Feb - 2 - 2015

A quelques semaines de l’attaque réactionnaire contre Charlie Hebdo, renforcé après avoir instrumentalisé  l’énorme mobilisation du 11 janvier, le gouvernement Hollande a l’intention de canaliser la condamnation populaire de l’attentat sous les drapeaux de l’Unité Nationale. Cette « union » permet aujourd’hui de justifier l’annonce faite le 21 janvier par le premier ministre, Manuel Valls, de la création de 2,680 postes en trois ans dans la lutte contre le terrorisme (distribué parmi le personnel de renseignement, de police et des responsables des portefeuilles de la sécurité, etc.) et un investissement de 425 millions d’euros en matériel destiné à cette lutte.

Rapidement le gouvernement a annoncé d’où sortira le financement d’un tel déploiement répressif: « En incluant les frais de personnels, l’enveloppe atteindrait quelque 735 millions d’euros sur trois ans », ces dépenses  « « seront compensées par des économies (…) sur l’ensemble du champ de la dépense publique, année après année » », a déclaré Valls. «C’est un effort massif mais nécessaire pour assurer la sécurité » [1]. Cela veut dire que ce tournant répressif de la part du gouvernement sera payé par l’ensemble des travailleurs et le peuple français.

Or, non seulement la croisade contre le « terrorisme », mais aussi  l’effort pour surmonter les ravages de la crise économique, ils comptent le décharger sur le dos des travailleurs. En fin de compte, après serrer les rangs pour  « l’union nationale », nous ne pouvons pas attendre la fin, mais plutôt un redoublement des attaques contre la classe ouvrière.

Un gouvernement profondément anti-ouvrier

Nous disons qu’ils se redoubleront car pendant les dernières années, nous avons vu se dérouler lentement mais sûrement, une série de mesures visant à augmenter la compétitivité de l’économie, des mesures anti-ouvrières qui ont du retard par rapport au reste de l’Europe. En effet, la France est relativement en retard par rapport à ses partenaires européens en termes d’ajustement sur les travailleurs. Alors qu’en Allemagne, les sociaux-démocrates ont fait le « sale boulot » à partir de l’an 2000, et dans des pays comme la Grèce ou l’Espagne, la troïka a forcé à accélérer les réformes, la bourgeoisie française a dû faire face à la résistance des travailleurs, ce qui a provoqué ce  « retard ». Par conséquent, nous avons vu ces dernières années augmenter l’âge de départ à la retraite (réforme votée sous le gouvernement de Sarkozy et qui a été confirmée par celui de Hollande), la réforme du code du travail (Accord National Interprofessionnel),  les subventions aux entreprises (Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi), le Pacte de Responsabilité du début de 2014 qui a impliqué l’élimination de cotisations patronales. A cette époque, le président a dit que, pour compenser les  30 milliards d’euros que les entreprises cesseront d’apporter entre 2015 et 2017, des nouvelles économies dans le budget de l’Etat seront faites.

Comme toujours, ceux qui payent la crise ce sont les travailleurs et le peuple. Celle-ci ne semble pas se résoudre et la politique du gouvernement avec le soutien de l’opposition répond toujours aux besoins des patronales : c’est l’état qui absorbe ces coûts, ce qui implique une réduction des dépenses dans d’autres domaines, comme l’exige Bruxelles, par le biais des coupes budgétaires dans les allocations sociales, la santé et  l’éducation. Le patronat, lui, n’est pas obligé de faire des « efforts ». C’est doublement cynique car, alors que les budgets de santé et d’éducation sont réduits pour « aider » le patronat français, des millions sont dépenses pour augmenter la répression, en instrumentalisant la condamnation populaire à l’attentat contre Charlie Hebdo.

En outre, ces mesures néolibérales ne montrent aucun signe d’efficacité à l’heure de résoudre les problèmes les plus pressants de la crise économique. Le gouvernement n’a pas réussi par exemple à inverser la courbe le chômage, qui est à son plus haut niveau depuis 1997 (10,5 %); par ailleurs,  l’emploi précaire continue de croître en même temps. Les autres indicateurs économiques ne sont pas favorables non plus: la croissance atteint à peine  0,3 % cette année et devrait atteindre 0,7 % en 2015 et 1,5 % en 2016 (selon les prévisions de la Commission Européenne) ; malgré les coupes budgétaires réalisées, le déficit public atteindrait 4,5 % en 2015 et 4,7 % en 2016, le pire dans la zone euro.[2] Ici la loi Macron joue un rôle qui montre quels intérêts défendent le gouvernement et l’opposition.

La Loi de Macron, à la mesure des besoins du patronat

À la fin de 2014 le gouvernement a présenté la loi Macron, qui porte le nom du ministre de l’économie; dans les propres rangs du PS il y a eu des critiques par le caractère libéral excessif de cette loi qui s’inscrit dans le cadre plus général mentionné ci-dessus. En permettant le travail dans les magasins le dimanche, sans autorisation préalable, on cherche à mettre fin à la limite de 35 heures de travail par semaine: les magasins établis dans les « zones touristiques internationales » seront ouverts sept jours par semaine et cela jusqu’à minuit. C’est ainsi que la loi  pour « la croissance et l’activité » cherche à poursuivre l’harmonisation avec les exigences faites au gouvernement de libéraliser une économie qui ne retrouve pas les niveaux de croissance qu’il faudrait.

À l’occasion de son traitement à l’Assemblée nationale  l’ancien ministre de Sarkozy, François Fillon, a souligné qu’il prévoit de participer  très activement à la discussion, voulant ainsi contribuer à la fin des 35 heures, au doublement des  « seuils sociaux, à la diminution de l’assurance-chômage, à la suspension du compte pénibilité ou à la mise en place d’un contrat de travail unique. « Je prends cette loi comme une chance d’introduire un moment d’unité nationale dans un véritable projet de redressement de l’économie, » a expliqué le député de Paris, dans une note de LeMonde [3].

A ces attaques en règle contre les conditions de travail et de vie des travailleurs, il faut ajouter d’autres reculs fondamentaux. Il s’agit de la privatisation des aéroports, voulant se débarrasser  des biens d’entre 5000 et 10000 millions. Plus choquante encore est la réforme sur les licenciements: il est prévu que ceux-ci soient plus facilement réalisées, et que                 les affaires autours des licenciements ou des conflits au travail soient traités plus rapidement; Il est clair à qui favorise telle clause. Même, il donne feu vert à la création de lignes de transport privées, en faisant perdre du terrain à l’Etat dans ce domaine.

Lutter pour une issue indépendante de la classe ouvrière

Valls a déclaré dans les médias, en ce qui concerne à l’attentat contre Charlie Hebdo: Il faut ajouter toutes les fractures, les tensions qui couvent depuis trop longtemps »,  comme la relégation péri-urbaine, les ghettos -ce que j’évoquais en 2005 déjà- un apartheid territorial, social, ethnique, qui s’est imposé à notre pays ».  À cette « misère sociale, s’ajoutent les discriminations quotidiennes par ne pas avoir le prenom approprié, le bon couleur de la peau, ou être une femme ». Quel cynisme de parler de misère sociale et de ségrégation, celle que le gouvernement et la bourgeoisie génèrent et perpétuent,  la répression au nom de la démocratie des riches sera-t-il si efficace pour résoudre ces problèmes? Pendant ce temps les politiques qu’ils mettent en œuvre loin de répondre aux besoins de la population, visent à la persécution  et pas à une réponse appropriée aux situations de précarité et d’exclusion qui sont à la base de la croissance de la sympathie envers les courants extrémistes.  En effet, le gouvernement va continuer une politique antisociale qui renforcera les inégalités et la pauvreté qui sont la base matérielle de la croissance des courants extrémistes et réactionnaires. Au lieu de résoudre le problème à la racine, Hollande et Valls s’apprêtent  à augmenter un arsenal répressif qui ne fera qu’aggraver la situation. Cet arsenal pourrait être utilisé contre quiconque ose élever la voix contre l’Union nationale, y compris toute grève ou lutte des travailleurs qui se développe dans les prochains mois.

Donc il devient nécessaire de défendre une politique indépendante et de clase pour le dépassement révolutionnaire de la fragmentation et la division qui sont le produit de l’oppression et l’exploitation capitaliste. Faire de la lutte la plus intransigeante  à partir de l’unité de classe contre les attaques envers les travailleurs et les peuples, pour surmonter le climat Islamophobe et répressif avec lequel on veut légitimer le renforcement des attaques sur nos conditions de vie. La lutte contre les attaques anti-ouvriers  doit être le point de départ pour développer une vaste campagne qui montre que les véritables ennemis de travailleurs, indépendamment de leur origine nationale, ethnique ou de leurs croyances, sont les patronats et es gouvernements à leur service.  Pour vaincre les lois anti-ouvriers, la persécution et le stigmatisation, il faut construire la vraie unité des travailleurs et des jeunes, nous opposant à nos ennemis qui veulent nous engourdir avec le piège de collaboration de classes de l’Union Nationale,  en prétendant faire coopérer les travailleurs et leurs exploiteurs. Seulement de cette manière on pourra construire un pôle indépendant, socialiste et révolutionnaire, qui se bagarre pour une solution structurelle aux problèmes à partir des intérêts des travailleurs et du peuple.

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[1] http://www.lesechos.fr/politique-societe/societe/0204097235518-suivez-en-direct-les-annonces-de-valls-sur-la-lutte-antiterroriste-1085378.php

[2] http://www.lesechos.fr/monde/europe/0203911734471-deficit-public-la-france-plus-mauvais-eleve-de-lunion-europeenne-1060757.php

[3] http://www.lemonde.fr/politique/article/2015/01/07/pour-fillon-la-loi-macron-comporte-des-aspects-positifs_4550486_823448.html (traducciones nuestras)

Par Luz de Norte et Alejandro Vinet, Socialisme ou Barbarie France, le 29/01/2015

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