Ene - 22 - 2017

Si la prise de fonction de Donald Trump a été marquée par les mobilisations les plus importantes que l’on a connues pendant une cérémonie d’un président des États-Unis, sa première journée au gouvernement n’a pas été plus tranquille. Avec une mobilisation d’un demi-million de personnes, comparable seulement aux mobilisations contre la guerre du Vietnam, la Marche des Femmes a envoyé un clair message de rejet et de résistance au nouveau président impérialiste.

Cependant, le contenu de la manifestation, bien que marquée fortement par les revendications des gens et contre l’homophobie, a excédé ce domaine et a exprimé presque toutes les questions importantes pour les exploités et les opprimés, avec un dénominateur politique commun : le rejet de Donald Trump et de tout ce qu’il représente en tant que milliardaire, xénophobe, sexiste et rétrograde.

Le couronnement de Trump comme régent de la principale puissance économique et militaire du monde est la confirmation d’une tendance à droite dans le monde entier, qui s’est exprimée dans le Brexit et dans la poussée électorale de la droite conservatrice et nationaliste en Europe et dans les gouvernements de Macri et de Temer en Argentine et au Brésil, pour n’en citer que quelques exemples. Cette confirmation, illustrée dans un personnage aussi grotesque et réactionnaire que Trump, explique non seulement l’immense afflux de manifestants de partout dans les États-Unis et des pays voisins qui sont venus manifestes à Washington, mais aussi la longue liste de « mobilisations jumelles » que la Women’s March a connu, avec des marches et des manifestations qui ont eu lieu dans toutes les régions du monde.

Cela explique aussi comment, malgré les tentatives des organisatrices -de nette influence démocrate- d’annuler la mobilisation à la dernière minute pour éviter que les choses ne leur échappent, l’énorme rassemblement réuni aux alentours du Capitole avait déjà débordée les organisatrices et avançait par l’Avenue de Pennsylvanie, vers la Trump Tower et la Maison Blanche. La même Avenue par laquelle a défilé hier le président Donald Trump.

Femmes, hommes, américains, immigrés, noirs, blancs, travailleurs et professionnels se sont mobilisés dans les rues de Washington, en reprenant les chants les uns des autres et, dans bien de cas, en faisant leurs premières expériences dans la lutte politique dans les rues. La combativité et la morale de la mobilisation s’est exprimée dans des chansons comme « ¿Whose streets?/ Our Streets!”, “Show me what democracy looks like/ This is what democracy look like!” o “My body, my choice/ Her body her choice » [« La rue elle est à qui? Elle est à nous ! », « La vraie démocratie est ici », « Mon corps, mon choix »]. Elle s’est exprimé dans les slogans énormément progressifs de solidarité, de protestation et de lutte qui s’exprimaient dans les pancartes et dans le climat en général que l’on vivait dans la rue.

Lorsque la mobilisation a commencé spontanément à prendre les rues et à remplir les patios postérieurs à la Maison Blanche elle est devenue une force imparable, peut-être parce qu’un tel débordement n’était pas prévu. Ce n’est qu’après une heure que la police a réussi finalement à scinder la mobilisation en deux, en créant une brèche au milieu du parc, et en essayant de faire disperser la mobilisation sans incidents, qui auraient eu résultat incertain pour les deux côtés. Après ceci et pendant plusieurs heures les gens ont continué à circuler par cette brèche, en sa remplaçant spontanément et en maintenant une masse critique des gens qui chantaient de tout cœur contre Trump, son viceprésident Pence et contre le système et l’oppresion.

Seulement plusieurs heures plus tard la mobilisation a commencé à se disperser, en laissant toutes les pancartes sur les grilles autour de la Maison-Blanche, réussissant à couvrir une grande partie d’entre-elles. La nuit tombée, un groupe d’autour de 120 personnes continuait à chanter derrière la Maison-Blanche, auquel s’est joint un autre groupe de 250 personnes qui venaient de se rassembler devant la Trump Tower. Finalement, autour de 20 heures, ce rassemblement a commencé à se mobiliser et a pris les rues 13 et K, où avait eu lieu les affrontements la veille et où était en train de se dérouler un festival avec des concerts.

Trump est le premier président qui arrive au gouvernement des États-Unis avec une mobilisation autant au niveau national qu’international d’une aussi grande envergure. Il s’agit du premier round dans la résistance contre ses politiques réactionnaires, et une leçon de solidarité internationale qui doit s’approfondir pour mener la bagarre contre cette droite nationaliste et rétrograde qui monte partout dans le monde et qui donnera lieu à des plus grandes tensions et affrontements des classes.

Mais si Trump est la réaction par la droite au consensus néolibéral pro globalisation, les mouvements que nous avons connus ces derniers jours sont la réaction par la gauche à Trump, ce qui exprime des éléments très progressifs et beaucoup de potentialités, mais aussi beaucoup de limites à surmonter : il y a une énorme confiance aux États-Unis envers Obama (il a 60% d’image positive selon les dernières sondages) et envers les Démocrates comme une possible alternative pour vaincre Trump…mais dans quatre ans ! Il y a aussi beaucoup d’illusions dans un possible ‘impeachment’ de la part du Congrès pour arrêter Trump avant les prochaines présidentielles, dans un scénario où la gauche révolutionnaire est faible et fragmentaire.

Ceci s’est exprimé dans la constante décentralisation de mobilisation et des protestations, dans les quelques actions radicalisées mais très minoritaires et scindées du mouvement plus général, et dans des actions très massives mais qui s’arrêtaient à peine ils voyaient un policier.

Pour triompher, c’est-à-dire, pour vaincre Trump, ce mouvement doit non seulement continuer à faire une expérience dans les luttes quotidiennes (qui sans doute auront lieu), mais aussi apprendre de l’expérience de la classe ouvrière, ses luttes, ses méthodes et en particulier de ses éléments les plus avancés, révolutionnaires et de gagner la classe ouvrière pour la bataille contre Trump. Ce mouvement qui est en train de naître doit tirer la conclusion qu’il faut affronter Trump non pas en tant que « nation », avec le Parti Démocate, complice de son gouvernement que ce soit à travers Obama ou même Bernie Sanders, ou avec le Parti Vert, mais en tant que classe, avec les travailleurs, les femmes et la jeunesse de toutes les couleurs, les races et les nationalités auxquelles le nouveau président a déclaré la guerre.

Depuis Washington, correspondant pour Socialisme ou Barbarie

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