Jun - 9 - 2015

« Compte tenu de ce qui précède nous disons que nous sommes arrivés aux Paso (Primaires Ouvertes et Obligatoires) comme dernier moyen de défense du Front de Gauche (FIT). Notre parti a été le seul qui a signalé, plus d’une fois, les limites de la politique de faire des fronts, qui sont spn manque de naturel d’homogénéité politique et d’action centralisée. Mais nous avons aussi expliqué que nous n’avons pas encore atteint cette situation. Une politique de fronts de lutte politique de classe, avec les méthodes du front uni, est encore la manière positive et efficace pour séparer les masses de la bourgeoisie, pour étendre le champ d’expériences pour une clarification politique et pour renforcer le parti révolutionnaire » «(Gabriel Solano, Prensa Obrera (journal du Partido Obrero) 1364).

Ces dernières semaines, la crise la plus aiguë depuis sa fondation a eu lieu dans le Front de Gauche. Bien que ses membres ne le disent pas ouvertement, ce qui est en jeu, c’est jusqu’à quand survivra la coopérative électorale que constituent le PO et le PTS, une question qui dépend, essentiellement, des résultats obtenus dans les prochaines élections.

Dans ce qui suit, nous allons essayer d’expliquer les raisons de cette crise et les perspectives qu’elle ouvre.

Un  scénario électoral plus défavorable que prévu

La première condition à laquelle est soumise la continuité du FIT a à voir avec les perspectives plus générales en cette année électorale. Bien que le FIT se soit installé dans une frange minoritaire mais objective des électeurs, en monopolisant le vote de gauche classique et même la crise du centre-gauche, la scène globale semble aller vers une continuité du kirchnerisme sous une figure non Kirchneriste pure (Daniel Scioli).

Il pourrait arriver encore un phénomène distinct, que le gouvernement perde des voix à sa droite et à sa gauche ; ou que, pour une raison quelconque qui ne semble pas la dominante aujourd’hui (à deux mois des Paso), se produise un vote sanction  après 12 ans de gestion et qu’une partie de ce vote sanction s’oriente vers la gauche, étant capitalisée par le FIT.

Aujourd’hui ceci ne semble pas être le scénario le plus probable. Au contraire, comme nous l’avons dit dans ces pages, tout porte à croire que si un secteur important des classes moyennes s’inclinera par une figure présidentielle à droite du gouvernement (Mauricio Macri), le parti au pouvoir pourrait  conserver – ou peut-être augmenter par rapport à 2013 – les voix de la grande majorité des travailleurs et même d’un secteur important des classes moyennes  progressistes. Il s’agirait d’un vote conservateur avec un regard dans la comparaison avec la crise de 2001.

Soyons claires: cela ne signifie pas qu’il n’y a pas de colère chez les travailleurs par la détérioration des salaires, l’impôt sur le travail, les rythmes de travail et autres. Il y a une colère grandissante par ces motifs et celle-ci va s’exprimer, presque certainement, avec force à nouveau dans la grève générale du 9 juin.

Mais quand il s’agit de voter, le plus probable c’est que les travailleurs le fassent  par le candidat du parti au pouvoir; au moins parmi les secteurs des masses des travailleurs.

Cristina a fait appel à ce sentiment conservateur quand il a dit le 25 mai « De quel changement ils parlent ? », comme disant que tout changement ne pourrait être que revenir au chômage des masses des années 90.

C’est ce possible changement dans les prévisions électorales pour l’année (2016 sera une autre chose: le gouvernement au pouvoir devra appliquer un ajustement économique dur donnant lieu des éléments de crise, de mécontentement et d’instabilité) le donnée le plus objective qui frappe à la porte du FIT.

C’est ce qui explique qu’il recule aux élections tenues jusqu’à présent au cours de l’année, bien qu’à partir d’un score élevé pour les traditions de la gauche dans le pays et atteignant une position non marginale par rapport au reste des forces politiques.

Cependant, vers août et octobre les doutes augmentent du fait des éléments de polarisation électoral, ainsi que de la force d’attraction que le gouvernement vu comme « progressiste » par vastes secteurs aura et de comment Daniel Scioli évitera d’expliciter son vrai profil (plus conservateur que les Kirchner), du moins jusqu’à ce que finalement il soit élu président.

La possibilité d’une réduction du score électoral du FIT est l’élément le plus objective que pousse à une crise en son sein.

Les limites d’un accord électoral

Dans ce cadre, le deuxième problème est la nature même du FIT.  Du fait qu’il n’est qu’un front simplement électoral, un front uni pour intervenir dans ce domaine, il est clair que les intérêts divergents de ses organisations doivent le mener, tôt ou tard, à une crise grave et, éventuellement, à sa dissolution.

Notre parti a toujours dénoncé ce caractère d’accord purement « utilitaire » (chaque membre du groupe tire « son profit ») comme un élément de fragilité qui préannonce  la rupture éventuelle du front lui-même.

Il arrive que la dynamique dans une expérience de ce type peut être de deux ordres différents, selon les circonstances. L’un  pourrait amener à approfondir l’expérience, en avançant vers  une éventuelle construction commune, dans un appel aux autres forces à le rejoindre, à aller vers des éléments de confluence qui permettraient de donner une organicité supérieure à quelque chose qui n’est qu’un simple accord de tendances pour l’intervention électorale.

Bien sûr, que ce que nous  soulignons ne dépend pas de la volonté de ses membres, mais surtout, du développement lui-même de la lutte des classes (ce qui est en fin de compte l’explication de tout).

Parce que si la lutte des classes  se radicalise, ceci pousse vers une plus grande unité, ou bien ceci délimité les positions avec plus de clarté.

Mais l’autre scénario, celui d’une division, est plus probable si les luttes ne sont pas de plus en plus fortes: c’est en partie ceci ce qui se passe aujourd’hui dans notre pays. C’est-à-dire: la coopérative électorale reste  « au point mort », ses membres n’avancent pas en donnant des pas communs, ce qui mène à un moment donné à des contradictions insurmontables qui finissent par conduire à l’éclatement de l’accord.

Ce sont les limites d’un accord qui  est un accord d’indépendance de classe (en ce sens, largement progressif), mais qui se caractérise par une orientation et une politique opportuniste et une méthode de « répartition des profits » purement aveugle et étroit (totalement régressives pour dire le moins!).

Voici les limites de l’opportunisme et de l’instrumentalisme du FIT qui, combinés avec des circonstances électorales éventuellement plus complexes, plongent dans une grave crise ce front au point que ses propres militants commencent à parler de la nécessité de « sauvegarder l’unité »…

Rupture à l’horizon ?

Dans le contexte précédent, voyons le noyau de fond de ce qui est en discussion dans le FIT: c’est sa continuité.

Au-delà des aléas et les leçons que l’on peut tirer de la lutte entre le PO et les PTS autour de la décission de présenter ou non des listes séparés pour les Internes Obligatoires du FIT, il est  nécessaire d’aller au fond de la discussion : jamais comme maintenant, a été plus à l’ordre du jour la possibilité de l’éclosion de ce front.

Bien sûr qu’aucun de ses membres ne veut que le front explose: celui-ci donne des avantages en termes de représentation parlementaire à ses trois membres. En outre, l’avant-garde au sens large estime qu’il est progressif et c’est vrai qu’il l’est dans la mesure où il exprime un accord électorale d’independence de classe (comme nous avons indiqué plus haut).

Nous avons déclaré à plusieurs reprises que nous ne sommes pas en faveur de la rupture du FIT: nos critiques concernent son orientation et  sa politique opportuniste (ainsi que l’exclusion bureaucratique pure et simple de notre parti).

Mais au-delà de nos désirs ou appréciations et étant donné les caractéristiques sectaires de ses membres, la réalité est ce qu’elle est: elle montre une circonstance de calculs de jusqu’à quand continuera le FIT et quel profit peuvent en tirer encore ses membres.

Il y a la spéculation suivante: le  PO  considère que peut-être, de la main d’Izquierda Socialista, du Perro Santillan, Pueblo en Marcha et d’autres groupes plus petits, si le PTS « part » du FIT le coût ne serait pas « si grand »…

Le PTS est hystérique  par les impositions du PO et ils essaient de donner des signaux que ce ne seraient pas eux qui auraient  « rompu » le FIT mais que c’est le le PO qui «les a expulsé ».

Si le FIT est une « entreprise » pour les deux (comme nous l’a dit un haut dirigeant du PO), en tout cas sa durée dépendra de combien de temps dure telle entreprise. Et cela dépend des scores électoraux obtenus.

Au lieu de se fracturer, il doit s’élargir vers la gauche

Depuis 2011, notre parti a dénoncé que le FIT a été formé sur un critère sans principes, nous excluant et en utilisant  le mécanisme antidémocratique des Paso contre nous.

Aujourd’hui le Nouveau MAS c’est la seule organisation avec l’inscription éléctorale nationale (c’est-à-dire la possibilité de se présenter aux élections présidentielles) qui est en dehors du FIT, tandis que plusieurs fois nous avons été d’accord, en termes généraux, concernnt les délimitations de classe, avec le PO et le PTS (n’oublions pas que Izquierda Socialista, comme le MST, a honteusement ont mobilisé avec la droite réactionnaire des propriétaires fonciers en 2008!).

Nous avons signalé aussi le caractère instrumentaliste de la coopérative électorale, qui a généralement sacrifié la formulation d’une politique électorale globale afin d’obtenir des postes parlementaires immédiats.

À maintes reprises nous avons affirmé que la rupture du FIT n’est pas notre politique; notre politique est notre intégration dans des conditions d’égalité avec les autres forces.

Nous croyons qu’il est l’entière responsabilité de ses membres que nous soyons à l’extérieur du FIT, raison pour laquelle nous sommes libres de poursuivre notre politique électorale indépendante avec toute la force de nos jeunes et déterminés militants.

Le FIT  est toujours un front d’indépendance de classe. Toutefois, il est susceptible de commencer à avoir une date d’expiration. Dans ce cas sera sur ses membres que tombera la responsabilité d’une éventuelle division traitée (en plus)  avec des luttes d’appareil, jamais sur des bases politiques claires.

Par Luis Bermúdez, Socialismo o Barbarie N°334

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