Sep - 24 - 2015

« Avec l’opinion publique en leur faveur comme jamais auparavant, les pays d’Europe n’ont pas été capables de trouver un accord pour accueillir les réfugiés. Ils se sèchent les larmes de crocodile. Les gouvernements européens ne pleurent plus émus dans des interviews, dans des tweets ou des conférences de presse avec des gestes d’émotion, avec le mot « drame » dans la bouche. Maintenant, ils sont pour à faire vraiment de la politique et a fait surface le plus cruelle : l’Europe n’existe pas, c’est une plaisanterie, une blague pas marrante raconté à 28 voix discordantes. »

(Juan Luis Sánchez, “Se secaron las lágrimas de cocodrilo”, eldiario.es, 14/09/2015)

Le journaliste de l’État espagnol, Juan Luis Sánchez, a raison quand il dénonce les « larmes de crocodile » de tous les gouvernements européens en ce qui concerne aux réfugiés. Même la « pieuse » Angela Merkel a laissé de côté son déguisement, et maintenant elle agit comme elle l’avait fait avec la Grèce et enfin ellea fermé la porte aux réfugiés.

La semaine dernière, nous avions déjà averti que « il ne faut pas avoir confiance dans les bontés inattendus de la chancelière ». Cela a été vérifié quelques jours plus tard.

À l’époque, nous avons expliqué que l’attitude initiale du gouvernement de l’impérialisme allemand n’était pas dictée par des motifs « humanitaires » – qui n’existent pas dans sa tête pour n’importe quel sujet – mais à la Realpolitik.

La presión más importante fue la reacción favorable a la acogida de refugiados de amplios sectores populares… que a su vez representan votos y consenso para el gobierno alemán. Esta primera impresión la confirman ahora informes directos de militantes de izquierda alemanes. Manuel Kellner, redactor del Sozialistische Zeitung, describe así la reacción popular mayoritaria:

La pression la plus importante a été la réaction favorable à l’accueil des réfugiés de larges secteurs populaires… qui représentent des votes et du consensus pour le gouvernement allemand. Cette première impression est confirmée aujourd’hui par des rapports directs de militants de gauche allemands. Manuel Kellner, rédacteur en chef de la Sozialistische Zeitung, décrit la réaction populaire majoritaire:

« Ces dernières semaines l’arrivée des réfugiés a déclenché en Allemagne un mouvement massif d’accueil, de soutien et de solidarité. Les premières pages des journaux et des médias allemands et internationaux se font l’écho de la nouvelle culture de « bienvenue » allemande. Dans les gares de Munich, Francfort, Cologne et beaucoup d’autres villes se concentrent des centaines de personnes pour accueillir les réfugiés qui arrivent en train. Ils leur donnent des fleurs, des boissons et des équipements. Aussi, du soutien financier. Une foule de gens s’apprêtent volontairement à distribuer des vêtements, prendre soin des enfants, leur offrir des cours d’allemand ou leur donner tout ce qui était nécessaire.

« C’est un mouvement qui grandit chaque jour. Les clubs de football organisent des équipes internationaux entre des réfugiés et ceux qui jouent dans la Ligue à différents niveaux. Des milliers de personnes, non liées à des associations ou à des partis politiques, s’organisent spontanément pour venir en aide aux réfugiés.

C’est surtout les jeunes (parmi lesquels il y a des immigrants ou des gens d’origine non allemand) qui s’engagent dans ce mouvement de solidarité d’une manière très concrète, basée sur l’aide pratique aux réfugiés, coude à coude avec les activistes de gauche antifascistes, de la gauche radicale, des révolutionnaires. Beaucoup de jeunes s’engagent!

« Dans les émissions de la télévision publique, mais aussi des grandes chaînes privées, se multiplient les rapports, les débats et les émissions de tous genres en faveur des réfugiés et de leur intégration et ce qui prime est toujours l’enthousiasme pour l’intégration.

« Les discussions tournent autour de la question de savoir comment faire plus pour améliorer le destin des réfugiés, comment vivre ensemble et comment pourrait imposer le gouvernement allemand, au sein de l’Union européenne, la généralisation de l’accueil généreux, un soutien immédiat et efficace et l’intégration des réfugiés. « Bienvenus refugiés » c’est la phrase qui, jusqu’à présent,  accapare le débat publique »[1]

Bien sûr, il y a eu aussi des voix contraires: « Cela contraste vivement avec les mobilisations xénophobes et antimusulmanes de Pegida [extrême droite] et les vagues d’actes violents organisées par des néo-nazis de toutes sortes contre l’accueil des réfugiés et des immigrants, souvent appuyés par « des citoyens en colère », qui viennent avec leurs enfants pour crier leur haine, même avec des menaces de mort contre ceux qui organisent les centres d’accueil et d’hébergement ». (Kellner, cit.)

Mais la chose remarquable est qu’ils constituent une minorité: « Donc maintenant, nous avons une polarisation extrême des sentiments dans la population allemande et le sentiment de solidarité est hégémonique ». (Kellner, cit.)

Mais l’attitude initiale du gouvernement allemand n’est pas seulement expliqué par ces raisons « internes ». Comme le rappelle Kellner, « hier encore, dans les dessins des journaux, Merkel et Schäuble étaient représentés avec la moustache d’Hitler et le casque de la Werhmacht du fait de leur l’attitude ultra dure contre le peuple grec. Maintenant, ils sont représentés comme l’incarnation du principe humanitaire et humanisme, comme un bon exemple face à la Hongrie, la Danemark et les autres abrutis ». (Kellner, cit.)

Mais ce « théâtre » d’une Merkel et un Schauble « humanitaires » a eu une très courte durée… Lorsque la réunion des ministres de l’Intérieur de l’UE du lundi 14 n’a pas atteint un accord, le gouvernement allemand a également fermé ses frontières.

L’Union européenne avec les frontières des murs et des barbelés

L’Union européenne a été totalement incapable de parvenir à un accord a minima pour une « repartition » des réfugiés. Et la fiction d’une intégration qui avait laissé derrière elle les frontières du passé, a été démentie en quelques jours. Les murs, les barbelés et les grilles sont de retour comme aux pires epoques.

Le discours d’une UE qui était en train de dépasser les Etats-Nations, a été très utile lorsqu’il s’agit d’imposer des plans de faim et de misère, comme celui appliqué au peuple grec. Ces plans sont légitimés au nom de « l’Europe » et pas de ses réels et principaux organisateurs et bénéficiaires, le capital financier impérialiste allemand et français. Derrière l’écran de fumée de « l’Europe » et son « Union », ces deux impérialismes, au-delà de ses contradictions, ont réussi à faire passer les pires mesures contre les travailleurs et les peuples d’Europe.

En d’autres termes : l’UE toute puissante, aujourd’hui dirigé par l’Allemagne, n’existe que lorsqu’il s’agit d’attaquer les travailleurs et les secteurs populaires en Europe.

Politiques opposées ou complémentaires ?

Ce qui est arrivé met également en doute la véritable politique du gouvernement allemand. Apparemment, les lignes du gouvernement conservateur de Hongrie, dirigé par Viktor Orbán et celle d’Angela Merkel ont été farouchement opposés. Orban a construit des murs et a mis des barbelés, sa police réprime impitoyablement des réfugiés, que ce soient des hommes, des femmes ou des enfants et maintenant il va condamner ceux qu’ils réussi à arrêter à jusqu’à cinq ans de prison. En revanche, Merkel, initialement, a ouvert les frontières et n’a réprimé personne.

Cependant, il suffit de voir une carte de l’Europe centrale pour se rendre compte que l’attitude d’Orban est très utile pour Berlin et d’autres gouvernements de l’UE. Avec le mur et la répression, Orban a fermé la route principale vers l’Allemagne (et l’Autriche). Et maintenant, pour arriver, les refugiés doivent s’aventurer dans la Serbie, la Croatie et la Slovénie, un parcours beaucoup plus difficile et dangereux, même si officiellement les frontières de ces pays ne sont fermées.

Les soupçons – qui surgissent déjà dans la presse européenne – sont renforcés par le fait que Merkel et Orban appartiennent à la même organisation politique : le Parti Populaire Européen… qui n’a fait aucune critique et encore moins a sanctionné le raciste de Budapest.

La vérité est qu’Orban – comme une journaliste espagnol l’avertit- « n’est pas un acteur isolé. Au contraire, il fait le sale boulot de l’Union Européenne. Maintenant il complètement fermé avec des barbelés la frontière avec la Serbie. Il y a quelques semaines il contrôlait le temps de déplacement des réfugiés pour retarder leur arrivée en Autriche, en leur retenant dans les camps de réfugiés… Dans le pire des cas le gouvernement hongrois continuera à exercer son rôle de mauvais flic ». [2]

Multiplier les mobilisations en faveur des réfugiés et des migrants

Dans le cadre de l’une des crises les plus graves vécues par l’Union européenne, il est aujourd’hui une tâche de premier ordre de multiplier les manifestations et les mobilisations en faveur des réfugiés et des migrants.

Pour cela, même avec des grandes inégalités dans les différents pays, aujourd’hui il est possible de s’appuyer sur la vague de sympathie et de solidarité avec les réfugiés. Même avec des  grandes inégalités, cette sympathie a eu lieu dans toute l’Europe et pas seulement en Allemagne.

Même dans les pays de l’Europe orientale, comme la Hongrie, où le racisme sur lequel s’appuie Orban est plus fort, des secteurs qui lui font face emergent. À Budapest, une grande manifestation – plus de 10 000 manifestants selon Euronews – a eu lieu dimanche 13 répudiant Orban et en solidarité avec les réfugiés.

L’importance de faire avancer ces mobilisations est double car, en général, ce sont des secteurs de la jeunesse qui rejettent le racisme et les politiques de leurs gouvernements. C’est aussi une opportunité pour gagner de nouvelles générations pour un combat politique plus large contre les différents gouvernements de l’Union Européenne et pour expliquer la vraie nature de ce monstre du capitalisme impérialiste. (C.T.)

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Notes:

1.- Manuel Kellner, “¡Bienvenidos refugiados!”, Viento Sur, 11/09/2015.

2.- Olga Rodríguez, “Once reflexiones a la vuelta de Hungría sobre esta crisis de refugiados”, eldiario.es, 14/09/2015.

Par Claudio Testa

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