Mar - 28 - 2015

Pour mettre en contexte les élections israéliennes d’abord on doit dire que, au moins, une sur trois personnes n’ont pas de droit de vote dans les territoires contrôlée par Israël. Sur un total de presque 13 millions de personnes vivant sous domaine israélien, seulement 6,2 millions d’israéliens Juifs et 1,7 millions de palestinien Israéliens (on appelle arabes-israéliens ou palestiniens-israéliens ceux qui sont restés sous les frontières du nouvel État d’Israël, en 1948) sont les seules personnes autorisées à voter lors des prochaines élections en Israël.

Parmi le groupe d’israéliens Juifs qui ont la possibilité de choisir leurs représentants on trouve 600 000 colons juifs habitant dans les colonies de la Cisjordanie et Jérusalem-est. En revanche, presque 5 millions de Palestiniens vivant en Cisjordanie et à Gaza ne peuvent pas voter ; ils peuvent choisir les représentants de l’autorité palestinienne, une sorte de gouvernement autonome dépendant de l’occupation israélienne, bien que l’état d’Israël, puissance occupante, conserve le contrôle sur leur vie. Autrement dit, les colons dans les territoires palestiniens peuvent exercer leur droit des citoyens à élire les autorités d’un Etat, qui techniquement ils n’habitent pas dans les frontières internationalement reconnues, mais les victimes de cette occupation ne peuvent pas le faire. Seulement 60 % de la population (dont pas plus que le 5 % de la population arabe totale) qui se trouve dans la zone des terres gérées par l’État d’Israël, a le pouvoir de décider qui va contrôler sa vie. Paradoxalement, ce système est appelé « la seule démocratie au Moyen-Orient ».»(Ezequiel Kopel, «Elecciones en Israel: todo lo que siempre quiso saber y nunca se atrevió a preguntar», APU, 16/03/2015, en espagnol, notre traduction)

Les données qui précèdent servent à contextualiser des élections qui ont une particularité décisive. Elles ne se déroulent pas dans un état démocratique-bourgeois « normal » mais dans une enclave coloniale. Avec toutes leurs différences, c’est quelque chose comme l’Afrique du Sud blanche à l’époque de l’apartheid (où lesnoirs ne pouvaient pas voter) ou « l’Algérie  Française » avant 1962, où ne votaient que les colonisateurs Français et non pas la population algérienne autochtone.

Nous devons rappeler et souligner cela car tout dans l’Etat d’Israël est traversé, « surdéterminé », tacitement ou ouvertement, par cette situation coloniale. C’est le cas des élections et le « droit de vote », jusqu’aux indispensables et périodiques massacres des colonisés, comme tout récemment celle de l’an dernier à Gaza. Tout, des relations du travail et des relations humaines à la culture et les idéologies, sont traversés par ce rapport pas du tout démocratique entre colonisateurs et colonisés.

Ceci a également une influence décisive dans les thèmes de la campagne électorale et ses péripéties inattendues. Dans ce cas, le triomphe (bien que ne pas écrasant) de l’actuel premier ministre – Benjamín Netanyahu – un candidat que la presse israélienne et internationale et les sondages ont considéré perdant presque jusqu’au dernier moment.

Netanyahu se prépare maintenant à commencer un quatrième mandat comme chef du gouvernement, la troisième fois consécutive depuis 2009. Bien qu’il n’ait pas une majorité propre (il aseulement 30 députés sur 120), il est probable qu’il réussisse à former une coalition d’extrême droite avec quelques petits blocs encore plus racistes et fascistes que son parti, le Likud.

Comment Netanyahu a réussi à renverser ce que tout le monde croyait serait une défaite sûre, jette de la lumière sur la « seule démocratie au Moyen-Orient »… d’après les Fables de la «presse sérieuse»

La crise sociale a suscité un renouveau du Parti Travailliste.

Israël est victime d’une crise sociale. Bien entendu, les palestiniens qui habitent en Cisjordanie et Gaza et ne sont pas citoyens d’Israël, ont été plongés dans la misère extrême par le régime d’occupation ou les blocus. Mais nous ne  parlerons pas  d’eux, mais des  citoyens d’Israël, majoritairement juifs.

Dans les dernières décennies il y a eu une polarisation sociale sans précédent parmi les Israéliens. Selon les statistiques de l’OCDE (Organisation pour la Coopération et le Développement Économique), qui regroupe principalement les pays « riches », depuis le milieu des années 90′, Israël est l’un des pires socialement, avec une augmentation remarquable de l’inégalité (coefficient de GINI), la pauvreté relative et la polarisation sociale (10 % des plus riches face au 10 % des plus pauvres).

Cela a explosé en août 2011, avec l’apparition des « indignés » d’Israël, qui ont rempli les rues de Tel-Aviv dans des énormes manifestations. Ce mouvement, ainsi que les raisons de protestation qui l’ont incité – croissance des inégalités, impossibilité d’accès au logement, etc. – reflété également la montée et la sympathie pour le  « printemps arabe », qui, à l’époque, était à son zénith.

Mais ce mouvement a connu un reflux très rapide, du fait de certaines concessions de Netanyahu mais surtout parce que il n’a pas réussi à dépasser la division entre colonisateurs et colonisés. Toutefois, le mécontentement social a continué et finalement il a eu une conséquence politique: ressusciter le vieux Parti Travailliste, celui du fondateur de l’état d’Israël, Ben Gurión.  Un parti qui s’appelait « Le parti des travailleurs de la terre d’Israël » (par son acronyme, Mapa’i).

Le chef de file et le bénéficiaire de cette résurrection miraculeuse a été Isaac Herzog, qui a réussi à former une coalition, le « Sioniste Union », qui est née autour du PL et s’est présenté comme de « centre-gauche ». Herzog exploite la tradition la plus « égalitaire » du début du sionisme, qui contraste avec le néolibéralisme sauvage de Netanyahu. Mais « l’égalité » entre les colons ne pouvait pas donner aucun résultat égalitaire et encore moins « socialiste », comme on croyait dans ces années.

De toute façon, les voiles du « travaillisme » qui renaissait et de sa coalition, le « Union sioniste », ont grimpé avec le vent du mécontentement social.

Nétanyahou gagne en appelant au racisme et à la barbarie colonisatrice

Netanyahu a dégonflé le ballon « progressiste » avec une vitesse étonnante… et significative. Il a appelé à la « contradiction principale », comme dirait Mao Tse tung. C’est-à-dire, à la contradiction entre colonisateurs et colonisés.

Au lieu de traiter des problèmes sociaux, il a déclenché une campagne anti-palestinienne violemment raciste. Ceci lui a donné la victoire. La forme « diplomatique » de cette campagne était celle de ne pas négocier l’établissement d’un « État palestinien », pas même la farce du Ghetto ou bantoustan promue par Obama, et qui accepteraient peut-être Herzog et ses « travaillistes ».

Mais le fond de la campagne de Netanyahu était plus profond : poursuivre le « nettoyage ethnique », qui va des bombardements génocides à Gaza à l’expulsion progressive des Palestiniens de Cisjordanie, de leurs terres et leurs maisons, pour peupler cette région avec les colons sionistes. Ce plan génocidaire, inclut également le « nettoyage » de la minorité de Palestiniens qui ont la citoyenneté israélienne. L’agitation de ce projet Nazi-fascistes, a été, malheureusement, ce qui a donné la majorité au Likud.

Une coalition de secteurs arabes et progressistes réussi à être le troisième parti.

Mais tout n’est pas sombre. La troisième liste en nombre de voix et de députés a été la Liste Commune de partis arabes, dans laquelle participent des organisations qui incluent des membres juifs. Son chef, Ayman Odeh, un avocat à Haïfa, de 40 ans, propose « une alliance entre Juifs et arabes contre la discrimination, le racisme et l’inégalité sociale »

Le score élevé de la Liste Commune a été l’autre grande surprise de cette élection. Sa composition est très hétérogène et varie entre des anciens militants des partis communistes et de gauche, jusqu’à des groupes islamistes modérés.

Le grand défi c’est si cette votation parvient à s’exprimer dans un mouvement politique indépendant non seulement du sionisme, mais aussi des secteurs de capitulards des anciennes organisations du nationalisme palestinien.

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Notes:

1.- Estadísticas OCDE (centro México) – Pobreza y desigualdad, 1996/2011.

Par Elías Saadi

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