Sep - 15 - 2014

La semaine prochaine, le jeudi 18 septembre, aura lieu en Ecosse – la région du Nord de la Grande-Bretagne- un référendum. On votera  pour oui ou non à la question suivante: «devrait l’Ecosse être un pays indépendant? »

Si la majorité votât pour le « Oui », la rupture (presque finale) du «United Kingdom», le «Royaume Uni» commencerait. Sous l’hégémonie de l’Angleterre – c’est-à-dire, de l’impérialisme angles – et de la monarchie basée à Londres, le Royaume-Uni à son apogée a inclut en plus de l’Angleterre, le pays de Galles (Wales), l’Écosse et l’autre grande île, l’Irlande.

De l’Irlande, qui est devenu indépendant pour la plupart en1922, il ne lui reste que le petit Ulster (également appelé « Irlande du Nord »). Si l’Écosse («unie» entièrement à l’Angleterre depuis 1706/07) aussi déclarasse l’indépendance, il serait en fait la fin du Royaume Uni…   Seulement le pays de Galles, où il y a une montée autonomiste mais pas encore séparatiste, resterait.

En outre, l’Angleterre a été la tête du British Empire, l’Empire Britannique, le plus puissant jusqu’à  la Premier Guerre Mondiale et encore avec une grande vigueur jusqu’à la Seconde. Ses dominions, colonies, protectorats et autres territoires gouvernés ou administrés par la couronne britannique, ont inclut de l’Inde au Canada, une grande partie de l’Afrique, l’Egypte, la Palestine, la Mésopotamie et d’autres territoires du Moyen-Orient, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, ainsi que divers enclaves comme les Îles Malouines (Falklands) ou le précieux Hong Kong, récupéré par la Chine récemment en 1997.

L’organisation d’un référendum sur l’indépendance de l’Écosse était jusqu’à récemment une nouvelle presque inexistante dans la presse européenne et mondiale (seulement on en parlait en Espagne, par le « désordre » de Catalunya et Euzkadi). Ils ont  tenu pour acquis que le « non » allait gagner en Ecosse à une écrasante majorité. Mais la situation s’est renversée ces dernières semaines. Les enquêtes ont révélé une croissance rapide du « Oui » à l’indépendance. Les plus récents lui donnent vainqueur, mais par une marge étroite: 51 %.

Une situation qui s’est retourné contre le régime

Cette hypothèse – que la grande majorité voterait pour continuer à intégrer la Grande Bretagne – a probablement motivé la facilité avec laquelle Londres, à l’époque, a admis que le Parlement écossais convoque le référendum. Cela peut se retourner contre eux. C’est pourquoi les alarmes sonnent non seulement en Angleterre, mais dans l’ensemble de l’Union européenne.

Les conséquences commencent à s’exprimer, tout d’abord, avec la chute de la livre sterling face au dollar et à l’euro, ainsi que des cotisations à la bourse de Londres de différentes entreprises et grandes banques, qui seraient dans une mauvaise situation en cas de rupture.

Le vote pour l’indépendance pourrait commencer une réaction en chaîne qui s’étendrait bien au-delà de ce qui veulent, tant à Londres que ceux qui ont approuvé le référendum au Parlement écossais à Edimbourg.

En principe, le parti nationaliste bourgeois qui domine jusqu’ici le mouvement pour l’indépendance – le SNP (Scottish National Party, Parti National écossais) – est un force ultra-moderée, pour ne pas dire  conservatrice. Son « indépendance » de l’Angleterre est de très courte portée. Elle propose non seulement, par exemple, continuer avec la livre sterling anglais comme monnaie, mais aussi avec l’actuelle reine Elizabeth à la tête du « nouvel » État écossais (mais maintenant comme règne indépendant). C’est-à-dire, il n’y aurait même pas une République d’Écosse indépendante!

Le fait est que le SNP répond aux secteurs de la bourgeoisie que, d’une part, veulent donner une issue nationaliste mais ultramoderée au mécontentement croissante des masses ouvrières et populaires, frappées par la crise et le chômage. Le sentiment populaire pour l’indépendance se justifie car, en effet, l’Écosse a payé en grande partie le coût du déclin du Royaume Uni même depuis avant la Deuxième Guerre Mondiale.

Maintenant, le gouvernement conservateur de David Cameron  et ses mesures d’austérité « sauvages », ne stimulent pas les écossais à continuer dans le même bateau.

Mais, en revanche, il y a un autre facteur qui pousse à la rupture, tant aux secteurs  de la bourgeoisie comme populaires. Il s’agit des illusions dans l’idée que l’Ecosse réussisse à  « se sauver » de l’interminable crise européenne, en devenant un état pétrolier, pas comme le Koweït et les Emirats, mais au moins comme la Norvège.

En effet, dans la mer du Nord, qui baigne à l’est les côtes de l’Ecosse, il y a des grands gisements d’hydrocarbures. Grâce à eux la Norvège, sur la côte opposée, soufre beaucoup moins de la crise. La rente pétrolière couvre les déficits.

Continuer sous la tutelle du Royaume-Uni, implique pour l’Ecosse recevoir seulement quelques redevances pauvres tandis que Londres encaisse la plupart des bénéfices. En revanche, l’indépendance (même avec la Reine Elizabeth en remorque) signifie que tous les revenus du pétrole iront dans la poche du nouveau État écossais… et de ses capitalistes.

Nous soutenons le droit à l’indépendance, mais nous il ne faut pas se faire d’illusions si celle-ci  reste dans les mains de la bourgeoisie.

Les travailleurs et la population écossaise ont le droit de devenir indépendants du Royaume-Uni. Mais si l’indépendance reste entre les mains de la bourgeoisie (via le Parti National écossais ou d’autres forces), ils gagneront peu ou rien avec ce changement.

Les aspirations à l’indépendance sont justifiées non seulement par la crise actuelle. L’assujettissement de l’Écosse à l’Angleterre, bien qu’il ait été réalisé avec la collaboration et la complicité de la plupart de l’aristocratie écossaise, a signifié une tragédie pour de larges secteurs populaires L’ascension mondiale de l’Empire britannique a masqué cela. Mais ensuite son déclin l’a encore mis en évidence.

Mais dans le contexte de la crise actuelle, ni là, ni dans le reste de l’Europe, la solution profonde ne sera la prolifération de mini-États, bien qu’il  y ait des raisons justifiées pour lesquelles le mécontentement populaire s’exprime dans ce sens. Tout en soutenant ce droit, nous soulignons la nécessité de construire une alternative  de classe, aux côtés des travailleurs britanniques et de tout le Royaume-Uni.

L’Europe: Les barbes à tremper…

 « Si tu vois la barbe de ton voisin brûler, tu peux mettre la tienne à tremper. »

Cet ancien proverbe s’applique aujourd’hui, face à la perspective que le référendum de la semaine prochaine en Ecosse consacre la sécession de l’un des plus importants États d’Europe, qui, conjointement avec la France, l’Allemagne et la Russie, était un de ceux qui ont déterminé la configuration du continent depuis la révolution industrielle et la révolution française.

Mais la « inquiétude » européenne face au référendum en Ecosse n’est pas tellement liée à la nostalgie du passé, mais aux dangers présents. Une des principaux est que, dans le contexte de la crise, plusieurs séparatismes peuvent être encouragés.

Et il ne s’agit pas des problèmes dans la lointaine Ukraine… Consommé la division du Royaume Uni, il y aurait un exemple concret qui pourrait avoir encore plus d’imitateurs dans l’Occident.

À la tête de ces craintes se trouve bien sûr l’État espagnol, qui fait également face à une crise économique et sociale plus grave que le Royaume-Uni et aussi à une détérioration et à une perte de légitimité plus grande  de l’appareil politique et du régime monarchique. Le 9 novembre prochain, le Parlement de Catalogne a appelé un référendum semblable à l’écossais, mais avec deux questions: «1) Voulez- vous que la Catalogne soit un État?» et 2) « Si oui, voulez-vous que cet état soit indépendant? ».

À la différence du Royaume-Uni, il n’y a toujours pas d’accord entre les gouvernements de Barcelone et de Madrid sur ce referendum. Ce dernier serait déterminé à l’empêcher par la force… et les politiciens qui lui impulsent en Catalogne ne semblent pas décidés à aller jusqu’au bout, comme les indépendantistes républicains du siècle passé. Cependant, ce n’est pas « rassurant ». Puisque en plus la Catalogne n’est pas la seule région de l’État espagnol située dans le chemin de l’independentisme. Le pays Basque est également un candidat à la rupture.

Mais l’État espagnol n’est pas le seul en difficulté. Il y a des problèmes dans d’autres pays, bien qu’en général moins graves.

La Belgique est celui qui présent une situation plus complique. La division de la Flandre et la Wallonie reste non résolue. En mai dernier, le parti Nouvelle Alliance Flamande (Nieuw-VlaamseAlliantie, N-VA) a remporté les élections avec un programme qui défendait la séparation des deux régions. En Italie, le séparatisme du Nord, encouragé par la droite de la Lega Nord, a eu ses climax électoraux dans les années 90, puis dans la dernière décennie. Plus tard, elle a été discréditée avec Berlusconi comme conséquence de la corruption de ses dirigeants. Mais l’absence de solution à la crise par le gouvernement actuel du Parti Démocrate, peut faire renaître le séparatisme, s’il n’y a aucune alternative réelle à la gauche. En France, la République est « une et indivisible », mais la Corse est encore une minorité qui est pour l’indépendance.

Par Claudio Testa, Socialisme ou Barbarie, 11/09/2014

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