Abr - 16 - 2016

Après le 9 mars, qui a bouleversé le scénario politique et social français et a été mis dans le centre de la scène la lutte contre la loi El Khomri, nous avons vecu un mois de résistences et de rejet qui, malgré les difficultés, se poursuit et même s’intensifie. Cette réforme fait partie des attaques que le gouvernement d’Hollande mène contre les conditions de vie et les conquêtes des travailleurs et du peuple français depuis son accession en 2012, quand soi-disant il venait « laisser derrière » cinq années de règne de la droite sous Sarkozy. Depuis l’accession du gouvernement « Socialiste » les attaques s’enchaînent l’un après l’autre: l’Accord National Interprofessionnel, la réforme des retraites, le plan Hirsch dans les hôpitaux, sans compter la brutalité des aventures impérialistes en Centrafrique, la Libye et la Syrie, la politique raciste et xénophobe contre les réfugiés ou les inmigrants.

La lutte contre la loi El Khomri a réveillé et unifiée des forces profondes qui étaient « endormies » depuis la défaite de 2010, en plus de « faire converger » d’une série de colèrescontre ce que nous avons décrit: la precarité, des guerres impérialistes, la répression, la xénophobie… Il s’agit du mouvement le plus massif et radical du depuis 2010, quand la lutte contre la réforme des retraites. Dans le même temps, il s’inscrit dans un contexte « national » où des expériences de lutte se sont succédés depuis quelques années, avec un impact important: la lutte contre la fermeture de l’usine de PSA Aulnay, la grève des cheminots de 2014, les mouvements des lycéens contre l’expulsion de Leonarda et Khatchik, la lutte d’Air France sa   célèbre  chemise arrachée, les mobilisations des travailleurs des hôpitaux contre plan Hirsch. C’est à dire que la mobilisation actuelle n’est pas « un coup de tonnerre dans un ciel serein », mais elle s’appuie et démarre à partir d’une série d’experiences menées dans les dérnieres années, malgré la défaite de 2010 et le fait qu’on soit sous un gouvernement  « socialiste ». [1]

En même temps, la lutte se déroule dans le contexte général d’une série de manifestations au niveau européen: que ce soit les grèves générales en Grèce; les indignés, la grève des mineurs et le phénomène des  « marées » (santé, éducation) en Espagne. Même si ces luttes ont été vaincues (par la trahison de Syriza en Grèce et en Espagne par la médiation électorale), elles font partie d’une accumulation historique au niveau continental. C’est une nouvelle page dans le recommencement historique de l’expérience des exploités et des opprimés dans la lutte de classe mondiale. Nous allons essayer de décrire l’état des choses dans un processus qui est encore en vie et que nous, militants du courant Socialisme ou Barbarie, apuyons et à laquelle nous participons avec la perspective du retrait pur et simple de la Loi, pour ouvrir le chemin d’une résistence encore plus poussée et structurée dans la perspective de faire reculer toutes les politiques anti-ouvrières et antipopulaires d’Hollande et de la bourgeoisie.

L’état actuel du mouvement

Grosso modo, il y a trois grands acteurs qui confluent dans les manifestations, qui ont participé à différentes journées de mobilisation et desquels nous voulons rendre compte.

Tout d’abord, l’élément le plus dynamique depuis le début, les étudiants universitaires, qui ont donné le coup d’envoi à la journée du 9 mars et qui sont toujours le moteur des journées nationales de lutte, le plus grand noyau d’activistes et de manifestants au niveau large, et qui ont réussi à imposer aux directions syndicales un calendrier que celles-ci ne voulaient pas et contre lequel elles ont lutté, en plus de contribuer à « l’ébullition » dans d’autres secteurs. Le réflet immédiate dans ce secteur, c’est que la « massification » a trouvé des grosses limites (même si le pari reste ouvert et si, en fait, tout un secteur des étudiants universitaires est organisé en dehors des universités).

Le déclenchement relativement « tardif » du mouvement par rapport à l’année scolaire, la proximité des semaine de révisions, des vacances et examens, l’énorme pression à valider leurs années que subissent des milliers d’étudiants qui vivent à partir d’une bourse misérable ou d’un travail précaire.Cette pression est encore plus forte dans des conditions de chômage à la hausse où le diplôme semble protèger contre celui-ci. Cette combinaison d’éléments semble avoir mis un plafond (relative et pour le moment) aux perspectives d’étendre le mouvement. Au niveau national l’on observe une certaine stagnation et même un reflux « quantitatif », bien que la volonté de poursuivre la lutte est encore très forte.

Dans ce sens, c’est un fait que lé déroulement de la mobilisation jusqu’ici laisse comme acquis –au minimum-  une quantité significative de « militants du mouvement » qui s’organisent dans les comités de mobilisation de la fac, militants qui font leurs premiers pas dans la lutte. Le mouvement étudiant continue pour le momento à fixer le rythme de la mobilisation, au moins en partie, contre le calendrier dilettante et sans perspectives de la bureaucratie syndicale: ce sont les asseemblées des facultés et les coordinations étudiantes qui ont marqué le pas, organisant des actions et des manifestations chaque mardi et jeudi ce qui a permis de garder le mouvement dans la rue et ne pas laisser passer un mois sans rien faire comme c’est la volonté et la tradition de la bureaucratie syndicale.

La création et stabilisation d’organismes d’auto-organisation des étudiantes, hors des appareils syndicaux, est une importante conquête qu’il faut défendre: face à la trahison de l’UNEF, l’existence de la Coordination Nationale Etudiante, qui a réuni ce week-end environ 200 délégués élus lors des assemblées générales des 30 des principales universités du pays, permet de continuer le mouvement et proposer une direction alternative[2].

En plus, cet activisme large qui s’est formé dans les universités a permis d’avoir une incidence sur les autres secteurs: essentiellement les travailleurs et dans une moindre mesure les lycéens (qui ont une dinamique propre). A partir de presque toutes les universités ont été organisées des activités en direction des travailleurs: les différentes « visites » dont nous avons déjà parlé[3] ont continué à se développer et à s’approfondir, axées sur les cheminots qui pourraient être un « fer de lance » mais aussi sur d’autres secteurs comme l’automobile, les dockers, les postiers, les hôpitaux, les travailleurs administratifs des universités. C’est un activisme qui est encore mobilisé et qui garde l’envie de se abttre: le pari est de continuer à l’organiser, à se battre pour qu’il ne se démobilise pas et pour qu’il puisse faire sa « contribution » à la construction de la grève générale dans d’autres secteurs.

Dans ces deux dernières semaines, sont apparus sur la scène les lycéens. Pour le moment, leur mobilisation s’était réduite essentiellement aux lycées de Paris, avec peu d’impact sur la banlieue (nous n’avons pas un reflet clair du reste du pays, où des lycéens sont aussi très mobilisés et a priori de manière plus « diverse » qu’à Paris). Dans ces dernières semaines, les lycées de la banlieue sont entrés en scène avec des méthodes radicales: les blocages des établissements, avec des poubelles brûlées et y compris des affrontements avec la police. Une énorme vague de répression les frappe (et au mouvement plus généralement): il y a eu plus de 100 arrestations dans la région des Hauts-de-Seine ces deux dernières semaines; le mercredi 13, par exemple, onze lycéens de Villeneuve-la-Garenne ont été arrêtés et placés en gade à vue pour « détention de produits incendiaires », « outrage » et « violences volontaires sur personne dépositaire de l’autorité publique », et un étudiant de l’Université a été placé en garde à vue pendant 24 heures pour « incitation à l’émeute », pour avoir tout simplement apporté son soutien devant un lycée bloqué.

Il s’agit des souvent des lycéens des quartiers populaires, beaucoup d’entre eux des lycées techniques, c’est-à-dire composés de lycéens qui iront travailler directement après avoir fini le lycée. Dans ces secteurs, les statuts comme celuid’apprenti, par lequel les lycéens de 16 ans travaillent au sein des entreprises privées pour « se former » en n’étant payés que 25 % du salaire minimum (SMIC), sont généralisés… C’est donc un secteur qui souffre le plus fortement la précarité de l’emploi. Malgré une exposition aux sanctions ou des pressions des autorités scolaires, souvent sans pouvoir bloquer les lycées ou  « faire grève » (ne pas assister aux cours sans pour autant être pénalisés), ils ont participé activement et à un nombre important dans les mobilisations.

Enfin, il y a les travailleurs qui ont participé de façon plus fragmentée et sans être vraiment à l’avant-garde du processus en ce moment. Ceci est le résultat non pas d’un état d’esprit moins combatif chez les travailleurs (bien que sans aucun doute les « pressions » auxquelles est soumis travailleur sont potentiellement plus grande que celui d’un étudiant), mais des manœuvres et des dilations de la bureaucratie syndicale.

À l’heure actuelle, les principales directions bureaucratiques ont réussi à garder le contrôle de la situation et à gérer la colère de la manière dont ils le font toujours: avec des journées de grève isolées et espacées dans le temps, en fuitant comme la peste la convergence des étudiants et des travailleurs. C’est pour cela qu’il n’y a eu d’appel qu’à une seule  journée de grève générale (celle du 31 Mars) depuis le début du mouvement de la part des directions syndicales, et que la suivante sera un mois après celle-ci, le 28 Avril… La pression et la dynamique du mouvement étudiant ont forcé les confédérations syndicales ou les Unions Régionales ou Départementales à appeler aux journées de mobilisation organisées par la Coordination Etudiante et les organisations de jeunesse, comme celles du 17 et du 24 mars, mais sans les préparer vraiment.

Au-delà de la politique des directions bureaucratiques, la volonté de se battre et la colère chez les travailleurs est palpable. Dans toutes les journées, le 17, 24, 31 mars et 9 avril, la présence  de secteurs de travailleurs a été très importante; la grève du 31  a été très suivie dans l’industrie, les fonctionnaires, les enseignants, les ports, le transport. Dans les « visites », que les étudiants de l’Université de Nanterre avons réalisées à la gare Saint Lazare, nous avons pu voir chez les cheminots l’idée de la nécessité d’une grève générale reconductible, d’arrêter avec les journées saute-mouton.

Une seule journée ne suffira pas, il est le moment de se battre, qu’est-ce qui attendent les syndicats” (c.-à-d. leurs directions): voilà ce qu’exprimaient les cheminots avec lesquels nous avons discuté. A la SNCF, la journée du 9 mars fut la grève la plus importante depuis 15 ans: 70 ou 80 % de grévistes dans les métiers d’éxecution. La colère générale est très importante et de plus en plus de secteurs expriment l’idée que si les syndicats mobilisaient de manière conséquente, la force qu’ils pourraient construire serait suffissante pour battre en brèhele gouvernement et sa réforme. Le 28 avril sera un point important de convergence de  tous les secteurs…

Pour completer ce point sur « L’état du mouvement » nous dirons quelques mots sur le phénomène de la « Nuit Débout », de l’occupation des places, qui a été largement diffusée par la presse nationale et internationale (y compris de manière exagéré). Sans s’y attarder de manière exhaustive (du fait de la portée de cet article et de notre reflet limitée en ce qui concerne le phénomène), nous pouvons dire que celui-ci peut être un point d’appui pour la convergence de divers secteurs, un endroit dans lequel se donnent rendez-vous des centaines ou des milliers de personnes mobilisées tous les jours, y compris les secteurs qui ne sont pas attirés (pour diverses raisons) par les activités menées dans leurs propres lieux d’étude ou de travail , ou qui ne peuvent simplement pas s’organiser  « sur place » (soit parce que ce sont petites unités de travail, par peur ou parce qu’ils subissent déjà la répression patronale, etc)

Ce serait sans aucun doute d’un sectarisme criminel de se fermer à ce processus et de ne pas se donner une politique pour faire avancer cette expression du mouvement dans un sens progressif: encore plus lorsque certains éléments semblent indiquer que tout un secteur veut faire des places un  « quartier général de la lutte », veut aller au-delà, afin d’éviter de  « se renfermer statiquement dans un endroit », en considérant que les places devraient être un lieu où  « les choses commencent mais pas où elles finisent » et d’autres idées de ce type , avec la perspective globale de la grève générale.

Cela signifie, dans le même temps, de lutter contre toutes les tendances qui voudraient faire du mouvement des places une « fin en soi », dont l’unique utilité serait  « d’occuper le space », de  « créer de nouvelles formes de sociabilité » ou d’autres idées de ce type. Encore plus, cela signifie de combattre toutes les tendances électoralistes ou institutionnelles, qui veulent transformer le mouvements des places en un moyen de « faire pression sur les institutions », de « réformer la politique», ou tout simplement de construire un nouveau groupement de la gauche réformiste qui aspire à créer un « Podemos à la française ». C’est une lutte ouverte qui doit être développée.

La politique des directions

Nous voulons nous arrêter maintenant dans le rôle joué aujourd’hui par les directions des différents acteurs du mouvement contre la loi la Khomri. Le plus lamentable et traîtresse (même si ce n’est pas une surprise) est la politique de la direction de  l’UNEF. D’une part, ils agissent pour boycotter l’organisation et la mobilisation, surtout des organisations d’autodétermination démocratique du mouvement comme la Coordination Nationale Etudiante: il est très clair, le débordement de l’UNEF est maintenant un fait, au moins dans une partie des universités et pour la direction social-traîtresse de l’UNEF il s’agit de reprendre le contrôle du mouvement.

Cette politique contre l’auto-organisation fait partie intégrante d’une politique de trahison  « indirecte », qui a déjà été officialisée: la direction de l’UNEF salue toutes mesures annoncées le 11 avril par le gouvernement en direction des jeunes, précisant en même temps que  « la mobilisation contre la loi travail continue », appelant à se mobiliser pour la prochaine fois le… 28 avril! Après de se réunir une  ou plusieurs fois par semaine avec le gouvernement (sans aucun mandat et contre la décision explicite des assemblées des facs qui a été « pas de négociation! »), l’UNEF va essayer de faire passer l’idée que des « grandes victoires » ont été obtenus et essayéra de laisser le mouvement mourir lentement, boycottant et essaiyant de détruire les instances de mobilisation et de base.

La réaction de l’activisme et des courants qui luttons pour massifier et donner un cours ascendant à cette lutte pour avancer dans la convergence et faire reculer gouvernement et les patrons, a été rapide contre la trahison de l’UNEF. Dès le début, nous avons alerté sur le fait que c’était une erreur de négocier des aspects périphériques de la loi ou des améliorations partielles , puisqu’il s’agissait de se battre pour le retrait pur et simple. Dans le même temps, nous nous battons pour développer des organismes de démocratie directe et d’auto-organisation du mouvement, comme les Coordinations Etudiantes. Il s’agit maintenant de se battre pour cette orientation en direction des secteurs plus larges, ce n’est qu’en discutant et en gagnant les étudiantsà un programme cohérent et de lutte, que nous pourrons gagner.

Du côté des syndicats des salariés, la situation n’est pas du tout meilleure. Laissons de côté les traîtres habituels, la CFDT, qui a applaudi les miettes et a enterré le mouvement avant même qu’il ne soit né, soutenant le projet de Loi El Khomri… L’un des principaux problèmes de la situation actuelle est que les directions des confédérations syndicales qui ont appelé à la grève ne donnent pas de continuité et de perspective au mouvement, mais se limitent à des grèves passives et espacées dans le temps. Malgré les énormes réserves de lutte et de combativité, les directions bureaucratiques n’organisent pas la lutte, la massification, la convergence, la grève générale. C’est pourquoi elles n’appelent qu’à un jour de grève par mois contre une telle attaque contre des travailleurs.

Chez les cheminots, l’un des secteurs-clés, nous observons clairement cette stratégie de la bureaucratie. Les cheminots, ou au moins une partie importante d’entre eux,  sont encadrés par une réglémentation du travail interne. Celle-ci doit être discutée dans les deux prochains mois (mai et juin), à partir des propositions de la direction, pour être approuvé à la fin des « négociations ». Dans le contexte des attaques générales de la loi El Khomri, l’accord proposé est, comme il ne pouvait pas en être autrement, un catalogue de régressions sociales sur lequel nous ne pouvons pas nous étendre ici.

La direction de la CGT cheminots, principal syndicat du secteur, refuse d’unifier la lutte des cheminots avec la lutte contre la Loi El Khomri et  de préparer la grève reconductible. Ils affirment qu’ils ont un « calendrier propre », que les cheminots « peuvent gagner tous seuls », que ceux qui défendent la grêve ilimitée « envoyent les cheminots à l’abattoir ». La direction de la CGT cheminots est arrivé au ridicule d’appeler, en plus de la journée de grève nationale du 28 avril à laquelle toutes les confederations appelent, une journée de grêve des cheminots le 26: le petit détail est que le 27 est entre le deux et qu’il serait « très facile » d’organiser une grève de 72 heures qui serait le coup d’envoi de la grève reconductible…

Auto-organisation et convergence des secteurs pour préparer la grève générale

Il est essentiel de penser que face aux démostrations énormes d’énergie et de combativité du mouvement il faut se doter d’une politique pour remporter la victoire et approfondir plus stratégiquement les potentialités de cette expérience. Un programme qui fasse du retrait du projet de loi El Khomri l’axe de lutte de tous les secteurs dans les prochaines semaines, victoire à partir de laquelle dont nous pourrons nous battre ensuite pour le reste des revendications et développer tous les rages que le mouvement rassemble, que ce soit contre les violences policières, contre les guerres, la xénophobie,  la destruction de la planète.

En ce sens, la tâche centrale, la « clè de voute » de la situation, est de préparer et de construire la grève générale illimitée, bloquer économiquement le pays indéfiniment, jusqu’à  faire reculer le gouvernement. Ce n’est une surprise pour personne que si nous permettons que la bureaucratie afaiblisse et démobilise le mouvement avec des actions et des grèves espacés dans le temps, sans perspective et sans continuité, sans organiser des asseemblées de base, sans mettre au centre et à l’avant-garde de la lutte les travailleurs, les énergies s’épuiseront lentement :  c’est le pari  du gouvernement et du patronat.

Un point d’appui à cet égard est, comme nous l’avons dit, l’activisme qui s’est formé et structuré surtout chez les jeunes dans les universités, qui a la volonté de se lier aux secteurs des travailleurs et qui le fait déjà de manière systématique. Même en vacances, pendant les examens, avec les universités « vides », il est possible et nécesssaire de mettre en marche l’activisme qui s’est forgé et se battre pour qu’il aide à construire la grève générale. Les dizaines ou les centaines de comités de grève ou de mobilisation dans les universités, dans les lycées, dans les quartiers, qui organisent des milliers ou des dizaines de milliers, doivent continuer à contribuer à la massification du mouvement, mais aussi à la convergence avec d’autres secteurs, car des dizaines de milliers organisés au niveau national avec un objectif précis, la construction de la grève générale, sont un élément de poids dans la situation.

Les universités ont été un centre de convergence des secteurs en lutte[4]: dans le cas de Nanterre, les assemblées d’étudiants ont impulsé l’appel à plusieurs assemblées générales interprofessionnelles depuis le début de la lutte. Cette politique permet de se doter d’un espace de discussion et d’organisation qui rassemble tous les secteurs et renforce sa convergence: les cheminots, les travailleurs des hôpitaux, les employés des administrations étatiques et territoriales, des enseignants et des personnels de l’Université, postiers, tous ceux avec qui nous nous sommes liés et avec qui nous avons milité pour approfondir la lutte, peuvent s’organiser dans cet espace pour coordonner la bagarre et sa continuité. Des activités telles que des tractages et des discussions à la gare Saint Lazare, à PSA Poissy, à La Poste, au Centre d’Accueil et de Soins Hospitaliers de Nanterre, ont été réalisés avec cette perspective, impulsées la   par le Comité de Mobilisation de l’Université, dont nous faisons partie.

En même temps, cette perspective s’appuie sur les secteurs combatifs et anti-bureaucratiques qui existent dans les différents secteurs et qui luttent au jour le jour pour construire des organes d’auto-organisation et préparer la grève générale. À la gare Saint Lazare, ainsi que dans la plupart des grandes gares parisiennes, il y a des « Comités de Mobilisation » qui se réunissent, unifiant travailleurs syndiqués et non syndiqués, avec un « contrat stable » et contractuels, afin d’organiser la lutte indépendamment de la bureaucratie syndicale et construire la grève reconductible. Ces comités s’organisent aussi (même si le travail est encore initial) au niveau de la région parisienne. Les travailleurs des hôpitaux, par exemple, se sont appuyés sur le phénomène de l’occupation des places pour aller Place de la République et la rendre le « quartier général de la lutte » : un appel « Hopital Debout » a circulé et ils se réunissent depuis quelques hours à la Place de la République dans l’après-midi. Partout aparaissent des organismes de base pour préparer la grève, et la convergence entre cette implantation  et activité quotidienne et l’impact et l’énergie de la jeunesse peut être explossive…

Les militants révolutionnaires peuvent jouer un rôle central dans cette lutte. Le NPA a défendu l’auto-organisation, la convergence des différents secteurs, la construction de la grève illimitée. Sa présence dans le mouvement étudiant, dans les quartiers, dans des secteurs des travailleurs, doit permettre de frapper ensemble avec cette orientation, afin de déborder la bureaucratie syndicale et de construire un affrontement généralisée contre le gouvernement. En ce sens, le NPA doit avancer dans l’élaboration d’une orientation globale et se doter de tous les outils nécessaires pour la porter collectivement, afin de combattre toutes les tendances bureaucratiques dans le mouvement, la dispersion, la fragmentation et la démoralisation, en s’appuyant et en développent tous les éléments progressistes, d’un potentiel énorme, qui existent dans le mouvement actuel.

Retrait de la Loi El Khomri!

Pour l’auto-organización des éstudiants, lycéens et travailleurs!

Pour la convergence de tous les secteurs en lutte!

Dans le chemin de la grève générale reconductible!

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[1] Circonstances qui expliquent en partie pourquoi ces luttes ont été fragmentaires, isolées et minoritaires, cela sans compter la politique perfide des directions syndicales dans chacune de ces batailles. Cependant, la vague de sympathie atuour de la « chemise arrachée » d’Air France présagait déjà un changement dans l’état d’esprit global…

[2] Pour garder la proportion des choses et les pieds sur terre, il faut souligner que l’UNEF et l’UEC ont décidé de boycotter la dernière Coordination Nationale Etudiante qui s’est réunie le 9-10 Avril à Nanterre, après avoir perdu les principales votes (porte-paroles élus et révocables par le mouvement, réalisation d’une CNE chaque week-end ; ce à quoi l’UNEF et l’UEC s’opposaient) dans la CNE du 2-3 Avril à Rennes. Comme résultat de ceci, le nombre d’universités représentées est descendu de 80 à 30 (là où l’UNEF ou l’UEC sont majoritaires, il n’y a pas eu de délégués élus pour la CNE), bien que la plupart des universités les plus mobilisées ont été représentées : toutes les facs de la Région Parisienne, Lyon, Toulouse, Rennes, Strasbourg et bien d’autres…

[3] Quand les étudiants se rapprochent des travailleurs, disponible sur :  http://www.socialismo-o-barbarie.org/?p=7600

[4] Il s’agit d’un rôle que, seulement en partie et comme résultat d’une bataille politique qui n’est pas encore gagnée et que nous devrons approfondir, pourrait commencer à jouer le « mouvement des places », si celui-ci se développe dans un sens progressif. Nous ne pouvons pas nous étendre ici sur ce sujet.

Par Luz de Norte (Buenos Aires) et Ale Vinet (Paris)

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