Sep - 7 - 2017

Au cours des 26 à 31 août, le Nouveau Parti Anticapitaliste a tenu son université d’été dans la station balnéaire de Port Leucate. Cet événement, auquel ont participé environ 700 militants, a eu un grand nombre de débats et de conférences politiques dans lesquels les questions nationales et internationales les plus variées ont été discutées, en mettant l’accent sur les tâches de la gauche révolutionnaire contre l’offensive réactionnaire du nouveau gouvernement de Macron et les débats stratégiques de l’orientation et de la construction du parti dans ce contexte-ci.

Pour notre part, notre courant Socialisme ou Barbarie a participé avec une délégation de cinq camarades de France, d’Espagne et d’Argentine qui ont participé en tant que panélistes à une conférence consacrée à l’émergence et aux perspectives du mouvement «Ni una menos» (Pas une en moins) en Argentine, avec une collègue italienne, qui a partagé l’expérience de la réplication de ce mouvement dans son pays.

La conférence a réuni plus de trente personnes, la plupart des femmes, interesées pour savoir plus de cette riche expérience d’organisation et de lutte, qui a réussi à mettre en place un agenda du mouvement féminin dans le panorama politique du pays, avec des exigences telles que: l’étouffement des femicides, l’avortement livre, légal et gratuite à l’hôpital, l’égalité de rémunération pour un travail égal, le licenciement des juges et des fonctionnaires qui protègent la violence sexiste, la séparation de l’Église et de l’État, l’éradication de la violence sexiste et la construction d’abris pour les victimes, le démantèlement des réseaux de traite, entre autres.

Les camarades du groupe féministe Las Rojas ont expliqué que le “Ni una menos” a été établi dans le calendrier politique annuel avec sa première mobilisation, le 3 juin 2015, suite à un appel d’un groupe de journalistes, suivi par plus de 300.000 personnes, qui ont réagi contre l’énorme quantité de femicides dans le pays. Le cas de Chiara, une fille de quatorze ans assassinée par son ex-partenaire, a déclenché cet appel qui a finalement massifié un mouvement de femmes qui avait déjà accumulé des expériences de lutte et d’organisation au cours des années et des décennies.

Dans ce sense là, les camarades ont partagé l’expérience de la construction de Las Rojas, un groupe de femmes formé il y a plus d’une décennie, avec la perspective féministe socialiste, qui explique que le problème de l’oppression des femmes est dû à une relation structurelle qui est le patriarcat, une institution dont le capitalisme s’est servi historiquement pour reproduire le système d’exploitation. Par conséquent, la lutte contre le patriarcat ne peut être détachée de la lutte contre le capitalisme.

De cette façon, l’intervention dans chaque cas particulier permet au même temps de dénoncer la complicité de la justice patriarcale, qui cherche toujours à protéger les violeurs et les féminicides. L’établissement du slogan selon lequel «l’État est responsable» est fondamental, dans la différenciation stratégique avec le féminisme institutionnel, par l’animation d’un mouvement féministe de lutte dans les rues, qui met en évidence le rôle de la justice et de l’État.

Au cours de la conférence, des cas emblématiques du mouvement féminin en Argentine, comme ceux de Marita Verón ou Romina Tejerina, ont été mentionnés, tandis que des triomphes importants ont été mis en évidence, comme celui de Rocío Girat, qui a réussi à condamner son père violeur, qui était un membre des forces armées; celui d’Alika Kinan, survivante d’un réseau de traite et d’exploitation sexuelle qui a gagné le procès contre l’État et ses proxénètes; ou les récentes campagnes nationales pour la libération de Higui et de Belén, qui avaient été emprisonnées pour se défendre de leur violeurs et pour souffrir d’une fausse couche, respectivement. Tous ces cas ont réussi à obtenir des  résultats favorables pour ces femmes grâce à l’existence d’un mouvement féministe qui a accompagné chacune des plaintes avec des journées intenses de mobilisation dans les rues et des interventions dans les médias, exerçant une telle pression sur la justice et l’État, qui ont enfin dû reculer et se prononcer contre leurs verdicts initiales.

Au même temps, les camarades ont fait allusion au cas récent de Juana en Espagne, une femme battue par son ancien mari italien, qui a fui l’Italie avec ses enfants après avoir déposé la plainte auprès de son ancien partenaire. De là, la justice a accusé rien d’autre que l’enlèvement, exigeant la livraison immédiate des enfants à son père violent. Dans cette action, la justice a mis en évidence son caractère patriarcal explicitement, en se mettant du côté du victimisant et en accusant la  victime. Malheureusement, la confiance dans le processus légal de Juana et ses avocats et la manque d’un mouvement massif de femmes pour la soutenir dans les rues a provoqué une défaite. La décision judiciaire a accordé la possession des enfants au père punitif, qui est retourné en Italie, avec les enfants. Ce cas, dans le contexte d’un nombre croissant de féminicides dans différents pays européens, montre la nécessité de construire un mouvement féministe qui lutte dans la rue, de manière indépendente de la justice et des gouvernements, et c’est pour cela que l’expérience argentine peut servir à fournir des leçons et des conclusions issues des luttes elles-mêmes.

À cet égard, les panelistes ont mentionné le Rencontre Nationale des Femmes, une instance qui existe depuis des décennies en Argentine, avec une réunion annuelle qui a réuni  un maximun d’environ 100.000 femmes. Cet événement prend de plus en plus d’importance au fil des années, grâce à l’intervention de diverses organisations de femmes qui ont lutté pour politiser et massifier l’événement de plus en plus, en particulier dans le cadre de la lutte contre les feminicides et pour l’avortement légal. Ainsi, elles ont fait allusion à l’un des principaux débats actuels au sein de cette rencontre, qui est celui de la prostitution, où Las Rojas jouent le rôle de défendre clairement la perspective abolitionniste, qui sera encore une fois l’un des points forts de discussion lors de la prochaine réunion du Chaco en octobre.

Suite à tout ce qui a été discuté dans l’atelier et dans les différents espaces consacrés au féminisme au cours de l’université d’été, la conclusion que nos atirons c’est que la tâche pour les révolutionnaires de créer des organisations féministes et socialistes et d’intervenir avec une politique de genre est aujourd’hui considéré comme un besoin d’une urgence immédiat, qui a au même temps, une énorme importance stratégique. Cela s’explique par le fait que, pendant ces dernières années, il y a eu une sensibilité particulière, dans le monde entier, en ce qui concerne les questions de genre qui ont conduit à l’émergence de phénomènes des masses, même avec des instances de coordination internationale. Le mouvement féminin est le premier mouvement social et politique du monde entier et ce fait a été ratifié cette année dans la “Women´s march” le 22 janvier contre l’arrivé de Trump au pouvoir; dans les mobilisations internationales du 8 mars, qu’en Argentine se sont realisé sous la forme d’une «grève des femmes», prenant l’exemple des femmes polonaises, avec l’importance stratégique de l’alliance entre le mouvement féminin et la classe ouvrière. Pour ces raisons, il est essentiel d’élargir et de renforcer les liens de coordination, d’échange et d’organisation, avec des camarades qui partagent cette perspective, en comprenant que la lutte contre le patriarcat et le capitalisme, pour changer ce système et pour créer une nouvelle société sur des bases différentes, ne peut pas se faire que par une organisation conjointe, révolutionnaire, féministe et socialiste au niveau international.

Où est Santiago Maldonado?

D’autre part, l’université d’été a également été l’occasion de faire connaître et d’étendre la solidarité internationale par le scandaleux cas de disparition forcée de Santiago Maldonado qui est passé il y a plus d’un mois, aux mains de la gendarmerie nationale argentine. En ce sens, le soutien exprimé par Philippe Poutou, ancien candidat à la présidence et principal porte-parole du NPA a été très important. Le travailleur de Ford a rejoint la campagne en envoyant une photo portant un affiche, avec un slogan clair, visant à démasquer la complicité du président et de la ministre de  défense: “Où est Santiago? Macri et Bullrich responsables.”

Socialisme ou Barbarie-Las Rojas Europe

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