de lutte au Brésil, ouvre l’espace pour que le patronat face à toute baisse au profit déclenche deslicenciements massifs.

Il est nécessaire de construire des instruments de lutte indépendante  tels que la comité de grève et  le Comité de négociation avec des représentants de base élus en assemblée générale. Des tactiques plus radicales de lutte doivent aussi être appliquées immédiatement. C’est bien que la grève se fasse avec les travailleurs à l’intérieur de l’usine, mais l’employeur pourra, à tout moment qu’il le veule, reprendre l’offensive et d’interdire aux travailleurs de rentrer dans la entreprise…

Les travailleurs de VW, Mercedes, Ford et Karmann Ghia ont réalisé  le 12 Janvier une mobilisation qui a réuni plus de 10.000 travailleurs. Cela a été une initiative importante, mais totalement contrôlée par la bureaucratie. Il est nécessaire de construire des comités de soutien à la grève où organiser la solidarité efficace à travers de la diffusion de la lutte, la construction de caisses de grève, l’organisation des débats dans les quartiers et les écoles, faire des appels pour des actions à l’extérieur de l’usine et pour rejoindre les autres luttes qui se développent (par exemple les combats contre l’augmentation du ticket à Sao Paulo et ABC) et y apporter un soutien effective à la grève des travailleurs métallurgiques.

Il est également nécessaire que le CSP-Conlutas, qui est une centrale indépendante du gouvernement et des patronales, assume la responsabilité de la solidarité avec la grève des ouvriers de VW. À l’heure actuelle Conlutas ne fait pas de cette grève la priorité de ses activités, au moins jusqu’ici, dans le sens que Conlutas se pose comme l’avant-garde d’une campagne de solidarité générale, étant  à la tête de la création de comités de soutien et de l’organisation efficace de la solidarité dans plusieurs États. De même, les réunions qui sont organisées au niveau régional et national, comme l’Espace d’Unité d’Action, qui aura lieu le 30 janvier en conjonction avec d’autres secteurs du mouvement, doivent  décider prioritairement de la solidarité avec la grève de VW.

Praxis – SOB, Brasil.

Praxis, Socialisme ou Barbarie, Brésil

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