Oct - 1 - 2014

« Il arrive que les mots doivent servir à déguiser les faits. Mais cela doit se faire de telle façon que personne ne s’en aperçoive; ou, si cela venait à se remarquer, il faut avoir toutes prêtes des excuses que l’on peut sortir sur-le-champ » Machiavel, instructions pour Raffaello Girolami, cité par Arthur Koestler dans «Le zéro et l’infini ».

Dans ces dernières semaines  le PTS a fait une campagne parmi les compagnons du Lear en disant que notre parti a donné pour morte la lutte  et pour ne laisser aucun doute à cet égard, dans sa presse il dit, se référant à notre parti, «qu’il  a décrété la défaite ». Ce que nous disons est clair et est en correspondance avec la réalité.

La lutte continue et nous allons continuer de soutenir les compagnons de Lear dans leur héroïque lutte. Comme nous l’avons fait pendant ces presque quatre mois, comme nous l’avons fait le jeudi dernier en amenant 400 kilos de nourriture au camp. Mais dans la tradition du mouvement ouvrier qui nous revendiquons, la vérité est révolutionnaire et on doit la dire par amère qu’elle soit, pas par une question de morale mais par une question très matérielle: savoir où on se trouve et choisir ainsi la meilleure façon d’atteindre l’objectif, c’est-à-dire, de gagner.

Plusieurs étapes de la lutte

Il est clair qu’il y eu une longue période de près de trois mois qui s’est terminée avec la deuxième assemblée fausse qui a fait la bureaucratie syndicale sur l’usine et qui a révoqué les délégués. Cette étape s’est terminée comme le souhaitaient le patronat, la Verte et le gouvernement. Donc, c’est la réalité de la situation  le veuille ou non le MAS, le PTS ou quiconque. Cette étape s’est terminée par une défaite, avec l’usine qui a repris la production et le contrôle de la bureaucratie sur la base de l’usine. Ceci ne l’a pas décrété le MAS. Ce sont les faits, et tous les camarades savent que cela a été un dur coup.

Même le propre PTS a dû admettre de façon trompeuse la réalité. Dans son édition du 21 août après l’assemblée fausse il dit: « Une nouvelle étape s’est ouverte ». Il est clair que si une autre étape s’est ouverte c’est parce l’étape précédente s’est fermée, mais le PTS  se garde de nous dire comment s’est fermée l’étape précédente. Elle s’est fermée en faveur du patronat, de la Verte et du gouvernement.

Le conflit entendu comme le comprenaient  tous les travailleurs licenciés de Lear et toute l’avant- garde, c’est-à-dire, la possibilité certaine que l’entrée des délégués, après un temps raisonnable  à l’intérieur, impose dans les faits la réintégration de tous les travailleurs licenciés s’est fermé à l’heure actuelle et il faudra travailler beaucoup pour renverser la situation actuelle. C’est la réalité et la vérité. Tout cette longue période a laissé une série d’enseignements et ce serait bien que le PTS y réfléchisse, au lieu de de mener campagnes factionnelles contre notre parti qui affaiblissent objectivement la lutte.

Une stratégie qui a échoué

Pendant pratiquement trois mois, depuis les premières licenciements jusqu’au 20 août, le conflit était orienté centralement par le but de réinstaller les délégués, vu la manifeste illégalité de la compagnie  d’interdire l’entrée des camarades.  On a choisi une stratégie basée sur un événement réel: l’illégalité manifeste de ne pas laisser passer les délégués et pour cela  la lutte s’est centrée dans des actions depuis l’extérieur de l’usine (les blocages) et des actions politico-médiatiques comme les blocages de route à la Panamericana et à des endroits différents.

Mais la légalité n’est pas le seul plan existant. Le patronat ainsi que de la bureaucratie et avec la complicité du gouvernement ont pris des mesures pour contrecarrer cette stratégie de rétablissement des délégués.

La fatigue, la division entre ceux de l’extérieur et ceux de l’intérieur et enfin la reprise du contrôle de l’usine par la bureaucratie, a été une politique qui était mis en œuvre semaine  à semaine et face à laquelle le PTS n’a pas eu une réponse satisfaisante. Dans notre presse du 24 juillet (SoB N ° 297) nous avions mis en garde: «Mais il y a un autre monde, de l’autre côté du grillage, le monde de la production, des « rotarys », des machines qui produisent et qui nourrissent les lignes de la Ford. De l’autre côté du grillage, il y a 400 travailleurs sous un régime de terreur qui sont des proies faciles pour les manœuvres et les abus des patrons et de la bureaucratie syndicale. Un Régime qui parfois fait semblant d’être « sympa » mais qui applique aussi l’intimidation pure et simple; comme les derniers 4 licenciements punitifs qui a effectué la compagnie. Deux mondes qui doivent s’unir pour gagner, pour être en mesure d’arrêter la production de l’intérieur, pour mettre à genoux la Ford et  pour arrêter la production de l’usine. Telle est la clé de la victoire,  c’est la clef de voûte et c’est pourquoi il est si difficile de l’atteindre.

La semaine suivante nous disions : « Depuis le début du conflit, mardi [29/07] a été la première fois qu’un si grand nombre de compagnons (outre que les briseurs de grève) sont rentrés à l’usine.  Cela montre que, dans ces conditions,  le combat pour la  conscience de ceux qui  sont à l’intérieur devient de plus en plus crucial. De toute évidence, depuis le Nouveau MAS, nous soutenons et accompagnons chaque mesure que choisissent de prendre les travailleurs licenciés, avec leurs méthodes et leur Commission Interne.

Toutefois, nous considérons que dans le cadre de l’ajustement généralisée du gouvernement qui implique des milliers de gens au chômage technique et des licenciements dans l’industrie (…) les mesures politiques à l’extérieur de l’usine sont très importantes, mais ne suffisent pas. Il devient plus nécessaire que jamais de faire entrer à la lutte les compagnons qui conservent leurs postes pour frapper le patronat là où ça fait mal: la production. Au-delà de la discussion tactique pour savoir s’il est préférable de le faire en forçant le retour de l’interne ou en occupant l’usine avec l’ensemble des compagnons licenciés ou une autre variante, ce qui se pose est de renforcer les méthodes de lutte des travailleurs pour répondre à la volonté du gouvernement de faire passer cet ajustement brutal. »

Comme on peut le voir, cela fait un mois qu’étaient visibles des problèmes  qui ont fini par fermer une étape, en forme non souhaitée.

Il y avait d’autres chemins possibles. Par exemple, on n’a jamais demandé au Ministère du Travail de reconnaitre le conflit comme un conflit collectif  et de décréter la conciliation obligatoire, etc…

La lutte continue et doit gagner

Le pays est au bord d’une nouvelle dévaluation, ce qui va toucher l’ensemble de la classe ouvrière. Les compagnons de Lear pourraient convoquer une large réunion à l’hôtel  Bauen pour pouvoir organiser ensemble une grande mobilisation pour la réouverture des paritaires dans toutes les syndicats, la fin du chômage technique et des licenciements et la réintégration des travailleurs licenciés de Lear. Une grande concentration qui mette l’accent sur la réintégration, mais qui reprenne les besoins de tous les travailleurs. Nous laissons par écrit encore une fois  une proposition afin que les travailleurs l’évaluent et nous réaffirmons notre engagement dans la lutte. La seule lutte qui est perdue est celle que l’on abandonne.

Force compagnons!

Par Roberto Saenz, Socialisme ou Barbarie N°306, 25/09/2014

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