Sep - 6 - 2014

Le mardi 26 les employés de Donnelley se sont mobilisés au tribunal qui s’occupe de la procédure de liquidation judiciaire pour rencontrer le juge et le syndic pour réclamer leurs salaires, le paiement de l’acompte qu’Atlantis aurait fait  des  ouvrages  exécutés sous l’occupation de l’usine et une caution de plusieurs millions qui, selon le ministre du travail Carlos Tomada, existerait pour  répondre à ces besoins. Le juge a reçu les travailleurs et a demandé  une semaine pour étudier le problème et le résoudre.

À partir du lundi, les ouvriers ont commencé à signer la pétition suivante: « Nous soussignés, travailleurs de RR Donnelley en liquidation judiciaire avec notre commission interne, exprimons notre volonté de maintenir la continuité de l’exploitation de l’usine. Également nous exprimons que nous serions d’accord qu’une des options viables soit  sous forme de coopérative, ainsi que l’achat de part d’un investisseur privé tant que soient maintenues  nos  conditions de travail, de salaire et que tout le personnel garde son emploi. Sans préjudice à maintenir et soutenir la revendication ou le projet de loi défendant la nationalisation avec expropriation sous gestion ouvrière. »

Dans cette pétition est claire la conviction des camarades de défendre tous les emplois mais il met  pratiquement un signe d’égal entre la coopérative, un nouveau patron qui respecte les conditions de travail, salaire, etc. et la nationalisation. Il est vrai que la politique ne se réduit pas au programme de la lutte, mais aussi qu’elle ne pourrait pas réduire le programme jusqu’à le faire disparaitre. C’est pourquoi les camarades doivent définir ce qui est, vraiment, la perspective pour laquelle ils se battent, quel serait le moyen de vraiment, garantir la continuité des emplois et de leurs conquêtes et de voir à partir de là quelles conditions existent pour y arriver.

À notre avis, on devrait exiger au gouvernement de Cristina Kirchner, tout d’abord, qu’il prenne en charge les salaires non payés, le financement nécessaire à la production, qu’il garantisse  les emplois et en fin de compte la nationalisation sous contrôle des travailleurs de l’usine. Nous présentons ci-dessous un  tract sorti par un groupe de compagnons de Donnelley, qui a la valeur énorme de poser que le seul moyen efficace de garder tous les emplois, les conditions de travail, les salaires et d’autres acquis obtenus au cours des années de lutte est la nationalisation, ou comme disent les camarades dans le texte, que le gouvernement prenne en charge tout, mais sous contrôle ouvrier.

Nous présentons ci-dessous un tract distribué par des camarades de Donnelley à l’intérieur de l’usine.

Il faut lutter pour la nationalisation !

Seulement deux semaines se sont écoulées depuis ce lundi (11/08) où nous nous nous sommes présentés à travailler et nous avons appris la décision de l’employeur de fermer l’usine et de laisser tout le monde dans la rue. Toutes les craintes que nous ont traversé la tête. Jusqu’à ce que, dans l’assemblée générale, nous avons décidé d’entrer, de prendre l’usine et de relancer la production. Nous avons voulu montrer à tous que nous allions nous battre jusqu’au bout pour défendre nos emplois. Et, sur le tas et en seulement deux semaines, nous avons démontré à nous-mêmes que nous pouvions. Oui, ça a été difficile et c’est toujours difficile. Mais on a appris  que les travailleurs pouvons diriger  la production et les choses se passent bien; que les employeurs ne sont pas nécessaires pour cela et, avec tous les efforts que nous faisons pour nous organiser, pour nous aider tous, , nous pouvons garantir la production. Cela nous donne beaucoup de forces!

Aujourd’hui, également, de nouveaux défis se nous imposent. Et l’Assemblée Générale est un moment clé. Le syndicat vient avec une proposition: si les travailleurs acceptons la coopérative, nos salaires seront garantis   pendant 3 mois. Oh et plus, ils viennent avec des dates limites: tout doit être défini avant mercredi. Tout d’abord, ne nous trompons pas. Ce n’est pas une proposition, c’est une extorsion qui cherche à s’imposer grâce aux craintes que certainement beaucoup d’entre nous avons. Comme nous avons besoin de nos salaires, ils savent qu’ils peuvent en profiter de ce besoin pour nous faire, grâce aux craintes, grâce à la nécessité, accepter la coopérative Nous devons savoir que c’est ça qu’ils cherchent et nous ne pouvons pas permettre qu’ils se servent de nos besoins pour nous extorquer

Une chose est claire, si nous sommes aujourd’hui plus que préoccupés par le paiement de nos salaires, après avoir travaillé pour sortir commande après commande de ll’éditoriale Atlantida, c’est précisément parce que le syndicat lui-même a  pressionné Atlantida pour que nous ne soyons pas payés, et et pour qu’il donne cet argent directement au syndic [1] . Et maintenant ils veulent nous faire croire qu’ils défendent nos intérêts,  qu’ils sont de notre côté? N’oublions pas que nous venons d’un long combat où  c’est nous qui, avec  des travailleurs d’autres entreprises, avons garanti qu’ils ne fassent pas, dans d’autresimpriméries, les travails que nous faisions ici. Ou est-ce que le syndicat a appellé à une grève de toute la branche pour défendre nos emplois? Contre cette extorsion, nous devons être fermes, confier en nos propres forces et n’avoir aucune confiance en ce qu’ils vont nous promettre. 

Ce que nous devons décider est comment nous allons défendre notre travail. Ce n’est pas avec des promesses vides. Trois mois de salaire? Et ensuite quoi? Oh, la coopérative. C’est-à-dire, que tout le monde s’en lave les mains tandis que nous devons travailler comme des chiens pour produire des commandes que nous pourrions obtenir pour couvrir nos salaires, alors que nous sommes en concurrence avec beaucoup de compagnies qui peuvent faire notre travail. Et puis ce  qu’est-ce qu’on nous demandera? Que nous payons les dettes de nos anciens patrons ? Ce n’est pas ce qu’il nous faut. C’est ce  qu’ils nous veulent imposer.

Qu’ils ne nous arnaquent pas. Si le syndicat apporte cette proposition, c’est parce qu’il a déjà accordé avec le gouvernement cette soi-disant solution. Alors, quelle est l’idée? Parce que le gouvernement n’a pas cessé de dire les premiers jours que les employeurs étaient des vautours et qu’il allait les poursuivre pénalement, mais c’étaient des discours de courte durée. Et en plus, ils écrivent dans les journaux affines au gouvernement que le mieux ce serait que Szpolski, un patron ami du gouvernement, s’occupe de l‘entreprise; bien sûr, avec 200 travailleurs en moins. Que veulent-ils ? En profiter de nos besoins  pour nous faire accepter la coopérative, que nous soyons impossible de la maintenir et ainsi Szpolski « le sauveur »  vienne s’en occuper de la situation, en imposant ses conditions?

Cela nous ne pouvons pas le permettre! Nous devons être fermes. Tout le monde, le syndicat, le gouvernement, le syndic, les patrons, ils ont leur politique et ils  veulent nous l’imposer. Il est très important que nous disons ce que nous voulons, comment nous allons défendre notre travail. Pour cette raison, nous sommes convaincus que la seule façon de vraiment garder les emplois est la nationalisation.

C’est l’État qui doit s’en occuper, on ne peut pas leur laisser s’en laver les mains et nous passer le problème. C’est le patron qui est parti. Ce n’est pas à nous de payer pour cette situation. Nous sommes plus que disposés à relancer la production et donc nous l’avons prouvé tous les jours, mais c’est l’État et le gouvernement qui doit  prendre en charge  économiquement cela. Ils ont nationalisé Ciccone pour cacher les affaires de corruption de Boudou, le vice président; avec quel argument peuvent-ils dire qu’avec Donnelley, il ne faut pas le faire ?

Nous devons nous organiser dans cette perspective! Batailler durement pour la nationalisation; une nationalisation où le gouvernement  garantisse le financement, tout d’abord le paiement des salaires et où nous continuons en définissant la façon dont nous produisons et ce que nous faisons avec cet argent, où nous gardions le contrôle de la production.

Nous ne sommes pas innocents. Nous savons que la lutte est difficile. Nous savons que personne ne va  nous donner quoi que ce soit, et moins encore quand ils ont d’autres plans pour nous. Mais nous sommes ici, solides, debout sur nos propres forces. Est-ce que quelqu’un aurait pu imaginer qu’un jour nous allions occuper l’usine?, Travailler sans aucun patron? Et pourtant, nous sommes ici. Voilà la force que nous avons les ouvriers et pour cette raison, nous pouvons aller plus loin. En renforçant notre point d’appui le plus important de la lutte en ce moment, l’occupation de l’usine. Et en avançant dans l’unité et dans la détermination à se battre pour ce qui est le seul moyen de défense réelle de notre travail. Et en renforçant l’unité avec les autres travailleurs qui luttent et s’affrontent à un gouvernement qui non seulement refuse d’entendre leurs revendications, mais qui est le premier à vouloir vaincre leurs luttes et à les laisser dans la rue, avec l’aide des syndicats bureaucratiques proches du pouvoir.

Par conséquent, il est très important que nous discutions à fond dans l’assemblée générale, que nous ne nous laissons pas extorquer. Nous pouvons renforcer la caisse de grève. Ne permettons pas que nos contraintes matérielles servent à leurs chantages. Nous avons confiance dans nos propres forces. Nous ne sommes pas seuls. Il y a d’autres travailleurs qui luttent aussi. Et bien d’autres encore qui nous joindraient si les travailleurs de Donnelley tracent le chemin : aucun travailleur dans la rue ! Nationalisation sous le contrôle des travailleurs de toute entreprise qui ferme ou licencie!.

Nous appelons à ce jeudi, jour de grève générale où beaucoup de travailleurs ferons de cette grève une journée active, défendre dans la rue cette revendication.

Travailleurs de Donnelley pour la nationalisation

 


[1] N.D.T. – Après l’occupation de Donneley, l’Editoriale Atlantida, principal client de cette imprimerie, s’est engagé à continuer de passer les commandes auprès des travailleurs. La gestion ouvrière de Donnelley a imprimé ces commandes, mais Atlantida n’a pas réglé ces commandes directement auprès des travailleurs mais, sous pression de la bureaucratie syndicale, elle a donné cet argent au syndic qui s’occupe de liquidation. C’est l’acompte dont les camarades parlent au début du tract.

Travailleurs de Donnelley pour la nationalisation, paru en Socialisme ou Barbarie N°302, 29/08/2014

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