Sep - 12 - 2015

Cela fait plusieurs étés que des vagues de migrants et de réfugiés arrivaient sur les côtes de l’Europe. Mais comme ces vagues étaient relativement petites et en outre elles n’affectaient que les pays du Sud (Espagne et Italie), on n’y faisait pas trop attention. Seulement quelques naufrages terrible, avec de nombreuses victimes, comme celui de l’été  2013 sur l’île de Lampedusa, a fait sonner les alarmes.

Maintenant, nous sommes dans une situation qualitativement différente. Les images de l’enfant syrien Aylan, noyé sur une plage en Turquie, ont ému toute l’Europe. Mais cet impact humanitaire ne peut pas être séparé d’un autre fait aussi impactant, mais dans un autre sens : que l’Europe est désormais face à la vague migratoire qui pourrait être la plus grande depuis la Seconde Guerre Mondiale (1939-45) et probablement supérieure à celle générée par les guerres de Yougoslavie (1991-95).

En outre, ce qui est arrivé cette année sur les plages européennes, peut-être seulement le premier plat. Comme nous l’avons averti dans un autre article, les réfugiés de guerre de Syrie qui sont en Turquie, Liban, Jordan, Irak et l’Egypte, se comptent par plus de 4 millions.

L’impact de cette situation a fait trembler l’unanimité dans l’Union européenne, générant des positions différentes. Un fait intéressant c’est que celui qui a été – en apparence – le plus accueillant… a été le gouvernement allemand en général, et le secteur politique dirigé par Angela Merkel en particulier. Maintenant, elle vient d’annoncer qu’elle est prête à accueillir 500 000 réfugiés… et elle exige des autres gouvernements européens des chiffres en ligne avec celles de l’Allemagne.

Ceci contraste avec la position d’autres gouvernements, comme celui de l’Hongrie, présidée par le conservateur Viktor Orbán, dont la première réaction a été d’installer du barbelé et de commencer à construire un mur dans la frontière avec la Serbie, pour éviter que les migrants ne passent. Ceci, couplé avec des propos racistes et des mobilisations des groupes fascistes abondants dans le pays. Ces groupes ont changé ses habituels pogroms contre les gitans, par des manifestations et des attaques contre les réfugiés.

Le « socialiste » François Hollande agi autrement, mais avec des contenus pas très différents de ceux de Viktor Orbán. La France se limitera à 24 000 réfugiés. Mais, comme nous l’avons dit, le pire d’Hollande est de promouvoir la « solution finale » au problème syrien, par le biais de bombardements massifs dans ce pays.

En ce qui concerne le gouvernement conservateur britannique, il n’accepterait que 20 000 syriens, et en plus en « cinq versements » de 4 000 par an. Et, bien sûr, il promet des bombardements et encore des bombardements pour la Syrie.

Manifestations en soutien aux migrants et aux réfugiés

Mais, en même temps qu’on discutait par en haut dans les instances de l’Union européenne et de ses gouvernements, des diverses manifestations politiques de soutien se développaient par en bas.

En France, bien sûr, kes groupes fascistes et l’extrême-droite, du style Front Nationale de Marine Le Pen, sont complètement contre des réfugiés. Mais la chose remarquable est qu’autant en Allemagne et qu’en France ont eu lieu diverses manifestations de soutien aux migrants. La voix de fascistes et de l’extrême-droite n’a pas prévalu.

En France, 10 000 manifestants sont descendus dans les rues de Paris pour réclamer une politique d’accueil des migrants. Il y a eu aussi des mobilisations dans d’autres villes. Cette manifestation à la Place de la République a été convoquée sous le slogan « Pas en notre nom », comme signe du rejet de la politique répressive européenne et du gouvernement français.

Au Royaume-Uni, avec le slogan « Réfugiés Welcome Here » (« Les réfugiés sont bienvenus ici »), est appelé une manifestation unitaire à Londres le 12 septembre. Ils défileront jusqu’à Downing Street, vers la résidence du premier ministre pour répudier sa politique de ne pas accueillir des réfugiés et de, de même qu’Hollande, redoubler les bombardements en Syrie. Il y aura aussi des mobilisations dans d’autres villes.

Que se passe-t-il avec l’Allemagne et Angela Merkel ?

Mais la clé – et en même temps l’interrogation politique – est : que se passe-t-il avec Allemagne et Angela Merkel ? Pourquoi est-ce que la chancelière allemande –qui est en même temps l’impératrice sans Couronne de l’Union européenne- s’est montrée si « compréhensive » auprès des réfugiés, lorsque récemment elle n’a pas eu des remords à l’heure de condamner le peuple grec à la pire pauvreté, aux licenciements massifs, à la réduction des salaires et des pensions qui sont déjà très bas, à des hôpitaux sans médicaments… ?

Bien sûr, Mme Merkel n’a pas changé. Ce qui est en train de changer ce sont les circonstances politiques, avec une réaction populaire favorable aux réfugiés. Cela a eu des expressions multiples, comme les messages de soutien de supporteurs de foot comme dans les tribunes du Bayern de Munich et du Sankt Pauli de Hambourg- avec des slogans en faveur des réfugiés et contre le racisme, ainsi que des manifestations et actes dans un certain nombre de villes.

On peut dire beaucoup de choses de Merkel, moins on ne peut pas dire qu’elle n’ait pas la capacité de se placer face aux situations politiques, surtout envers ses électeurs potentiels. En ce qui concerne la Grèce, Merkel et les grands médias ont réussi à faire passer auprès d’une grande partie des allemands la caricature des grecs paresseux, qui ne veulent pas travailler ou payer leurs dettes… Mais en ce qui concerne les réfugiés, le vent souffle dans la direction opposée.

Cela signifie aussi qu’on ne doit pas avoir la moindre confiance dans les bontés inattendues de la chancelière. En outre, selon certains, l’établissement des réfugiés syriens, sélectionnés par leur niveau d’instruction, peut être une bonne affaire pour le capitalisme allemand, face au vieillissement de ses travailleurs qualifiés.

Mais, apparemment, ce qui a été marquant et décisif a été cette mouvance populaire et largement jeune en faveur des réfugiés. Pourquoi cette réaction populaire, de soutien aux réfugiés, qui s’est exprimé de mille manières ? Le peuple allemand et surtout les nouvelles générations, veulent conjurer les spectres d’un passé dans lequel le racisme a amené aux pires extrêmes ?

Nous ne le savons pas. Mais ce qui est incontestable est le tort de certains secteurs de la gauche, qu’en Europe ne voient que des progrès de la droite… et même que « le fascisme est aux portes du pouvoir ».

Par Claudio Testa, Socialisme ou Barbarie, 10/09/2015

Categoría: Français