Jun - 26 - 2015

Que les députés de Syriza respectent le mandat anti-austérité que le peuple grec leur a donné et votent contre cette trahison et pour le rejet des accords signés avec les exploiteurs de la Troïka !

Pour l’annulation de cette dette illégitime !

Par la rupture avec l’Union européenne et la zone euro, où a été démontré qu’il n’y a pas d’issue favorable aux travailleurs et au peuple grec ! 

« L’alpha et l’oméga de sa stratégie a été la négociation au sommet avec l’Union européenne. Il est clair que, en ne pas sortant des marges actuelles,  une loi d’airain s’impose à Syriza : la solution purement économique, réformiste, possibiliste ne peut amener qu’à la capitulation face à l’Union européenne et le Fonds Monétaire International, qui contrôle toutes les ficelles de la situation actuelle. » (« Le gouvernement de Syriza cède à la pression de l’Eurogroupe et du FMI », Déclaration du Courant Socialisme ou Barbarie, 25/02/2015)

Il y a exactement quatre mois, nous dénoncions et prévoyions les conséquences désastreuses qu’aurait « l’accord » signé par Tsipras le 20 février avec la Troïka dans la « Déclaration » ci-dessus. Le Premier Ministre menteur, dans un discours au peuple grec, présentait cet accord non seulement comme un triomphe, mais comme la fin de l’austérité et les plans de sauvetage.

Sans problèmes, Tsipras a assuré aux travailleurs et au peuple grec, que « le vendredi [20 février] nous avons fait un pas décisif, laissant derrière nous l’austérité, les plans de sauvetage et la Troïka… Nous avons fait échouer le plan des forces conservatrices en Grèce et à l’étranger pour étouffer notre pays et nous avons montré que l’Europe est un espace de négociation et d’engagements bénéfique pour les parties. » [Tsipras, discours à la télé le lendemain de la signature des « accords » avec l’Eurogroupe, EFE, 21/02/2015]

Les faits ont démasqué cette fraude scandaleuse. Hier Tsipras mentait et maintenant il est obligé de mentir beaucoup plus. Le fait est que la Troïka – Commission Européenne, Banque Centrale Européenne, FMI – non seulement lui ont mis sur ses genoux, mais Tsipras est aujourd’hui prête à signer un « troisième mémorandum » avec ces vampires. Même s’il ne l’appelle pas « mémorandum » pour ne pas réveiller de mauvais souvenirs, le contenu serait pire que les précédents, qui ont déjà plongé dans le pays et ses travailleurs dans un abîme de misère.

Parmi les atrocités que Tsipras a accepté, figurent une nouvelle et brutale réduction des salaires et des retraites – parmi les « lignes rouges » qu’il avait juré à maintes reprises de ne pas transgresser-, ainsi que l’augmentation de la TVA pour les biens de consommation populaire et les médicaments, privatiser tous les ports et les aéroports, etc., etc.

Au prix de la faim redoublée pour les travailleurs, les retraités et les chômeurs, la fermeture virtuelle des hôpitaux et d’autres mesures de ce style, le capital financier continuera à saigner le pays et le peuple grec.

Depuis son entrée en fonction à la fin janvier, Tsipras a eu une préoccupation principale, encore plus importante que celle d’arriver coûte que coûte à un accord avec ses maîtres de Berlin et de Bruxelles. La préoccupation de garder les masses ouvrières et populaires entièrement trompées et démobilisées. Les mensonges flagrants qu’il leur a dit -comme la citation de son discours du 21 février qui ouvre cet article- allaient dans le sens de les maintenir dans la passivité totale. Ne vous inquiétez pas ! Par le biais des négociations au sommet, le duo Tsipras-Varufakis résoudra tous les problèmes avec les bons gens à Berlin et à Bruxelles !

Mais il faut comprendre non seulement ces mensonges en elles-mêmes. Le plus important -non seulement pour les Grecs, mais aussi pour les travailleurs partout en Europe et sa jeunesse sans avenir- est de comprendre les paramètres, les bases de cette politique trompeuse et frauduleuse de Tsipras. Et ils sont très simples : la zone euro -c’est-à-dire l’euro- et l’Union européenne sont sacrées. On peut faire ou dire n’importe quoi, sauf les remettre en question.

Enchaînés à ces prémisses sociales et politiques, il était impossible de lutter sérieusement. Le fait est que l’Union européenne n’est pas l’union des peuples d’Europe, mais une coalition des bourgeoisies européennes, dirigée par l’impérialisme allemand et français… avec une participation de plus en plus éloigné de l’impérialisme britannique. Dans celle-ci, ces vautours impérialistes, tout d’abord ceux de l’Allemagne, dirigent le reste. Et dans cette hiérarchie des pouvoirs, des nations comme la Grèce sont bafouées. Elles ont en fait un statut semi-colonial, telle que révélée par la manière avec laquelle les maîtres ont traité les dirigeants grecques… et pas seulement Tsipras.

En ce qui concerne l’euro, c’est une monnaie allemande avec d’autres dessins sur le papier. Que des pays comme la Grèce (et même l’Espagne, le Portugal, l’Italie et d’autres), aient renoncé à avoir une monnaie propre et soient liés à l’euro, a été un non-sens, même en termes capitalistes. Mais bien sûr, un non-sens qui a laissé de fabuleux profits pour beaucoup de gens… sauf pour les Grecs et d’autres peuples de l’Europe. Sans la rupture révolutionnaire de ces chaînes, en commençant par l’euro, il est impossible de faire quoi que ce soit.

Ces longs mois de négociation, en soumettant avec tromperies les masses grecques à la passivité, ont été non seulement un gaspillage de temps et d’énergie. Ils ont également impliqué un monumental affaiblissement financier dans une économie épuisée. Dans cet intervalle, Tsipras a payé 1,8 milliards d’euros au FMI et ensuite n’est nullement intervenu pour arrêter la pression sur les banques (les retraits massifs d’argent par les grecs) du fait des provocations de la Troïka. Ainsi ont disparu encore quatre milliards d’euros.

Mais, encore une fois, pour faire face à cela, il aurait fallu intervenir le système bancaire et d’abord la Banque centrale, violant le principe sacré de l’Union européenne que le capital financier est un Dieu qui est avant toutes les choses.

L’heure de la vérité est arrivée

Mais l’heure de la vérité est arrivée. La « loi d’airain » mentionné au début -la solution purement économique, réformiste, possibiliste ne peut amener qu’à la capitulation face à l’Union européenne et le Fonds Monétaire International– a été confirmée.

En outre, au-dessus des intérêts économiques, il y avait un intérêt politique de la mafia de l’Union européenne et le FMI : humilier publiquement, mettre visiblement de genoux Tsipras et le gouvernement de Syriza. Ce facteur politique, à la fin, a pesée plus que tout.

Cela s’est produit, non pas parce que Tsipras et son courant soient révolutionnaires (ils ne sont même pas des réformistes combatifs, style Chavez), mais précisément parce qu’ils ne le sont pas. Ils sont allés négocier avec les mains attachées, renonçant à l’avance à toute pression qui impliquât la manœuvre dangereuse de mettre en pied de guerre les masses ouvrières et populaires de la Grèce et faire appel aux peuples des autres pays européens qui se trouvent dans une situation similaire.

Cette politique de capitulation dès le départ, n’a pas été primée par la troïka. Au contraire, celle-ci a vu qu’elle pouvait bafouer Tsipras sans conséquences importantes et ainsi donner un avertissement préventif aux autres remises en question réformistes des politiques d’austérité, qui ont commencé à apparaître en Europe, comme en Espagne. Dans ce contexte, le FMI a assumé le rôle de « mauvais flic » et Juncker (Commission européenne), du « bon flic », au-delà du fait que leurs différences peuvent refléter aussi des intérêts et nuances différentes.

Mais maintenant les temps sont épuisés. Il y a un état d’esprit général qui marque qu’il est probable qu’un « accord » soit atteint dans les prochains jours, accord qui impliquera, comme nous l’avons dit, un « troisième mémorandum » égale ou pire que le précédent. La bataille contre cette escalade dans la politique d’austérité, de faim et de misère, est aujourd’hui la principale question politique en Grèce.

Avec la mobilisation des masses ouvrières et populaires, rejeter tout accord avec la Troïka. Pour la rupture avec l’euro et l’Union Européenne !

Mais une chose est de signer quelque chose à Bruxelles et une autre de l’imposer à Athènes. Ces derniers jours, a commencé à se casser, contradictoire, la glace de passivité encouragé par en haut.

Divers secteurs ont repris les rues, mais il n’y a pas encore des mobilisations vraiment massives. En plus, les mobilisations qui ont eu lieu ont exprimé des programmes contradictoires. Une des manifestations a été, par exemple, de droite, défendant à tout prix la permanence dans l’euro. D’autres ont été des mobilisations des secteurs de gauche, mais avec des positions allant du rejet de l’Union européenne et les capitulations de Tsipras – par exemple, de la réduction des pensions- à un certain soutien critique au gouvernement afin que la Troïka ne fasse plus d’exigences.

Une bataille politique décisive aura lieu à l’intérieur de Syriza. Récemment, 44 % du Comité Central de Syriza a voté pour la rupture des négociations avec la Troïka, la suspension des paiements et la nationalisation des banques. Les députés de ces secteurs suivront-ils Tsipras et entérineront au parlement l’accord que probablement il signera avec la Troïka ? Ou respecteront-ils le mandat populaire d’en finir avec l’austérité qui profite les banquiers français et allemands ?

Par Claudio Testa, Socialisme ou Barbarie, 25/06/2015

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