Oct - 25 - 2015

« Hitler ne voulait pas exterminer les juifs à cette époque [novembre 1941], il voulait les expulser » (Benjamín Netanyahu, premier ministre d’Israël, prenant la parole au 27ème congrès sioniste).

Ce qui vient de se passer semblerait ridicule si ce n’était pas l’expression distillée du caractère génocidaire par rapport à la population palestinienne qui est caractéristique de l’état d’Israël.

Son premier ministre, Benjamin Netanyahu vient de déclarer, il y a quelques heures, et face à un « Congrès Sioniste », que ce ne serait pas Hitler celui qui a décidé la « Solution Finale » de la population juive de l’Europe, mais que c’est le Mufti de Jérusalem, Haj Amin Al – Husseini qui l’a poussé à faire cela, un acquittement scandaleux du nazisme qui ne résiste pas à l’évidence historique.

En réalité, croyez-le ou pas, la surprise ne devrait pas être si grande, parce que des membres du même parti du premier ministre (ou de son gouvernement de coalition), ont déclaré en d’autres occasions qu’Israël « devrait faire comme Hitler » et exterminer d’une fois pour toutes le peuple palestinien.

Tel qu’on l’a mentionné, ce que ces énoncés expriment c’est, paradoxalement, le caractère génocidaire de l’état d’Israël ; le fait qu’il ait été fondé sur la base de l’expulsion et l’oppression de la population originaire de Palestine. Un peuple palestinien qui, malgré tout, depuis  1948 et jusqu’au présent, se bat, comme cela semble s’exprimer maintenant dans l’émergence d’une troisième Intifada.

De là donc, ces déclarations odieuses, qui pratiquement exonèrent Hitler et le nazisme du génocide juif, peut-être le plus immense crime contre l’humanité de l’histoire, et qui prétendent que l’auteur du génocide contre les juifs aurait été une autorité palestinienne de Jérusalem de ces années.

Il est vrai comme résultat de la démagogie d’Adolf Hitler sur certaines nationalités opprimées du « tiers monde » pendant la Seconde Guerre Mondiale, des personnages comme le Mufti ont « flirté » avec le nazisme (arrivant à faire des aberrations telles comme la mise en place d’une division musulmane croate pour lutter contre la guérilla communiste de Tito en Yougoslavie).

Mais ne pas reconnaître à Haj Amin Al – Husseini comme une autorité du peuple palestinien (que cela nous plaise ou pas, il l’a été) et, encore plus, lui rendre responsable de la « Solution Finale », est un scandale qui ne peut qu’exprimer, nous insistons, le vrai caractère de nettoyage ethnique de l’Etat d’Israel.

La vérité historique

Mais arrêtons-nous maintenant, sommairement, sur la vérité historique des événements qui ont entouré la « Solution Finale ». On sait que le plan de l’extermination finale du judaïsme en Europe de l’Est (de plus en plus étendu ensuite au reste de l’Europe), a été décidé dans la célèbre « Conférence de Wannsee » au début de 1942.

Plusieurs analystes ont souligné que cette« Solution Finale» a été décidé en fonction des besoins non seulement idéologiques mais surtout : du fait que la guerre dans le « Front de l’Est » devenait interminable et, en même temps, il n’y avait pas d’endroits pour déplacer la population juive « excédentaire », il a été décidé tout simplement de l’éliminer.

C’est à partir de là qu’on été mis en place les camps d’extermination (différenciés des camps de concentration, a priori pas spécifiquement dédiés à l’extermination de ses détenus), les chambres à gaz et les fours crématoires.

Des historiens du nazisme sérieux comme Kershaw signalent aussi que le virage ouvertement  génocidaire du nazisme s’est approfondi au fur et à mesure qu’il commence à perdre la guerre. En vérité, toute la campagne de Russie, l’Opération Barberouge a été planifiée dès le départ comme une guerre d’une nature nouvelle, non conventionnelle, mais contre-révolutionnaire et d’extermination.

L’avancée de la Wehrmacht vers l’Est a été suivie de près par les sinistres Eitzangruppen, qui n’étaient rien d’autre que des groupes responsables de l’assassinat en masse des commissaires politiques de l’Armée Rouge, des juifs, des tziganes et de la population slave en général.

Ces groupes génocidaires ont conduit des massacres d’une ampleur incommensurable, tels que le massacre de Babi Yar (Ukraine), lorsque dans les journées du 29 et 30 septembre 1941 (avant qu’Hitler rencontre le Mufti!) ils ont tué 35.000 personnes.

Cependant, ces méthodes n’étaient pas suffisantes pour éliminer une population de millions d’êtres humains. C’est pourquoi, dans la « Conférence de Wannsee » une méthode plus rationnelle d’extermination a été décidée: le massacre industrialisé des camps d’extermination.

Le génocide a eu son climax durant les années 1942, 1943 et 1944, avec en 1944 la tragédie du peuple juif en Hongrie et en Roumanie, où ont été exterminés près de 500.000 personnes quelques mois avant la fin de la guerre.

Cela dit, il n’en est pas moins vrai que, en tant que figure bourgeoise qu’il était, le Mufti de Jérusalem a essayé de faire des accords avec Hitler et qu’il a collaboré avec la mise en place d’une division des SS composé de musulmans croates qui ont massacré des populations et qui ont combattu les guérillas communistes de Tito.

Dans tous les cas, les autorités de l’Etat d’Israël devraient faire attention à leurs crimes d’aujourd’hui contre le peuple palestinien et, en outre, arrêter de cacher la responsabilité sinistre des autorités juives que dans toute l’Europe occupée par les nazis, ont collaboré avec ceux-ci (à quelques exceptions près!), en recensant, en réunissant dans des ghettos et en déportant dans les camps d’extermination la majorité de la population juive dont ils étaient responsables…

Il s’agit d’une vérité historique prouvée; de la même façon qu’ont été prouvées les responsabilités des nazis dans les camps d’extermination que le renouvelé « négationnisme » du premier ministre israélien veut méconnaitre.

Les scandaleuses déclarations de Netanyahu, en tout cas, ne sont qu’un exemple encore du vrai caractère génocidaire de l’Etat d’Israël, dont les autorités arrivent même à « pardonner » le nazisme pour légitimer leur oppression du peuple palestinien.

Par Luis Bermúdez, Socialisme ou Barbarie, 22/10/15

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