Abr - 30 - 2016

Hier ont été annoncés les résultats des élections au Directoire Central d’étudiants de l’université de Sao Paulo, remportées par la liste « Faire le Printemps » avec 3398 voix. Le résultat est significatif car il faut le rapporter à une population totale de 7841 voix, très au-dessus de la deuxième place, de la liste « USPInova » (intégrée par des étudiants du PSDB, parti de droite), qui a obtenu 1592 voix.

Cette élection a eu lieu dans une situation pas du tout facile pour les étudiants et les travailleurs. Au niveau national nous assistons à une offensive réactionnaire à travers l’impeachment qui cherche à m’être en place un gouvernement néolibéral « pure sang » dans la perspective d’imposer des attaques encore plus profondes contre les travailleurs. Le milieu universitaire n’est pas étranger à cette situation : nous vivons aussi une offensive réactionnaire qui vise à créer des conditions de précarisation et de privatisation de l’université.

Dans ce contexte, le Conseil de Centres Académiques (qui regroupe les « Syndicats étudiants » des différentes filières, NdT) a voté un calendrier électoral pas du tout favorable au débat, car à la fin de la période d’inscription des listes il n’y avait qu’une semaine pour la campagne, ce qui a clairement nuit à la présentation et à la discussion des projets des différentes listes. Mais le plus grave de cette élection a été la fragmentation de la gauche socialiste qui s’est présentée divisée en quatre listes (« Faire le Printemps », « Changement de sens », « Mon chant de guerre » et « Nouvel Juin »)

Cette fragmentation s’est produite principalement pour deux raisons. La première erreur a été commise par le PSTU (Parti Socialiste des Travailleurs Unifié) qui a rompu avec l’alliance de laquelle elle faisait partie depuis des années et a lancé la liste « Changement de Sens » dans le contexte d’une offensive de la droite. Cette posture rupturiste et sectaire du PSTU dans l’université n’est pas une surprise : elle fait partie d’une ligne nationale qui ne voit pas que dans la situation actuelle nous avons besoin de la plus large unité de la gauche socialiste dans la lutte et dans les élections afin créer un pôle d’indépendance de classe.

Comme conséquence de ce sectarisme, le résultat électoral du PSTU a été désastreux. Étant la deuxième force politique du mouvement étudiant dans l’université de Sao Paulo il a obtenu 650 voix sur 7841, ce qui constitue sans doute une défaite politique, et exprime le rejet raisonnable ses activités de l’université de cette politique sectaire à l’intérieur et à l’extérieur de l’université.

L’autre erreur qui a favorisé la fragmentation a été commise par la liste Faire le Printemps car bien qu’elle a remporté les élections, elle a refusé d’ouvrir un processus plus large d’incorporation de toutes les forces politiques de la gauche socialiste, représentées par la liste Nouvel Juin et par d’autres. Cette posture doit être corrigée sans la prochaine période, car dans ce scénario d’offensive réactionnaire il faut construire l’unité de la gauche pour faire face aux attaques en cours.

La victoire politique de la liste Nouvel Juin

La liste Nouvel Juin[1] (intégrée par des étudiants non organisés de différentes filières et par des étudiants de Socialisme ou Barbarie) a obtenu 144 voix. C’est un résultat tes important pour un début dans la dispute électorale du DCE, car nous avions en face des forces de gauche qui sont implantées dans l’université depuis des décennies.

La liste Nouvel Juin, qui intègre plusieurs étudiants de l’IGC (Institut de Géosciences) est une force qui a contribué de manière significative au processus de politisation de cet institut. Dans l’élection pour le DCE de l’année dernière, où nous n’avions pas présenté de liste, il n’y a eu que 32 voyants au total pour les élections : dans l’élection de cette année, avec notre contribution, il y a eu 138 votants.

Mais il ne s’agit pas d’une simple croissance de la participation électorale mais sans aucun contenu politique : au contraire, dans l’IGC la liste Nouvel Juin a obtenu 108 voix, Faire le Printemps 21 voix et USPInova à peine 1 voix. Ce que l’on observe c’est un claire virage à gauche dans l’Institut comme résultat d’un processus qui combine des difficultés matérielles croissantes avec une réflexion politique –à laquelle Nouvel Juin a contribué de manière importante- qui avance dans le sens qu’une issue favorable pour l’Institut et pour l’université n’est possible qu’à partir de la lutte.

La liste Nouvel Juin est sortie renforcée de cette élection, avec un résultat qui la place devant diverses forces politiques bien plus implantées dans l’université. Cette victoire politique dans notre première élection a été possible car nous avons été la seule liste qui a mené (et qui continuera à mener) une bataille pour l’unification de la gauche socialiste dans la lutte et dans les élections, une politique que de plus en plus d’étudiants considèrent nécessaire pour faire face à l’offensive réactionnaire à l’intérieur et à l’extérieur de l’université.

En plus, nous sommes implantées de manière structurelle et nous avons contribué de manière effective aux processus de politisation de filières qui avaient déjà eu une participation importante dans le mouvement étudiant mais qui étaient « livrées à leur propre sorte » dans la dernière période. Cette implantation nous a permis de construire quotidiennement avec les étudiants un rapport de confiance politique qui a donné lieu au score de Nouvel Juin de près de 80% dans l’IGC.

Ayant compris la nécessité fondamentale de l’actuel moment politique -l’unité de la gauche- et étant organiquement liés aux luttes immédiates des bases, nous pourrons avancer dans le processus d’implantation dans d’autres filières, dans les activités à l’intérieur de L’IGC et dans le mouvement étudiant dans son ensemble. Nous félicitons ceux qui ont su capter l’esprit de leur temps et le mettre en pratique à travers la préparation, la présentation  et la défense de la liste Nouvel Juin pour le DCE. De nouvelles luttes et de nouvelles victoires viendront !

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[1] En Juin 2013, un énorme processus de lutte impulsé notamment par la jeunesse a démarré contre la hausse des prix des transports. Cette lutte a donné lieu à une victoire et a été le point de départ d’un processus de politisation et d’organisation de secteurs importants de la jeunesse.

Socialisme ou Barbarie, par Antonio Soler, le 17/04/2016

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