Jul - 5 - 2015

Au moment d’écrire ces lignes, la victoire du « Non » au référendum grec sur la dernière proposition de la Troïka semble irréversible : avec 65% des voix décomptés, le NON a un avantage de plus de vingt points par rapport au OUI (61,3 % contre 38,7 %).

C’est une victoire des travailleurs et du peuple grec contre les austericides de l’Union européenne, le FMI, la Banque Centrale Européenne et tous les gouvernements capitalistes européens qui cherchent à imposer un nouveau mémorandum d’austérité au peuple grec et une défaite politique. Il est clair, au-delà de la politique trompeuse de Syriza autour du réferendum, politique que nous avons dénoncé, les exploités du pays hellénique ont exprimé dans les urnes leur rejet à l’austérité, aux politiques de la faim au cours des dernières années, à l’arrogance impérialiste de la Troïka et au caractère presque « semi-colonial » de la Grèce dans l’Union européenne. Encore une fois, comme lors des élections du 25 janvier –l’on répète, malgré le fait cela ne s’exprime pas encore de manière clairement indépendante, de classe et socialiste-, le peuple grec a imposé une défaite d’importance aux austericides tout type et couleur, défaite particulièrement significative compte tenu de la campagne terroriste de l’impérialisme, dans laquelle le Président du Parlement Européen lui-même a affirmé ce matin qu’une victoire du NON signifierait tout simplement la sortie de la Grèce de l’euro.

Sans aucun doute, le gouvernement de Syriza va tenter d’utiliser cette victoire pour renforcer sa politique de négociations avec la Troïka, qui a conduit à l’impasse actuelle et à travers laquelle il a renoncé à toutes ses promesses initiales et a accepté l’essentiel des impositions de la Troïka. Il y a le danger que Syriza et Tsipras sortent légitimés du référendum et essayent de le canaliser vers des nouvelles défaites et capitulations. Mais ce ne sera pas facile : la victoire écrasante du NON – plus forte que prévu-, la polarisation sociale et politique qui a précédé le référendum, la dynamique et la mobilisation par en bas qui a eu lieu autour de celui-ci -avec une manifestation de 100.000 personnes à Athènes et une importante solidarité internationale- semblent réduire les marges de Syriza pour concrétiser une capitulation Tsipras cherche depuis des mois. Dès le départ nous avons souligné que notre NON était critique, indépendant du réformisme de Syriza. Nous considérons qu’avec ce vote, les travailleurs et le peuple grec n’ont pas donné carte blanche au gouvernement grec : ce qui a été exprimée dans les urnes n’est pas un soutien à proposition pourrie de Syriza à la Troïka, dans laquelle il faut chercher avec une loupe les « améliorations » par rapport à celle de la Troïka, puisque Syriza y  accepte le paiement de la dette, l’augmentation de la TVA, la poursuite des privatisations, une nouvelle réforme des retraite. Ce qui s’est exprimé est un rejet de l’austérité, de la politique de l’impérialisme et de la Troïka, de l’assujettissement du peuple grec. De manière indirecte et contradictoire, il s’agit également d’un refus aux futures tentatives de Syriza de mener cette même politique d’austérité.

Ce dont il s’agit maintenant, c’est faire de cette victoire dans le référendum le coup d’envoi d’une large mobilisation des travailleurs et du peuple qui arrache ce NON diffus des mains du réformisme de Syriza et le transforment clairement dans un NON aux négociations avec la troïka, dans un NON à l’austérité, dans un NON au paiement de la dette. C’est sur cette base que nous devons avancer vers des mesures stratégiques dont a besoin la classe ouvrière grecque : nationalisation des banques et du commerce extérieur, des secteurs clés de l’économie, rupture anticapitaliste avec l’Union Européenne impérialiste, résolution des besoins essentiels des travailleurs et de la population (santé, éducation, travail, logement). Ce n’est qu’avec un programme anticapitaliste et socialiste, clairement indépendant de la direction réformiste de Syriza, appuyé dans l’auto-organisation et la mobilisation de masse des travailleurs grecs qui mette la question de qui gouverne le pays et au service de quels intérêts au centre de la scène, que nous pourrons donner une issue à la crise capitaliste au service des intérêts des exploités et des opprimés. Le réferendum n’est qu’un point d’appui, un point de départ, jamais un point d’arrivée : la vérité est que les élections ne pourront jamais changer à la racine ce système capitaliste oppresseur qui nous condamne à la faim et à la misère. Seulement la mobilisation révolutionnaire et indépendante des travailleurs et du peuple grec, avec des forts partis révolutionnaires à la tête, pourra en finir avec ce système inhumain et mettre en place le pouvoir des travailleurs et le socialisme.

Déclaration de Socialisme ou Barbarie Europe, 05/07/2015, 22hs

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