Abr - 6 - 2016

 

Même avec un visage sympathique, l’impérialisme sera toujours l’impérialisme

Cette vérité élémentaire semble avoir été oublié par plein de monde, y compris par des secteurs de la gauche qui sympathisent avec les Castro. Parfois, les mêmes personnes qui se sont mobilisées en opposition à la présence d’Obama en Argentine ont regardé avec quelque indulgence la présence d’Obama à Cuba, comme si la politique étrangère américaine était schizophrène: furieusement pro Macri en Argentine et bienveillante avec les Castro dans l’île.

Il n’y a pas de telle incohérence, bien sûr, et encore moins de la part d’un dirigeant de la stature de Obama, qui n’a pas besoin des conseillers qui entouraient le semi-alphabète George W. Bush pour élaborer les politiques exigées par l’impérialisme yankee. Comme nous le verrons, il n’y a aucune contradiction entre d’une part dénoncer le blocus contre Cuba et de l’autre saluer Macri comme un champion des droits de l’homme: ce qu’il y a c’est une stratégie régionale subtile et lucide de la part des États-Unis, dont la réussite éventuelle et la continuité, bien entendu, restent à voir. La stratégie est, dit rapidement, recomposer les liens avec l’Amérique Latine après les désastres de George W. Bush, dont la tentative d’imposer des accords semicoloniales du type de l’ALCA dans la région n’a fait que pousser les gouvernements régionaux dans les bras de la Chine. Et la politique envers Cuba est un élément essentiel de cette tentative de rapprochement.

L’ami (Nord) américain veut revenir

La lucide tribune du capitalisme impérialiste mondial qu’est le magazine britannique The Economist a saisi clairement la nécessité de ce virage dans la politique états-unienne. Ainsi, il félicite Obama par son renouvelé intérêt pour l’Amérique latine, défend la levée de l’embargo à Cuba et, même, se déclare préoccupé par la possibilité que le résultat des élections aux Etats-Unis menace la continuité de la stratégie l’actuel Président états-unien, plus intelligente que celle de ses prédécesseurs.

« Dans les dernières années les États-Unis et l’Amérique latine se sont en quelque sorte éloignés. Washington a d’autres préoccupations, du Moyen Orient à l’Asie. Les pays d’Amérique latine ont profité de l’avidité de la Chine pour leurs minéraux, leurs carburants et leurs aliments. Le cycle politique a amené au pouvoir un groupe de dirigeants anti-nord-américains qui ont vu dans la Chine une alternative attrayante par rapport rigueurs du FMI et aux leçons parfois hypocrites de Washington sur les drogues et les droits de l’homme. Ceci mauvais pour les États-Unis. Bien qu’aucune région ne suscite moins d’attention de la part de la politique étrangère des Etats-Unis que l’Amérique latine, aucune région n’est plus importante pour la vie quotidienne des américains. (…) L’ouverture vers Cuba peut aider à corriger cette distanciation. Cela arrive à un moment où la gauche de l’Amérique latine est en déclin, en raison de la chute des prix des matières premières et de ses propres erreurs »(«Cubama», The Economist, 19/03/16).

Pas besoin d’ajouter beaucoup de choses: voilà le cadre géopolitique et stratégique – adapté à la situation actuelle – des visites d’Obama à Cuba et à l’Argentine, et voilà la place qu’occupe la politique spécifique envers Cuba. Le rapprochement et le discours contre l’embargo (dont le fin, en revanche, ne dépend pas d’Obama, mais du Congrès états-unien, dominé par les républicains, alliés aux « gusanos » de Miami) ne peuvent être interprétés et compris que dans le cadre et à la lumière de ce dispositif régional dans son ensemble.

En ce sens, la fin de l’embargo, si finalement celle-ci arrive, sera certainement une victoire démocratique qui permettra d’atténuer une partie des difficultés des masses cubaines, mais qui, comme il a été averti maintes fois dans ces pages, vient avec un piège. (1) Et à ce stade, il est impératif de comprendre et de denoncer le contenu de ce piège, qui n’est rien d’autre que de donner au secteur le plus lucide et le moins stupide de l’impérialisme  un outil pour miner non seulement le régime castriste, mais aussi les conquêtes de la révolution cubaine qui, bien que détériorées, restent encore.

Loin d’être un geste de «l’amitié» d’un président noir et « progressiste » (pour les peu exigeants paramètres états-uniens), la fin du blocus vise à donner aux États-Unis un visage plus présentable que celui des « gusanos » hystérique de Miami et ses porte-paroles républicains comme Marco Rubio et Ted Cruz. Pour paraphraser Lord Palmerston, l’impérialisme états-unien n’a ni des amis ni des ennemis permanents, il a des intérêts permanents. L’obstination du Parti Républicain concernant l’embargo ignore que ces besoins permanents de la bourgeoisie états-unienne doivent être exprimés différemment dans chaque moment historique. Et dans ce cas, ces besoins exigent de « se réconcilier» avec l’Amérique latine.

L’objective états-unien de miner le caráctere independent de Cuba, avec son économie non-capitaliste, doit être recherchée non pas par la force brute, mais par d’autres voies. Pour cela « [Obama] fait le pari que l’engagement avec l’un des voisins des États-Unis fera plus que l’isolement pour mettre fin à son régime communiste. (…) Le pari d’Obama est correct. L’embargo américain contre Cuba est un exemple d’inutilité. C’est un anachronisme de la Guerre Froide qui fait plus de mal aux cubains (et aux états-uniens) qu’aux Castro, qui l’utilisent pour justifier leur état policier et comme une excuse pour les inconvénients causés par le communisme à la population de l’île »(The Economist, cit.).

D’autre part, le caractère nocif de l’embargo pour les intérêts stratégiques de l’impérialisme états-unien (au moins, selon le point de vue de son aile la plus lucde sur le plan politique, le Parti Démocrate) ne se limite pas à Cuba:  « l’embargo a été une source d’irritation symbolique dans les relations entre les Etats-Unis et ses voisins. Au cours des 20 dernières années, des politiciens latino-américain de toutes les tendences se sont opposés. Tous les pays de la région ont des relations diplomatiques et commerciales avec Cuba. L’embargo a été pris comme un symbole de l’impérialisme américain. Meme les politiciens conservateurs de l’Amérique Latine sont contre » (idem).

L’embargo, cet « anachronisme », ne remplit aujourd’hui aucune fonction économique et son rôle politique est pernicieux pour la politique continentale états-unienne, qui vise aujourd’hui à récupérer le terrain perdu face à l’avancée de la Chine dans la région. (2)

Une course entre deux puissances avec Cuba comme prix

La toile de fond sur l’île est l’incapacité croissante du « modèle » de l’économie bureaucratique, même après le virage envers la petite propriété privée du VI Congrès du PCC (2011), à assurer des normes minimales de qualité de vie pour l’ensemble de la population. Comme nous l’avions craint à l’occasion du VI Congrès, l’écart entre les cubains qui restent dépendants de leurs salaires dans l’économie de l’État et ceux qui réussissent, par le biais de l’auto-emploi, la corruption, la prostitution, ou des petites magouilles, à accéder à des revenus en dollars à partir du lien avec le tourisme, est de plus en plus prononcée et empoisonne lentement le climat social de l’île. Cela ne pouvait en être autrement dans une économie où un chauffeur de taxi gagne dans le temps deux courses payées par des états-uniens le même montant de dollars qu’un employé de l’État en un mois. Il n’y a aucune « morale socialiste » qui puisse tenir face à cette inégalité beaucoup de temps. (3)

Sur la base de cette détérioration a lieu la concurrence entre les Etats-Unis et la Chine dans la course sur qui será le plus beneficié dans la transition, qui est considérée comme imminente, de Cuba vers un régime capitaliste. Les sympathies (et les liens précédents) de Raúl Castro sont clairement avec la Chine, mais le grand voisin est déterminé à ne pas rater l’occasion.

Ainsi, un mouvement d’un des concurrents est toujours suivi d’un autre de la part de son adversaire: « Dans les 15 mois qui se sont écoulés depuis que la Maison Blanche s’est lancé dans le rétablissement des relations diplomatiques avec Cuba, la Chine a intensifié ses efforts pour obtenir un point d’appui dans le pays. En décembre, les vols directs entre Pékin et la Havane ont commencé. Le commerce entre les deux pays a augmenté d’au moins 57 % en 2015, environ 1600 millions de dollars, selon Beijing, et la Chine dirige la construction de l’infrastructure de l’Internet à Cuba» ( « Les États-Unis et la Chine se disputent le marché de Cuba », C. E. Lee et F. Schwartz, Wall Street Journal, 17/03/16).

De leur part, beaucoup d’entreprises états-uniennes sont intéressées pour participer à « l’ouverture économique » à Cuba. Et non seulement des agences de tourisme et chaînes hôtelières, comme c’était le cas jusqu’à alors et qui jouent un rôle très important, mais aussi des compagnies de téléphonie, du service postal (lié aux envois d’argent des émigrants) et beaucoup d’autres. Pour les États-Unis,  « l’ouverture » économique et l’ouverture politique, bien qu’ils aient chacun leur propre rythme et leur spécificité, sont les deux faces de la même stratégie, comme l’explique un think tank impérialiste: « contrairement à d’autres endroits où Washington et Pékin se disputent l’influence, la Maison Blanche fait le pari que le lien culturel entre les États-Unis et Cuba non seulement aidera Washington dans sa rivalité économique avec Pékin , mais aussi dans la bataille pour l’avenir politique de l’île. ‘Au fil du temps, les politiques du gouvernement d’Obama à Cuba pourraient rendre les  investissements de la Chine en Amérique latine moins attrayants », affirme Jason Marczak, un expert sur la région de l’Atlantic Counsil. ‘Avec l’ouverture envers Cuba nous avons ouvert le voile de l’imperialisme que beaucoup de fois nous a confondu, et demontré que nous pouvons être vraiment des partenairesdu reste de la région’, il affirme » (Wall Street Journal, cit)

Le « espoir Obama », le « pouvoir souple » et la bureaucratie des Castro

L’impact de la visite d’Obama sur l’île a été sans doute immense. C’était à la fois étrange et angoissante de voir les drapeaux des Etats-Unis dans les rues de la Havane, comme si de rien n’en était, et plus encore d’entendre les commentaires naïvement optimistes des cubains, que la presse a reflété plus que d’habitude. Il est clair que la présence d’un président états-unien –encore plus de ce Président, Obama – a généré un niveau d’attente dans la population cubaine absolument impensable dans les dernières décennies, peut-être même depuis la révolution de 1959.

Ces attentes étaient et sont toujours confuses, mixtes et contradictoires ; elles reflètent dans certains secteurs une sorte de fierté gagné le bras de fer contre la politique d’aile la plus belliqueuse de l’impérialisme états-unien, mais, dans le même temps, de manière très prononcée, l’espoir dans la perspective que ce soit un début de « l’ouverture » où se mélange l’économique et le politique.

« Obama à Cuba » est un fait qui pouvait être interprété de plusieurs façons : un soulagement du blocage, davantage de possibilités économiques via l’augmentation dans le tourisme et l’investissement, plus de facilités pour recevoir de l’argent et des visites de la diaspora cubaine à l’étranger (près d’un quart de la population), moins de répression et plus de liberté politique, un meilleur accès aux marchandises aujourd’hui inexistantes ou presque de luxe (d’une connexion Internet décente aux produits basiques comme du savon …)… Le caractère distinctif de cette longue liste, c’est que la quasi-totalité de ces lectures se faisaient en clé positive, tandis que presque personne, sauf quelques intellectuels cubains avec peu de diffusion, n’a souligné les dangers que cette ouverture parrainée par les États-Unis et la bureaucratie du Parti Communiste Cubain représente pour le destin de la révolution. (3)

Une chose est certaine : la politique Obama pour Cuba s’avère plus patiente, plus subtile, plus perfide et plus réaliste que la voie de la force brute prônée par les gusanos de Miami. Dans le même temps, elle est potentiellement plus efficace, ou en tout cas, pour les Etats-Unis, ça vaut le coup d’essayer un autre chemin après avoir essayé avec l’invasion (baie des cochons, 1961), l’assassinat des Castro (des dizaines de tentatives), le terrorisme (la CIA a fait sauter un vol de ligne avec des passagers civils), le blocus international… et l’embargo. Obama semble avoir compris la leçon de la chute des autres régimes staliniens, comme celui de l’Union soviétique et ceux de l’Europe de l’est : ce que la force militaire, le « pouvoir dur », n’a pas réussi à faire, a été réalisée avec la combinaison de décomposition interne et de « pouvoir souple » (l’influence culturelle, la tentation consumériste, etc..).

Si l’objectif est de liquider définitivement les conquêtes de la révolution et le Cuba comme pôle indépendant de l’impérialisme en Amérique latine, semble raisonner Obama, peut-être que plutôt que d’essayer de renverser les Castro, il serait plus utile de parier sur une mutation de leur régime, même contrôlé par la bureaucratie. Selon The Economist, « l’idée n’est pas de faire que le Cuba devienne une démocratie d’un coup. Comme le régime reste fort [entrenched], il est plus probable que le changement politique arrive progressivement et de l’intérieur »(cit.).

C’est-à-dire, en quelque sorte le chemin parcouru par l’ex-Allemagne de l’est, seulement que le résultat politique serait, au lieu de l’effondrement du régime stalinien, une conversion de la bureaucratie à l’administration d’un ordre déjà capitaliste, avec des éléments forts de capitalisme d’État et des traits politiques autoritaires, tels que le Viet Nam et la Chine (les deux modèles le plus loués par Raúl Castro).

Un analyste de gauche spécialisée en Cuba est globalement d’accord avec ce diagnostic, avec une perspective critique, bien sûr, et il propose même un niveau de détail qui, bien que nous ne pouvons pas le confirmer, ne semble pas irréaliste: « La tournée de Barack Obama à Cuba complète celle du pape Bergoglio, qui a été certainement longuement discutée entre la diplomatie du Vatican, celle des Etats-Unis et au moins un secteur de la bureaucratie réformiste de Cuba, en cherchant la façon la plus pacifique et moins traumatisante de favoriser une transition rapide et complète de Cuba vers l’intégration totale dans le capitalisme. Avec la Chine trouvant des difficultés croissantes, le gouvernement du Venezuela sur la corde raide, le Brésil au bord de l’impeachment (…),Washington et le Vatican se préparent pour une période qu’ils considèrent très favorables et la bureaucratie (…) opte pour des solutions immédiates qui lui permettraient de conserver le pouvoir. Autrement dit, un accord avec Washington, une libéralisation du commerce rapide et complète qui améliore l’offre de marchandises et permette d’avoir un dollar unique indexé sur celui des Etats-Unis et, comme corollaire, une pantomime d’élections pluralistes où pourront se présenter les opposants « présentables » et peu nuisibles (social-chrétiens, social-démocrates, libéraux soutenus par l’Eglise). Francisco a préparé l’Eglise cubaine pour ce scénario et a rapproché la « tendance Obama » de l’impérialisme états-unien à la tendance nationaliste et pragmatique représentée par Raul Castro ». (G. Almeyra, “Obama: la gira del patrón”, en http://www.rebelion.org, en espagnol).

À notre avis, la perspective de l’impérialisme états-unienne est plus audacieuse et vise un modèle politique moins « stalinisé »: «  L’espoir est que, au fur et à mesure que Cuba devienne plus prospère et plus connectée, la libéralisation politique s’approfondisse. (…) Le contact entre les deux nations voisines et connectées par le biais du commerce, du tourisme et de la reconnexion des familles ne fera que nourrir le désir du changement »(The Economist, cit.). Comme on voit, avec plus ou moins de « libéralisme », le chemin est toujours la « voie souple ».

Bien entendu, la bureaucratie cubaine, qui sur le plan économique improvise sur la base de maintenir la voie vers l’orthodoxie pro capitaliste (cyniquement appelée « actualisation du socialisme »), ne donne pas de signaux dans le sens de desserrer le contrôle politique. À cet égard, un signe clair est le secret absolu qui entoure le VIIème Congrès du PCC, qui devrait avoir lieu en avril. Le VIème Congrès de 2011, qui a voté les « Lignes Directrices » économiques en vigueur aujourd’hui, avait été précédé d’au moins une mise en scène de discussion et le document central avait été largement diffusé. Comme le remarquer un critique de gauche du PCC, « la discussion des Lignes Directrices était loin d’être démocratique ou transparente, mais ces derniers phénomènes nous rendent « nostalgiques » de ces moments. (…) Le document qui semble clé pour le prochain Congrès pourrait être celui de la ‘Conceptualisation du Modèle Economique et Social Cubain de Développement Socialiste’. (…) A cette occasion, non seulement la population cubaine, mais même les militants du PCC en général n’ont pas eu accès à ce document » (Rogelio M. Díaz Moreno, “El congreso misterioso”, www.observatoriocriticocuba.org, en espagnol).

A todo esto, en 2018, Raúl Castro, hoy de 84 años, le dejaría su lugar al vicepresidente Miguel Díaz-Canel, casi 30 años menor… y fanático de los Rolling Stones. Si el concierto gratuito de Sus Majestades Satánicas en La Habana, inmediatamente después de la partida de Obama, representa un impulso a las legítimas aspiraciones de bienestar y libertad de las masas cubanas, en especial la juventud, o un ejercicio del “poder blando” imperialista, es algo que sólo podrán responder los propios cubanos.

A tout cela il faut ajouter que, en 2018, Raúl Castro, aujourd’hui de 84 ans, pourrait laisser sa place au vice-président Miguel Diaz-Canel, presque 30 ans plus jeune… et fan des Rolling Stones. Si le concert gratuit des Rolling Stonesà la Havane, immédiatement après le départ d’Obama, représente une impulsion aux aspirations légitimes de bien-être et de liberté des masses cubaines, surtout des jeunes, ou bien encore un exercice impérialiste de « pouvoir souple », c’est quelque chose que seul les cubains eux-mêmes pourront répondre.

Notes

1 – Voir la déclaration de notre courant international Socialisme ou Barbarie “Cuba – Une victoire qui vient avec un piège”, du 17-12-14 (http://www.socialismo-o-barbarie.org/?p=4039)

2 – Selon un analyste de gauche, « le bilan est clair : avec le Mexique contrôlé depuis quelque, l’oncle Sam est déterminé à mettre le « volière » latino-américain, où les coqs « progressistes » sont très maigres et où il y a une pénurie d’œufs. La présence dans la région des économies chinoise et russe, dans de telles conditions et des gouvernements du type Peña Nieto ou Macri, serait pratiquement réduit à zero » ” (G. Almeyra, “Obama: la gira del patrón”, en http://www.rebelion.org, en espagnol).

3 – De manière aussi tardive (avec Obama déjà de retour aux États-Unis, après son tour par l’Argentine) que surprenante, Fidel Castro lui-même a publié une chronique soi-disant critique sur la visite du président états-unien avec le titre pas très cohérent de « Le frère Obama » (en www.granma.cu, 27/03/16). Mais même si le ton est critique, le contenu est un ragoût de digressions dont la thèse centrale est qu’Obama aurait dû être plus autocritique avec le passée agressif des Etats-Unis et l’idée que « Cuba n’a besoin de cadeaux de l’impérialisme ». Les « cubanologues » (spécialistes en sémiologie du pouvoir, comme ce fut le cas des soviétologues et encore aujourd’hui des sinologues) sont encore en train d’essayer de déchiffrer s’il s’agit d’une manouevre tactique de Fidel, d’une fissure dans le PCC, d’un éloignement de son frère Raul… ou d’un symptôme de sénilité. Nous admettons notre ignorance, mais toute personne qui lit le texte ne pourra que remarquer une incohérence formelle plutôt alarmante.

Par Marcelo Yunes

Categoría: Français