Sep - 29 - 2015

Lors des élections du 9 août le candidat pro-gouvernemental Scioli a gagné clairement, mais pas avec une marge suffisante pour avoir assuré sa victoire au premier tour.

Pour sa part, le  front Cambiemos, avec Macri en tête, a fait une bonne élection récoltant avec un score de 30%, mais qui lui a laissé loin d’être sûr de pouvoir forcer un deuxième tour. Malgré tous les obstacles, le front de Massa et De la Sota a non seulement résisté, mais s’est rapproché du 20%, un résultat qui lui laisse encore en carrière et comme un « arbitre » éventuel dans le cas d’un deuxième tour.

La raison du succès du gouvernement est très simple: même si la situation économique générale tend à empirer, le parti au pouvoir a réussi à maintenir deux facteurs: la récupération de l’emploi et le pouvoir d’achat du salaire; des facteurs déterminantes pour faire en sorte qu’un secteur important de la population, particulièrement les travailleurs, lui restent fidèles à l’heure de voter.

Dans ce contexte, le FIT a obtenu 727.000 voix et le Nouveau MAS 103.000, pour un total de 830.000 voix (moins que le chiffre de 2013) ; une bonne élection étant donné que les trois options les plus votés ont obtenu plus de 90 % des voix, laissant peu de marge pour le reste.

Seulement 40 jours nous séparent du premier tour du 25 octobre et tout semble indiquer qu’il n’y aura pas de changements majeurs dans la situation politique.  Après les Primaires Scioli et le kirchnerisme ont eu quelques problèmes avec les inondations[1] et le scandale lors de l’élection de Tucumán[2] (question qui peut les apporter de nouveaux maux de tête), mais le PRO (le parti de Macri) a également eu des mauvaises nouvelles avec les affaires de corruption entre le gouvernement de la Capitale Federale, dirigé par le PRO, et Niembro, [premier candidat à député pour le PRO pour la Province de Buenos Aires].

Rien de tout cela ne suffit pour faire bouger la situation politique, dans un contexte où l’élément central est « la calme » qui existe au niveau de la lutte de classes. Nous traversons cette période pré-électorale avec un gouvernement qui semble avoir contrôlé la transition; bien qu’il soit clair qu’il « abuse » de la période de grâce que lui a donné la bourgeoisie dans son ensemble pour implémenter les mesures qui viendront avec le nouveau gouvernement, réussissant ainsi à gérer des variables économiques que comme le dollar, l’inflation ou le déficit budgétaire, commencent à dérailler; ce sera le prochain gouvernement celui qui sera responsable d’effectuer l’ajustement économique inévitable.

La bourgeoisie et l’impérialisme sont relativement tranquilles, parce qu’ils savent que, quel que soit le vainqueur, il vient « soigner » l’économie. Bien que les candidats continuent à parler de généralités dans leurs discours face à la population, dans les coulisses, dans les réunions avec les syndicats patronaux, les conseillers économiques enlèvent leurs masques et récitent plus ou moins le même discours promettant de mettre en place l’ajustement économique; ils se diffèrent seulement par le rythme et la profondeur de celui-ci.

Dans ce contexte, la responsabilité de la gauche révolutionnaire est redoublée, puisque nous avons besoin non seulement d’une réponse électorale « tout court »: nous devons aussi profiter de la campagne électorale pour répondre aux tâches stratégiques du mouvement ouvrier et de son avant-garde combative pour faire face à l’ajustement à venir, et pour faire en sorte que progresse, dans le développement de ces luttes, la conscience politique de la classe ouvrière (par exemple, une rencontre ouvrière pour organiser l’activisme est à l’ordre du jour).

Dans ce sens, bien qu’il soit correct de dénoncer Scioli, Macri et Massa comme les candidats de l’ajustement et d’appeler les travailleurs à voter pour le FIT pour gagner encore plus de députés dans tout le pays pour les mettre au service des luttes du travailleurs et du peuple, dans le Nouveau MAS nous considérons que ceci n’est pas suffisant : il faut dépasser le discours purement « électoraliste » ou « syndicaliste de gauche », fragmentaire, caractéristique du FIT, et profiter du poids électoral obtenu pour enrichir une campagne électorale dont le profil doit être plus décidément socialiste, comme nous l’avons proposé l’année dernière.

Autrement dit, une campagne qui pose comme préoccupation centrale l’idée que la classe ouvrière doit être l’acteur, le sujet d’une transformation sociale qui aille au-delà de toutes les variantes et les gouvernements capitalistes comme les K, Massa, Scioli, Macri, ou tout autre et qui se place du point de vue que, stratégiquement, la classe ouvrière est celle qui doit gouverner (en incluant dans la campagne, un programme de revendications transitoires qui pourrait « se nouer » sous la forme d’un programme économique des travailleurs).

Le message de la gauche révolutionnaire devrait insister sur le fait qu’aucune solution ne peut arriver en en dehors de son propre protagonisme, de dehors de ses luttes, en attendant que quelqu’un lui apporte la « solution » à ses problèmes (il ne faut pas oublier que c’était historiquement ce qu’on attendait du péronisme): la solution ne peut venir que de son action à partir des luttes quotidiennes en les élevant  au niveau politique à travers ses organisations et ses partis.

Le Nouveau MAS a obtenu plus de 100 000 voix pour une alternative de claire opposition lutte de classe contre le gouvernement, qui ne mélange pas ses drapeaux avec l’opposition de droite, qui ne tait pas ses critiquer gouvernement pour faire un meilleur score électoral ; cette conquête nous met face à une énorme responsabilité face à notre militantisme et à ceux qui nous ont accompagnés avec leur voix.

Après les élections, nous avons reçu de nombreuses expressions de sympathie et de soutien à notre campagne, même de la part de camarades qui sympathisent avec le FIT, avec l’affirmation que « il n’y a aucune raison pour que le Nouveau MAS  ne soit pas le bienvenu au FIT ».

Pour le moment le FIT n’a rien dit sur cette question, malgré le fait que ces manifestations unitaires ont été exprimées dans des larges secteurs de l’avant-garde; le FIT a relancé sa campagne en vue du premier tour sans changements majeurs, considérant « qu’il est une obligation pour toute la gauche » de soutenir le FIT, en essayant de gagner les voix des listes qui ont été exclues de l’élections générale [comme le Nouveau MAS, qui n’a pas dépassé le seuil anti-démocratique de 1,5%], mais sans faire même pas un appel pour discuter une campagne en commun.

Notre parti prendra le temps nécessaire pour prendre une position sur cette question. Mais d’ores et déjà, nous pouvons anticiper que le précédant immédiat est que dans l’élection de 2011 et 2013, nous avons appelé publiquement à voter de manière critique pour le FIT, malgré les divergences politiques que nous séparions de celui-ci et de sa tentative discutable d’utiliser la loi électorale antidémocratique pour régler les rapports de forces avec notre organisation.

En tout cas, étant donné que nos responsabilités (celles des membres du FIT et de notre parti) augmenteront dans la conjoncture qui vient, nous croyons qu’une méthode saine, de principes et démocratique pour avancer dans les définitions des deux parties, est de réaliser une réunion entre la direction du FIT et celle du Nouveau MAS pour échanger nos points de vue afin de préciser le type de campagne qu’ils feront , la possibilité d’établir de relations unitaires entre nos organisations qui donne lieu à une convergence électorale future et, sur cette base, avoir des éléments en main pour définir une position finale.

Esperando una respuesta favorable que no es solo la de nuestra militancia sino la de amplios sectores de la vanguardia y los votantes de la izquierda, les enviamos un fraternal abrazo revolucionario.

En attente d’une réponse favorable qui n’est pas attendue que par nos militants mais aussi par de larges secteurs de l’avant-garde et des votants de la gauche révolutionnaire, nous vous envoyons une fraternelle salutation révolutionnaire.

Comité Exécutif du Nouveau MAS,  16 septembre 2015

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[1] Du fait de pluies très intenses dans la Province de Buenos Aires et du manque d’infraestructure pour faire face à une telle situation, des énormes inondations ont eu lieu après les Elections Primaires, avec des maisons détruites, des blessés et des évacuations, détériorant l’image du candidat Scioli, gouverneur de cette Province.

[2] Lors des élections de la province Tucuman, l’opposition de droite a dénoncé un supposé fraude de la part du kirchnerisme et des mobilisations fortement réprimées ont eu lieu à ce sujet.

Comité Exécutif du Nouveau MAS, 16 septembre 2015

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