Oct - 18 - 2014

Après avoir subi des abus sexuels et de tortures pendant quatre ans de part de son père, sous-officier de la Marine, Rocio a décidé de porter plainte, et a résisté des années d’intimidations, pressions et menaces en solitude. Depuis quelques mois, elle s’est tournée vers les organisations de femmes pour qu’elles soutiennent sa lutte, pour rendre public le calvaire qu’elle avait souffert et la complicité de la Marine et de la justice patriarcale. De là est surgi une première mobilisation au Centre Naval de Mar del Plata, qui a commencé à rendre le cas public. Le jugement lui octroyant la prison à domicile, la colère de Rocio et des organisations que la soutiennent a éclaté et l’indignation populaire et la crise politique que celle-ci a engendré ont pris un caractère national. Nous publions cet article des camarades de Las Rojas, qui revient sur le cas et sur l’importance centrale de la mobilisation dans les rues pour combattre la justice patriarcale.

La lutte paie

Le vendredi 26 au matin, nous avons appris que Marcelo Girat, ancien officier de marine qui avait violé et torturé sa fille pendant 4 ans, a été transféré à la prison de Batan. Ce fut une victoire pour Rocio et pour l’ensemble du mouvement des femmes qui, en raison de l’indignation générée par la décision du juge de permettre au criminel de purger sa peine au domicile, avaient exprimé  leur colère et leur condamnation à travers tout le pays. Rocio, une jeune femme de 20 ans, qui n’accepte pas ni le pouvoir ni les menaces, mais  qui les dépasse et  les met en évidence pour que le gouvernement agisse.

Pendant ce temps, le ministre de la Défense, Agustín Rossi, par les medias s’excuse devant Rocio et sa famille pour ne pas avoir réagi avant, ce qui nous semble une honte, considérant que le procès existe depuis 2011 et une partie l’enquête s’est faite à la base navale locale où Girat  avait abusé et torturé sa fille. Encore  plus honteux est le fait qu’il ait continue dans ses fonctions, alors que depuis le 2 Septembre il a été reconnu coupable de viol, et qu’on a eu besoin d’un scandale national pour  que le gouvernement demande son retrait. Las Rojas avec Rocio exigeons que Rossi  honore ses promesses et ordonne immédiatement une enquête dans la base navale envers tous les complices de ces abus.

Assez de justice patriarcale

En réaction à la mobilisation, les juges,  un à un ont parlé dans les médias pour se déresponsabiliser  de l’aberration permettant  que le violeur rentre à la maison. Mais malgré leurs justifications ils restent patriarcaux.

Le Juge Esteban Viñas de la  Chambre de Appel, qui avait accepté la demande de la défense de purger la peine à domicile, s’est justifié et défendu la décision parce que « seulement 5 pour cent de ceux qui reçoivent ces peines à domicile ne les respectent pas dans cette ville», c’est-à dire que pour lui c’est normal qu’un violeur soit dans sa maison et il a répondu indirectement à Rocío qu’il y a seulement une probabilité de 5% que Girat s’évade et la tue. Pendant ce temps, le Fiscal a fait appel à la décision de prison domiciliaire, puisque l’endroit désigné pour son arrestation, la maison de son  frère, est le foyer de deux filles mineures.

Pour sa part, le juge Juan Manuel Sueyro, membre de la Tribunal n ° 3 qui prend la décision, en référence à la dénonce de Rocio sur le soutien que Girat avait  reçu de la Marine pendant le procès, dit  « C’est un mensonge, rien à voir avec l’armée ». Personne n’est venu à demander quoi que ce soit, je peux vous l’assurer … le  personnel de l‘armée qui est venu à déclarer l’a fait comme des simples  témoins, ils l’ont fait et c’est tout, il y a beaucoup de fantaisie dans l’air , ce n’est pas la réalité «, il se plaint et conclu:» Il est totalement casuel qu’il soit militaire, l’accusation est contre Girat, pas contre le sous-officier, le crime a été commis par le citoyen, pas par le militaire »(la Capital 14/09/25). D’abord : rien n’est déformé, la Marine et la base navale sont complices des violences qui se sont  produites à l’intérieur et  ont continué d’être complices pendant le  procès en présentant une prétendue « conduite irreprochable de Girat » .C’est encore pire de  parler de fantaisie ou coïncidence quand, en lisant les témoignages de Rocio, on peut trouver beaucoup de similitude avec les témoignages des  personnes séquestrés pendant la dernière dictature militaire dans la même base navale, en appliquant les mêmes tortures.

La lutte continue

Girat est actuellement dans le bloc de tortionnaires de la prison de Batan, selon le juge Sueyro « jusqu’à ce que la sentence ne soit pas définitive et il est  présumé innocent », nous Las Rojas continuerons dans les rues jusqu’à ce que le jugement devient définitif et Girat pourrisse en prison.

D’autre part, la lutte de Rocio est un exemple pour toutes les femmes, elle a supporté des années de procès, des menaces persistantes et la violence institutionnelle de la justice patriarcale, jusqu’à ce qu’elle a décidé de rompre le silence et de descendre dans la rue en s’appuyant sur des groupes comme Las Rojas et HIJOS[1]. Dans une semaine, nous avons diffusé le cas à travers la ville, nous nous sommes mobilisées aux tribunaux et à la base naval base et nous sommes retournées aux portes des tribunaux décidées  à ne pas accepter des avantages vers ce flic violeur. Compte tenu de la décision aberrante de peine à résidence surveillée, Rocio  a montré son face dans tous les médias, elle  n’a e rien caché, elle a demandé peine de prison pour le violeur incestueux et elle a dénoncé tous les complices.

Aujourd’hui, beaucoup de femmes commencent à briser le silence, grâce à la force et le message qui  a donné Rocio : on gagne quand on lutte.

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[1] Organisations de fils des « disparus » de la dernière dictature militaire

Micaela, Journal Socialisme ou Barbarie N°307, 02/10/2014

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